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LE COURS-LA-REINE

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En 1600, le jardin des Tuileries n’était qu’une sorte de parc, pèle-mêle de bosquets, de champs et de bâtiments plus ou moins modestes; Henri IV l’avait créé, mais non réglé ; c’était tout un travail à faire aussitôt que la paix et les finances permettraient à un Le Nôtre de compléter l’œuvre de Catherine de Médicis. Mais au delà des Tuileries, la nature régnait dans toute son indépendance. Cet état dura longtemps, car même après les magnifiques travaux de Louis XIV, on voyait, à l’issue du jardin des Tuileries, un égout traverser toute la largeur de la place vide, et, bordant une rue appelée: des Fossés-des-Tuileries, s’étendait un immense terrain nommé le Magasin-des-Marbres. C’était, en effet, l’entrepôt de tous ces marbres, tant français qu’étrangers, dont le Louvre et les Tuileries avaient enrichi leurs décorations.

La reine Marie de Médicis, «qui aimait la magnificence,» ne trouvant de ce côté — les Champs-Elysées n’étaient qu’un désert — aucun lieu de promenade digne de tant de palais, désigna, en 1616, la partie inculte et inutile qui s’étendait des Tuileries à Chaillot, le long de la rivière, fit aligner le terrain sur une longueur d’environ 1,600 pas, et planter, de quatre rangées d’ormes, une promenade qui se trouva composée de trois allées larges ensemble de 120 pieds. Dans celle du milieu, destinée aux voitures, six carrosses pouvaient facilement passer de front.

LE COURS-LA-REINE


Cette belle promenade, la première de ce goût et de ce confortable qu’on eût vue à Paris, reliait heureusement le Louvre, les Tuileries et les charmants villages de la banlieue jusqu’à Saint-Cloud. Elle fut adoptée avec enthousiasme, et s’appela le Cours-la-Reine. C’était bien réellement la promenade de la reine, qui la parcourait fréquemment à cheval ou en carrosse, avec sa cour, et lorsqu’il lui plaisait, l’interdisait au public, fermée qu’elle était à ses extrémités par deux belles portes avec grilles, et sur les côtés par des fossés.

Qui avait inspiré l’idée de cette création à Marie de Médicis, grande dame de peu d’imagination et que la Galigaï, sa favorite, appelait dans ses méchantes humeurs: la Balorda? Peut-être le voisinage d’une maison sur le bord de l’eau, à l’extrémité du Cours-la-Reine, ancienne propriété qui, de Catherine de Médicis, avait passé à Marie, et que celle-ci recherchait comme but de promenade. Peut-être fut-ce un conseil de Bassompierre, grand ami de cette reine, à laquelle il avait le privilège de tout dire. Ce fin et délié courtisan convoitait précisément la maison des deux Médicis, isolée, un peu perdue, et il aura pensé que la création d’une grande promenade y aboutissant en égaierait le séjour, et doublerait la valeur. Il avait tant d’esprit, Bassompierre! Toujours est-il que son rêve se réalisa plus tard, et qu’il succéda, dans cette maison, à Marie de Médicis. Par malheur, il lui fallait contenir, à grands frais, chaque hiver, la Seine débordant sur sa propriété. Tout n’est pas joie en ce monde.

Vers 1630, il la prêtait parfois, pour le distraire, au cardinal de Richelieu, son ami. Mais son ami l’ayant fait mettre à la Bastille, où il resta douze ans, cette maison lui devint inutile: après sa mort elle fut à vendre, et achetée, en 1651, par Henriette de France, la veuve infortunée de Charles Ier, pour les filles de la Visitation de Sainte-Marie, qui, reconnaissantes, conservèrent, dans leur chapelle, le cœur de cette reine morte à Colombes, en 1669, et celui de son fils Jacques II, roi de la Grande-Bretagne, mort en exil comme sa mère.

Paris sous Louis XIV : monuments et vues

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