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LE COUVENT DES FEUILLANTS

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En 1586, Jean de la Barrière, abbé de Feuillants, près Toulouse, établit, dans son monastère de l’ordre de Cîteaux, une réforme tellement sévère, qu’après lui on fut obligé de la mitiger. Ceux qui embrassèrent ce nouvel institut, approuvé par Sixte-Quint, prirent le nom de Feuillants. Le roi Henri III édifié par l’austérité de ces religieux, voulut les rapprocher de lui, et manda l’abbé Jean de la Barrière à Paris, où cette pieuse colonie, composée de soixante-deux moines, se rendit de Toulouse, à pied, en continuelle procession. Partis le 16 juin 1587, ils arrivèrent à Vincennes le 9 juillet. Le roi, cependant, leur avait fait bâtir et préparer avec une promptitude et une magnificence toutes royales un couvent, près des Tuileries; ils s’y installèrent, et comme ils n’avaient pas d’église, ils s’en firent construire une du produit des nombreuses aumônes que leur valut le jubilé universel. Henri IV leur avait accordé une station tellement avantageuse qu’ils recueillirent plus d’argent qu’il n’en fallait pour la dépense de leur bâtiment. Cette église fut achevée en 1601, et Louis XIII en commanda le portail, en 1624, à Mansart, dont cet ouvrage fut le coup d’essai. L’illustre architecte fut souvent mieux inspiré dans la suite, et les dessins qui nous restent de l’église des Feuillants ne commandent qu’une admiration modérée. Cette petite église renferma deux morts illustres: l’un, Louis de Marillac, maréchal de France, que Richelieu, dont il ne faisait pas bon d’encourir l’inimitié, fit ou laissa condamner à mort et exécuter en Grève, le 10 mai 1632. On lui reprochait des exactions dans son gouvernement, et cependant il mourait presque pauvre. On dit que Condé passant un jour près de la modeste maison de campagne du malheureux maréchal: «Quoi! dit-il, ce n’est que cela! Cela ne valait pas la peine de fouetter un chat.» Et l’opinion générale était bien de l’avis de Condé. Mais Marillac, très dévoué à la reine mère Marie de Médicis, ennemie jurée de Richelieu, avait conseillé et obtenu la disgrâce du ministre, lequel n’oubliait jamais une injure, et, devenu maître des affaires après la fameuse journée des dupes, fit aussitôt rechercher et juger les actes administratifs du maréchal. Le parlement l’avait absous; une commission, choisie par Richelieu, le condamna à la majorité d’une voix. Il eut la tête tranchée sur un échafaud dressé exprès au bas du perron de l’Hôtel-de-Ville. On lui faisait cette grâce de n’avoir pas à monter en charrette comme un criminel vulgaire.

ÉGLISE DU COUVENT DES FEUILLANTS


Sa mémoire paraît avoir été réhabilitée par arrêt du parlement. Son épitaphe, protestation courageuse, placée sur le tombeau où il fut renfermé avec sa femme, le déclare innocent et victime. Cette femme du maréchal de Marillac était de la famille des Médicis, fille de Cosme, alliée par conséquent à la reine, et mourut peu de mois avant le maréchal, du chagrin et des angoisses que lui causa le procès de son mari.

Dans une autre chapelle des Feuillants était la sépulture du prince lorrain, comte d’Harcourt, grand homme de guerre; celui qu’admirait Condé, lequel pourtant fit sur lui ce couplet pendant la Fronde:

Cet homme gros et court

Si connu dans l’histoire,

Le grand comte d’Harcourt

Tout rayonnant de gloire,

Qui secourut Casal et qui reprit Turin,

Est maintenant recors de Jules Mazarin.

La grande porte des Feuillants, rue Saint-Honoré, faisait face à la place des Conquêtes (place Vendôme) et avait pour point de vue la statue équestre de Louis le Grand.

Paris sous Louis XIV : monuments et vues

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