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VERCELLI
Оглавление1er juin.
Nous avons franchi le Pô, absolument comme s’il s’était agi du pont des Arts, le Mincio des académiciens en herbe. Vers le milieu de la journée, nous déjeunions à Vercelli, que les journaux s’obstinent à écrire Verceil. Pourquoi Verceil, s’il vous plaît? ne sauriez-vous prononcer Vercelli? C’est une mauvaise habitude que nous avons de franciser les noms propres. Nous disons Chekspire, ce qui est bien, et nous disons Biron, ce qui est mal, et de plus, illogique. Francisons, empruntons, traduisons, arrangeons ce qui nous semble bon à prendre dans les langues étrangères, j’en suis d’accord, puisque la nôtre, étant la plus claire et la mieux définie, est destinée à devenir universelle; mais les noms propres ont une signification particulière, une couleur, et pour ainsi dire une physionomie. Ils devraient être inviolables, excepté les noms allemands.
Après avoir bien déjeuné, nous sommes allés voir les huit canons autrichiens, qui ont l’air de nous tourner le dos, et de là, prendre le café.
Vercelli est, comme Casale, une ville de 20,000 habitants, mais elle est loin d’avoir sa physionomie. Je commençais à m’y plaire. Depuis deux heures, je rêvais les délices de Capoue, et un palais, comme la veille, lorsque l’ordre arriva de monter à cheval pour aller coucher dans un village qui s’appelle Borgo- Vercelli. Je comprends la légende du juif errant. La peste des villages.