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ОглавлениеODELETTE
Si j'ai parlé
De mon amour, c'est à l'eau lente
Qui m'écoute quand je me penche
Sur elle; si j'ai parlé
De mon amour, c'est au vent
Qui rit et cuchote entre les branches;
Si j'ai parlé de mon amour, c'est à l'oiseau
Qui passe et chante
Avec le vent;
Si j'ai parlè
C'est a l'écho.
Si j'ai aimé de grand amour,
Triste ou joyeux,
Ce sont tes yeux;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce fut ta bouche grave et douce,
Ce fut ta bouche;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce furent ta chair tiède et tes mains fraîches,
Et c'est ton ombre que je cherche.
He has joined himself to the painters of contemporary things in:
L'ACCUEIL
Tous deux étaient beaux de corps et de visages,
L'air francs et sages
Avec un clair sourire dans les yeux,
Et, devant eux,
Debout en leur jeunesse svelte et prompte,
Je me sentais courbé et j'avais presque honte
D'être si vieux.
Les ans
Sont lourds aux épaules et pèsent
Aux plus fortes
De tout le poids des heures mortes,
Les ans
Sont durs, et brève
La vie et l'on a vite des cheveux blancs;
Et j'ai déjà vécu beaucoup de jours.
Les ans sont lourds. …
Et tous deux me regardaient, surpris de voir
Celui qu'ils croyaient autre en leur pensée
Se lever pour les recevoir
Vêtu de bure et le front nu
Et non pas, comme en leur pensée,
Drapé de pourpre et lauré d'or.
Et je leur dis: "Soyez tous deux les bienvenus."
Ce fut alors
Que je leur dis:
"Mes fils, quoi, vous avez monté la côte
Sous ce soleil cuisant d'août
Jusqu'à ma maison haute,
O vous
Qu'attend là-bas peut-être, au terme du chemin
Le salut amoureux de quelque blanche main!
Si vous avez pour moi allongé votre route
Peut-être, au moins mes chants vous auront-ils aidés,
De leurs rythmes présents en vos mémoires,
A marcher d'un jeune pas scandé
Je n'ai jamais désiré d'autre gloire
Sinon que les vers du poète
Plussent à la voix qui les répète.
Si les miens vous ont plu: merci,
Car c'est pour cela que, chantant
Mon rêve, après l'avoir conçu en mon esprit,
Depuis vingt ans,
J'habite ici."
Et, d'un geste, je leur montrai la chambre vide
Avec son mur de pierre et sa lampe d'argile
Et le lit où je dors et le sol où, du pied,
Je frappe pour apprendre au vers estropié
A marcher droit, et le calame de roseau
Dont la pointe subtile aide à fixer le mot
Sur la tablette lisse et couverte de cire
Dont la divine odeur la retient et l'attire
Et le fait, dans la strophe en fleurs qu'il ensoleille,
Mystérieusement vibrer comme une abeille.
Et je repris:
"Mes fils,
Les ans
Sont lourds aux épaules et pèsent
Aux plus fortes
De tout le poids des heures mortes.
Les ans
Sont durs, la vie est brève
Et l'on a vite des cheveux blancs,
Si quelque jour,
En revenant d'où vous allez,
Vous rencontriez sur cette même route,
Entre les orges et les blés,
Des gens en troupe
Montant ici avec des palmes à la main,
Dites-vous bien
Que si vous les suiviez vous ne me verriez pas
Comme aujourd'hui debout en ma robe de laine
Qui se troue a l'épaule et se déchire au bras,
Mais drapé de pourpre hautaine
Peut-être—et mort
Et lauré d'or!"
Je leur ai dit cela, pour qu'ils le sachent,
Car ils sont beaux tous deux de corps et de visages,
L'air francs et sages
Avec un clair sourire aux yeux,
Parce qu'en eux
Peut-être vit quelque désir de gloire,
Je leur ai parlé ainsi pour qu'ils sachent
Ce qu'est la gloire,
Ce qu'elle donne,
Ce qu'il faut croire
De son vain jeu,
Et que son dur laurier ne pose sa couronne
Que sur le front inerte et qui n'est plus qu'un peu
Déjà d'argile humaine où vient de vivre un Dieu.
Here we have the modern tone in De Régnier. My own feeling at the moment is that his hellenics, his verse on classical and ancient subjects, is likely to be overshadowed by that of Samain and Heredia. I have doubts whether his books will hold against the Cléopatra sonnets, or if he has equaled, in this vein, the poem beginning "Mon âme est une infante en robe de parade." But in the lyric odelette, and in this last given poem in particular, we find him leading perhaps onward toward Vildrac, and toward a style which might be the basis for a certain manner F.M. Hueffer has used in English vers libre, rather than remembering the Parnassiens.