Читать книгу Les prisons de Paris sous la Révolution - Charles-Aimé Dauban - Страница 9
CARON DE BEAUMARCHAIS.
ОглавлениеAvant d’entrer dans les prisons, nous devons montrer à l’œuvre la justice révolutionnaire; non pas cette justice plus ou moins régulière, qui fonctionne dans les tribunaux en fondant ses arrêts sur des textes, mais la justice irrégulière, bien autrement terrible, qui dicte ses volontés aux juges et aux jurés. En temps de révolution, la loi vivante, c’est le peuple; loi mobile, agitée, violente, contradictoire, comme les passions et les impressions populaires.
La tyrannie démagogique avait essayé en 1792 une hiérarchie. Son conseil suprême fut, après le 10 août, le comité insurrectionnel siégeant à l’hôtel de ville, celui qui fit place, après le 2 juin 1793, au fameux conseil de la Commune, le véritable maître de Paris, et, par Paris, de la Convention, par la Convention, de la France. Sous son inspiration fonctionnaient les comités de sections, les comités révolutionnaires, liés les uns aux autres comme les mailles d’un immense filet étendu sur la nation.
En dehors de cette savante organisation, la multitude a des élans qui lui sont propres, et tantôt par un mouvement spontané, tantôt docile instrument, sans le savoir, d’une action plus ou moins occulte, elle se fait justice elle-même, selon son expression favorite.
Beaumarchais faillit l’éprouver: il a raconté ses infortunes ou plutôt ses terreurs dans une lettre curieuse écrite à sa fille. Nous la reproduisons.
On verra que le citoyen Beaumarchais en fut quitte pour la peur. Les choses auraient-elles pu aller plus loin?
Certainement, si ses contemporains avaient su tout ce que nous savons. Nous n’écrivons pas une biographie; nous nous contentons de rapporter un épisode qui est à notre connaissance particulière, et qui concerne une individualité dont l’existence a été racontée par plusieurs historiens.