Читать книгу La Querelle d'Homère dans la presse des Lumières - David D. Reitsam - Страница 27
3.2 Anne Dacier, une femme exceptionnelle
ОглавлениеModeste, douce, intéressée plus par les nouvelles galantes ou les romans que par les chefs d’œuvre des auteurs gréco-latins. Ainsi les contributeurs au Nouveau Mercure galant présentent-ils les femmes ordinaires de leur temps et précisent-ils qu’Anne Dacier ne correspond guère à cette image1. Néanmoins, les historiens littéraires n’en sont pas restés là. Dans ses Querelles littéraires, Simon-Augustin Irailh, Simon-AugustinIrailh parle longuement de la Querelle d’Homère. Il y décrit l’érudite et sa réplique à Houdar de La Motte de la façon suivante :
Cette contrariété de jugement produisit le livre de la Corruption du goût, ouvrage dicté lui-même par le mauvais goût, par la prévention, le fiel & la haine. Que de grossièretés, que de termes injurieux à chaque page ! Ceux de ridicule, d’impertinence, de témérité aveugle, d’ignorance, de folie, d’absurdité [soulignés dans l’original], reviennent continuellement. L’auteur, dans son livre, est une femme des halles en furie. Ce qu’il y a de moins choquant pour La Mothe, c’est le reproche qu’on lui fait d’ignorer le Grec, & d’avoir composé des opéra [sic]2.
Irailh, Simon-AugustinIrailh va droit au fait et attaque violemment Anne Dacier. Il ne fut point le seul. Selon Éliane Itti, qui décrit l’Ancienne comme modeste3, les Modernes semblent développer une véritable stratégie de communication qui vise à abaisser la renommée de la traductrice d’Homère4 et Itti s’interroge « d’où provient alors l’épithète ‘injurieuse’, accolée systématiquement à Madame Dacier comme une étiquette5 » ce que Nadine Gelas considère comme une stratégie polémique efficace6. Il paraît donc légitime d’étudier par la suite de manière plus poussée la présentation de Madame Dacier dans le Nouveau Mercure galant : dans quelle mesure a-t-il contribué à cette campagne contre la savante décrite par Itti ? Et enfin, il nous faudra encore nous interroger sur les motivations des Modernes qui ne cessent de s’en prendre à la savante.