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IV

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La revue rétrospective des œuvres de la céramique, que les nécessités de ce travail m’ont obligé d’entreprendre, a eu pour résultat de ma faire vivement regretter qu’on ait mis jusqu’ici si peu d’empressement à former, dans les collections publiques, des suites chronologiques de nos poteries, faïenceries, porcelaineries et verreries. Elles fourniraient pourtant des renseignements très utiles au point de vue de l’histoire générale et à celui de la théorie et de la pratique de l’art de terre. Un homme dévoué à la science, M. Riocreux, consacre depuis longtemps tous ses soins au musée de Sèvres, qu’il a créé ; mais la subvention, qu’on lui distribue d’une main parcimonieuse, ne saurait lui permettre d’arriver complètement au but patriotique qu’il se propose. Le Louvre, l’hôtel Cluny, les musées de Rouen et de Nevers, sont également entrés dans cette voie, sans y apporter cependant la même unité de vues. Certes, je suis des premiers à applaudir aux nombreuses acquisitions faites, depuis quelques années, dans les séries grecques, étrusques, italiennes, péruviennes ou chinoises. Rien dans l’univers n’est étranger à la France; mais je voudrais qu’on ne négligeât pas tant ce qui nous vient d’elle. L’entrée à l’hôtel Cluny de la collection Le Véel témoigne déjà d’une amélioration dans les tendances. Si l’on sait profiter des autres occasions qui se présenteront désormais, nous pourrons montrer enfin, avec une juste fierté, que nos potiers et nos verriers ont eu un sentiment artistique tout aussi original et tout aussi fin que ceux de n’importe quelle autre partie de l’Europe. Il faut se hâter, du reste, de saisir au passage les pièces de choix qui n’ont pas encore franchi la frontière. Le nombre des collections particulières non dispersées, les seules où nos musées puissent glaner, diminue chaque jour. Formées dans des conditions qui ne se présenteront plus, parce que les sources où l’on a puisé sont taries, elles renferment à peu près le seul contingent disponible. Où trouver, par exemple, une série de verres, sortis sans exception du sol de la Gaule romaine, comparable à celle de M. J. Charvet, antiquaire à Paris? Patiemment composée des plus beaux et des plus rares échantillons découverts depuis le commencement du siècle, et réunis un à un, elle renferme, à l’heure qu’il est, trois cents vases de toutes formes et de toutes nuances. La plupart des provinces sont représentées dans cette belle suite, sauf peut-être la Bretagne et le Poitou, qui ne se sont pas, jusqu’ici, dépouillés de leurs trésors en sa faveur. Le contingent d’Arles seul atteint le chiffre de plus de cent pièces d’un intérêt considérable. Ceux d’Orange, de Vaizon, de Vienne, de Clermont, Toulouse, Mâcon, Amiens, Beauvais, Metz, Liège, etc., sont également d’une importance extrême. Tous ces vases ont l’avantage de posséder leurs extraits de naissance, et peuvent ainsi fournir les éléments d’une excellente étude historique et industrielle. M. Charvet a réuni, en même temps, quelques fort beaux verres venus de Grèce, d’Asie, d’Egypte et d’Italie, destinés à servir de termes de comparaison avec les œuvres des ouvriers romano-gaulois contemporains. Quelques autres cabinets contiennent pareillement des raretés de premier ordre, que nos musées ne devront pas laisser aller à l’étranger.

L'art de terre chez les Poitevins

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