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Les formes des supports de Beni-Hassan résultent du mode de travail de la pierre et de l’imitation des poteaux ligneux. — Preuves de ce fait. — Les colonnes lapidaires reproduisent aussi des formes antérieurement données aux colonnes ligneuses et métalliques. — Ce principe d’imitation se perpétue.

La forme de l’antique support de Gyzeh résultant naturellement de l’emploi du marteau, de la règle et de l’équerre, il semble qu’on en doive demander le principe au mode de travail de la pierre, aucune autre origine ne pouvant primer celle-là.

Le mode de travail assigne à l’architecte des limites qu’il ne saurait impunément franchir et empreint déjà l’œuvre d’art d’un caractère particulier.

On ne peut s’empêcher de remarquer pourtant l’analogie qui existe entre le support quadrangulaire et les poteaux simulés sur les parois des sarcophages (F. I et II). Jusqu’ici cette similitude n’a rien d’extraordinaire; car, malgré les différences de nature, le bois et la pierre reçoivent des formes élémentaires déterminées par la mise en œuvre de moyens à peu près identiques: ce sont principalement les modes de réunion de chacun de ces matériaux qui diffèrent.

Mais on est bientôt amené à faire la même remarque sur les formes secondaires qui ont modifié le pilier, et on en reconnaît l’analogie avec les formes secondaires des colonnes ligneuses de la IVe dynastie; c’est-à-dire, les surfaces longues et étroites, pans ou cannelures, qui divisent le fût, se rencontrent sur celles-ci comme sur celui-là. Et le caractère intentionnel de ces rapports acquiert une certaine vraisemblance par ce fait, que l’architrave des tombes de Beni-Hassan est surmontée d’une rangée de formes saillantes, dans lesquelles l’imitation de la construction, en bois, des solives ne peut être méconnue.


Les premières colonnes canoniques justifient complètement ces présomptions: ici le doute n’est plus possible.

C’est uniquement au système des supports en bois et en métal que l’architecte demande des moyens expressifs: il emprunte la forme générale et les formes particulières de la colonne, à laquelle de nouvelles proportions sont imposées par les conditions de l’emploi de la matière. De léger, le fût devient massif; mais, en dépit du caractère géométrique, les éléments principaux de la modénature sont identiques à ceux d’après lesquels ont été exécutées les colonnes de la Ve dynastie (4235-3950) (F. XL). C’est en assemblant et en représentant en bas-relief quatre de ces supports, que l’artiste a composé la colonne lapidaire. L’imitation est flagrante.

Disons, pour lever tous les doutes, que, lorsque la colonne eut atteint un entier développement, elle ne reçut pas d’autres formes que celles des divers types primitifs reproduits dans les peintures et les bas-reliefs.

Des caractères analogues à ceux du chapiteau campaniforme de Karnak se rencontrent dans les plus anciennes représentations d’édicules, sous les IVe et Ve dynasties (F. XLI), et postérieurement à la XVIIIe dynastie (1703-1461).

Mieux encore, dans la période grecque, sous les Lagides, les chapiteaux qui couronnent certaines colonnes imitent autant que les matériaux granitiques le permettent, les chapiteaux invraisemblables des premières dynasties .


Les colonnes métalliques même, dont nous avons reconnu l’existence, imposent une forme à la colonne de pierre. Les soutiens de la partie la plus reculée du palais de Karnak, qui date de Thouthmès III, en sont une preuve (F. XLII). On y lit nettement les caractères d’un support métallique: la finesse et le peu d’extension du chapiteau, si intimement lié au fût qu’il en paraît le prolongement. Ces particularités montrent l’imitation d’un type grêle et l’emploi de formes qui appartiennent au métal dès la plus haute antiquité (fig. XLIII).


Quelque extraordinaire que puisse paraître la préoccupation de l’artiste, de reproduire des types archaïques empruntés de l’architecture légère, et quelles qu’aient été ses raisons, il est incontestable que les formes principales et secondaires, ou ornementales, de la colonne, dérivent, en principe, d’un système de construction en bois et en métal.

Histoire critique des origines et de la formation des ordres grecs

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