Читать книгу Paris sous Louis XIV : monuments et vues - Auguste Maquet - Страница 27

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Cet hôtel, on nommait ainsi les palais royaux avant Louis XII, fut contemporain du Louvre, et participe à toutes les obscurités de son histoire. Il était depuis le XIII^e siècle la résidence des ducs de Bourbon, et fut réparé, agrandi chaque fois que se réparait ou s’agrandissait le Louvre, son voisin. C’était une somptueuse demeure, dont il nous a été légué d’intéressants souvenirs. Sauvai, qui en vit les restes, déclare que cet hôtel devait avoir été l’une des plus vastes et magnifiques résidences du royaume, témoins, dit-il, «la chapelle, la galerie et la salle qui se voient encore (1660). La galerie était dorée à profusion, et couverte de peintures. La salle, continue l’historien, est sans contredit la plus haute, la plus large et la plus longue qui soit en France, car elle a trente-cinq toises de longueur, dix-huit pas de largeur, et la couverture de son comble s’élève aussi haut que celles de Saint-Eustache et de Saint-Germain.» Ce fut l’habitation du connétable duc de Bourbon, avant qu’il désertât le service de François Ier, son maître, pour aider Charles-Quint contre la France. Il avait, comme on le sait, été poussé à cet acte désespéré de félonie par les persécutions trop intéressées de Louise de Savoie; mais il n’est rien qui puisse justifier une trahison.

L’HOTEL. DU PETIT-BOURBON

Le connétable ayant été tué sous les murs de Rome, son procès lui fut fait à Paris, et d’après la teneur de l’arrêt qui le condamnait comme traître, rebelle et convaincu de lèse-majesté, son hôtel, en 1527, fut en partie démoli, les tours rasées, les armoiries et écussons effacés ou rompus, et les toitures, portes et fenêtres, barbouillées, selon l’usage, par la main du bourreau, de cette couleur d’ocre jaune dont l’exécuteur des œuvres de justice brossait la maison des traîtres; «une couleur jaune de si bonne trempe ajoute Sauvai, que plus d’un siècle n’a pas réussi à l’effacer.»

La Grande-Salle, dont nous venons de parler, servit à l’assemblée des États du royaume en 1614 et 1615. On l’employait fréquemment pour des fêtes, des ballets, et des réunions de réjouissances. On y dressa enfin un théâtre sur lequel venaient s’exercer à danser les princes et la jeunesse brillante de la Cour; Louis XIV lui-même y parut parmi les danseurs. Cette salle était connue sous le nom de théâtre du Petit-Bourbon, et fut accordée, en 1658, à Molière qui arrivait de province avec sa troupe. Il débuta le 3 novembre par l’Étourdi et le Dépit amoureux; mais l’entreprise ne prospérant pas, les comédiens abandonnèrent cette salle au bout de deux ans, et le théâtre fut démoli. On utilisa ce qui restait debout de l’hôtel du Petit-Bourbon: le rez-de-chaussée fut affecté aux écuries de la reine, et l’on installa dans les autres corps-de-logis les meubles, tapisseries, armes, armures et objets d’art précieux appartenant à la couronne. Le Petit-Bourbon s’appela dès lors: Garde-meubles du roi, servit presque un siècle à cet usage, et fut démoli entièrement pour dégager les alentours du Louvre.

Ce quatrième quartier comprenait:

3 carrefours: de la Croix-du-Tiroir, où se font les exécutions à mort, de l’École, des Trois-Maries; 2 chapelles: des Orfèvres et de Saint-Louis (dans le Louvre); 3 chapitres et 3 cloîtres: de Saint-Germain-l’Auxerrois, de Saint-Honoré, de Saint-Nicolas-du-Louvre; le château du Louvre, comprenant 7 académies; 2 communautés: de l’Oratoire, des sœurs de la Charité ; 2 fontaines; 1 garde-meuble du roi (Petit-Bourbon); 2 hôtels des monnaies: l’un rue de la Monnaie, l’autre rue du Petit-Bourbon; 4 hôtels considérables: de Créquy, du Petit-Bourbon, du trésorier de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, de Sourdis; 2 juridictions: du grand Conseil, de la Garenne dans le Louvre; 1 paroisse: Saint-Germain-l’Auxerrois; 2 places: de l’École, des Trois-Maries; 4 ports: de l’École, au Foin, au Blé, de Saint-Nicolas; 3 quais: Bourbon, de l’École, du Louvre; 752 maisons; 192 lanternes.