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ÉGLISE SAINT-GERMAIN-L’AUXERROIS

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L’une des plus vieilles églises de France, Saint-Germain-l’Auxerrois, fut, dit-on, bâtie par Chilpéric Ier en l’honneur de saint Germain de Paris, dont le corps devait y être et n’y fut jamais transporté. Cette église, sous les rois de la première race, s’appela toujours Saint-Germain, et non Saint-Germain-l’Auxerrois. Elle fut plus tard surnommée le Rond, Teres à cause de sa forme circulaire, peut-être aussi pour qu’on la distinguât d’autres églises du nom de Saint-Germain, comme il arriva vers le commencement du Xe siècle. Le roi Robert II rebâtit cette église que les Normands avait ruinée, et l’appela Saint-Germain-l’Auxerrois, de peur qu’elle ne fût confondue avec l’abbaye Saint-Vincent et Sainte-Croix qui avait pris ce nom de Saint-Germain; son véritable patron serait donc saint Germain de Paris.

SAINT-GERMAIN-L’AUXERROIS


Saint-Germain s’appelait église Paroissiale et Royale. Paroissiale, parce qu’elle fut dans l’origine la paroisse d’une bonne moitié de Paris; Royale, parce qu’elle avait été bâtie, rebâtie ou restaurée par des rois. Et ce dernier titre lui fut confirmé par les souverains qui, les premiers, habitèrent le Louvre.

L’édifice était, il est toujours, d’un style noble et délicat. L’avant-portique qui précède le grand portail ne fut construit qu’en 1409, sous Charles VII, par un maçon, tailleur de pierres, Jean Gaurel. L’ouvrage coûta, dit-on, neuf cents livres. On l’a très justement admiré. Il donne à Saint-Germain-l’Auxerrois un caractère d’hospitalité en quelque sorte intime. Ces porches ouverts, bien qu’entourés de grilles, étaient l’église sans être dans l’église: ils n’étaient pas, pour le temple chrétien, un ornement d’architecture comme dans les temples du paganisme, ils représentaient un principe religieux; c’était là qu’attendaient les catéchumènes avant d’avoir acquis le titre de chrétiens et d’être admis dans le sanctuaire. C’était là, entre la rue et le tabernacle, que les pénitents publics faisaient publiquement amende honorable.

Cette église de Saint-Germain-l’Auxerrois a vu passer de bien illustres personnages, se dérouler de bien tragiques événements. Et, sous ses dalles, ont reposé tant de célébrités, que les Parisiens conservent pour cette petite église une sorte de tendresse et de vénération filiales: son histoire est liée étroitement à celle du Louvre, c’est-à-dire à l’histoire même de la France; chacun sait que son tocsin sonna, par ordre de l’impatiente Catherine, le signal de la Saint-Barthélemy. Dans le cloître de cette église, une maison habitée par Gabrielle d’Estrées reçut bien souvent les visites mystérieuses de Henri IV, et vit mourir bien subitement cette belle Gabrielle que tout Paris vint visiter, exposée dans son manteau de satin blanc, sur un lit de parade de velours cramoisi rehaussé de dentelle d’argent et d’or.

Et le malheureux Concini, maréchal d’Ancre, tué sur le pont-levis du Louvre, avait été secrètement enterré sous l’orgue de Saint-Germain, lorsque la populace acharnée enfonça les portes de l’église, brisa les dalles et en arracha le cadavre pour le pendre à plusieurs gibets, puis le traîner en lambeaux par les rues et le brûler dans Paris.

Sous ces mêmes dalles ont reposé plusieurs chanceliers de France et Malherbe, père de la poésie française, Guy Patin, Claude Melan, le fameux graveur, Dacier et sa femme la savante Anna Fabri, les peintres, dessinateurs, sculpteurs illustres, Sarrazin, Coysevox, Coypel, Jacques Stella; Le Mercier, architecte, auteur du grand vestibule du Louvre, du Palais-Cardinal, de Saint-Roch et du Val-de-Grâce; Levau, qui construisit les pavillons de Flore et de Marsan, les châteaux de Vaux et du Raincy; d’Orbay, qui restaura le Louvre et bâtit les Invalides.

Paris sous Louis XIV : monuments et vues

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