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VIII

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A cet endroit de sa lecture, Hélène s’arrêta et pâlit. Sans remarquer que ce discours amoureux était un peu trop emphatique pour être bien senti, elle ne vit que ces deux noms unis qui venaient de la frapper comme la foudre: Paul et Virginie!

La lettre finissait là et il n’y avait pas de signature... Elle ne revenait pas de son étonnement. Etait-il possible que cette lettre fût de Virginie? Elle chercha à confronter les écritures, mais elle était peu experte en ce genre.

Cependant, l’écriture ne lui parut pas être celle de son amie. Mais, Virginie aussi pouvait bien l’avoir déguisée. Et comme l’imagination est prompte à se tourmenter, elle finit par y trouver quelque ressemblance. Et, se rappelant la froideur de son mari, elle dut croire que c’était elle qui la causait, car elle était déjà venue passer quelques jours près d’eux depuis leur mariage.

Et, bien qu’elle se fût dit plus haut que la froideur de Paul devait lui importer peu, au fond elle se sentait déjà toute malheureuse à l’idée qu’il pût en aimer une autre.

Intérieurement, elle accablait Virginie de reproches. Virginie, une amie d’enfance, à qui elle avait encore écrit la veille une lettre tou affectueuse en la priant de venir la voir! Quelle déloyauté ! quelle perfidie!..

Puis, ne pouvant croire à tant de bassesse, elle rejetait cette accusation. Car madame Darnilly avait une âme haute et loyale, et n’admettait pas facilement le mal.

C’est qu’il est si pénible de se voir trahi par ceux qu’on aime!

La lettre n’était pas signée, et une autre, pensait-elle, bien qu’elle ne portât pas ce nom, avait pu dire également: Aimez-moi comme Paul aimait sa Virginie.

Ces raisonnements, toutefois, ne parvenaient pas à la convaincre. Car, dans cette lettre, elle retrouvait le style de son amie.

C’était cet enjouement d’esprit qu’elle lui connaissait. Et puis, il lui vint une autre idée:

Les lettres qu’elle recevait d’elle étaient peut-être écrites à l’intention de son mari; car il lui semblait voir dans la dernière, qu’elle relut, que c’était aussi cette coquetterie d’une femme qui cherche à plaire; cela excitait encore son dépit. Elle ressentait plus vivement l’offense et sa peine était plus amère, son amour propre plus cruellement froissé.

Elle avait envie d’écrire à Virginie de ne pas venir, mais le devait-elle? Cela pouvait lui paraître bien extraordinaire, car il n’était pas certain que cette lettre fût d’elle. Paul faisait de fréquents voyages, et il avait pu s’attacher à une personne inconnue d’elle.

Ce qui ajoutait à ses tourments, c’est qu’elle n’avait même pas le droit de se plaindre: ce qui arrivait là était un peu sa faute. N’était-ce pas elle qui avait défendu à son mari de l’aimer d’amour?

Lui en parler eût été avouer qu’elle avait violé le secret de la boîte, et Hélène était fière; elle aima mieux se taire et souffrir.

Une mariée de seize ans

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