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TRISTAN CORBIERE

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(1841–1875)

Corbière seems to me the greatest poet of the period. "La Rapsode Foraine et le Pardon de Sainte-Anne" is, to my mind, beyond all comment. He first published in '73, remained practically unknown until Verlaine's essay in '84, and was hardly known to "the public" until the Messein edition of his work in '91.

LA RAPSODE FORAINE ET LE PARDON DE SAINTE-ANNE


La Palud, 27 août, jour du Pardon.


Bénite est l'infertile plage

Où, comme la mer, tout est nud.

Sainte est la chapelle sauvage

De Sainte-Anne-de-la-Palud. …


De la Bonne Femme Sainte Anne,

Grand'tante du petit Jésus,

En bois pourri dans sa soutane

Riche … plus riche que Crésus!


Contre elle la petite Vierge,

Fuseau frêle, attend l'Angélus; Au coin, Joseph, tenant son cierge, Niche, en saint qu'on ne fête plus … C'est le Pardon.—Liesse et mystères— Déjà l'herbe rase a des poux. … Sainte Anne, Onguent des belles-mères! Consolation des époux! Des paroisses environnantes: De Plougastel et Loc-Tudy, Ils viennent tous planter leurs tentes, Trois nuits, trois jours—jusqu'au lundi. Trois jours, trois nuits, la palud grogne, Selon l'antique rituel, —Chœur séraphique et chant d'ivrogne— LE CANTIQUE SPIRITUEL. Mère taillée à coups de hache, Tout cœur de chêne dur et bon; Sous l'or de ta robe se cache L'âme en pièce d'un franc Breton! —Vieille verte à la face usée Comme la pierre du torrent, Par des larmes d'amour creusée, Séchée avec des pleurs de sang … —Toi, dont la mamelle tarie S'est refait, pour avoir porté La Virginité de Marie, Une mâle virginité! —Servante-maîtresse altière, Très haute devant le Très-Haut; Au pauvre monde, pas fière, Dame pleine de comme-il-faut! —Bâton des aveugles! Béquille Des vieilles! Bras des nouveau-nés! Mère de madame ta fille! Parente des abandonnés! —O Fleur de la pucelle neuve! Fruit de l'épouse au sein grossi! Reposoir de la femme veuve … Et du veuf Dame-de-merci! —Arche de Joachim! Aïeule! Médaille de cuivre effacé! Gui sacré! Trèfle quatre-feuille! Mont d'Horeb! Souche de Jessé! —O toi qui recouvrais la cendre, Qui filais comme on fait chez nous, Quand le soir venait à descendre, Tenant l'ENFANT sur tes genoux; Toi qui fus là, seule, pour faire Son maillot à Bethléem, Et là, pour coudre son suaire Douloureux, à Jérusalem! … Des croix profondes sont tes rides, Tes cheveux sont blancs comme fils. … —Préserve des regards arides Le berceau de nos petits-fils. … Fais venir et conserve en joie Ceux à naître et ceux qui sont nés, Et verse, sans que Dieu te voie, L'eau de tes yeux sur les damnés! Reprends dans leur chemise blanche Les petits qui sont en langueur. … Rappelle à l'éternel Dimanche Les vieux qui traînent en longueur: —Dragon-gardien de la Vierge, Garde la crèche sous ton œil. Que, près de toi, Joseph-concierge Garde la propreté du seuil! Prends pitié de la fille-mère, Du petit au bord du chemin. … Si quelqu'un leur jette la pierre, Que la pierre se change en pain! —Dame bonne en mer et sur terre, Montre-nous le ciel et le port, Dans la tempête ou dans la guerre. … O Fanal de la bonne mort! Humble: à tes pieds n'as point d'étoile, Humble … et brave pour protéger! Dans la nue apparaît ton voile, Pâle auréole du danger. —Aux perdus dont la vie est grise, (—Sauf respect—perdus de boisson) Montre le clocher de l'église Et le chemin de la maison. Prête ta douce et chaste flamme Aux chrétiens qui sont ici. … Ton remède de bonne femme Pour tes bêtes-à-corne aussi! Montre à nos femmes et servantes L'ouvrage et la fécondité. … —Le bonjour aux âmes parentes Qui sont bien dans l'éternité! —Nous mettrons un cordon de cire, De cire-vierge jaune autour De ta chapelle et ferons dire Ta messe basse au point du jour. Préserve notre cheminée Des sorts et du monde malin. … A Pâques te sera donnée Une quenouille avec du lin. Si nos corps sont puants sur terre, Ta grâce est un bain de santé; Répands sur nous, au cimetière, Ta bonne odeur de sainteté. —A l'an prochain!—Voici ton cierge: (C'est deux livres qu'il a coûté) . … Respects à Madame la Vierge, Sans oublier la Trinité. … Et les fidèles, en chemise, Sainte Anne, ayez pitié de nous! Font trois fois le tour de l'église En se traînant sur leurs genoux, Et boivent l'eau miraculeuse Où les Job teigneux ont lavé Leur nudité contagieuse. … Allez: la Foi vous a sauvé! C'est là que tiennent leurs cénacles Les pauvres, frères de Jésus. —Ce n'est pas la cour des miracles, Les trous sont vrais: Vide latus! Sont-ils pas divins sur leurs claies Qu'auréole un nimbe vermeil Ces propriétaires de plaies, Rubis vivants sous le soleil! … En aboyant, un rachitique Secoue un moignon désossé, Coudoyant un épileptique Qui travaille dans un fossé. Là, ce tronc d'homme où croit l'ulcère, Contre un tronc d'arbre où croît le gui, Ici, c'est la fille et la mère Dansant la danse de Saint-Guy. Cet autre pare le cautère De son petit enfant malsain: —L'enfant se doit a son vieux père. … —Et le chancre est un gagne-pain! Là, c'est l'idiot de naissance, Un visité par Gabriel, Dans l'extase de l'innocence. … —L'innocent est (tout) près du ciel!— —Tiens, passant, regarde: tout passe. L'œil de l'idiot est resté. Car il est en état de grâce. … —Et la Grâce est l'Eternite!— Parmi les autres, après vêpre, Qui sont d'eau bénite arrosés, Un cadavre, vivant de lèpre, Fleurit, souvenir des croisés. … Puis tous ceux que les Rois de France Guérissaient d'un toucher de doigts. … —Mais la France n'a plus de Rois, Et leur dieu suspend sa clémence. * * * * * * * Une forme humaine qui beugle Contre le calvaire se tient; C'est comme une moitié d'aveugle: Elle est borgne et n'a pas de chien. … C'est une rapsode foraine Qui donne aux gens pour un liard L' Istoyre de la Magdalayne, Du Juif Errant ou d'Abaylar. Elle hâle comme une plainte, Comme une plainte de la faim. Et, longue comme un jour sans pain, Lamentablement, sa complainte. … —Ça chante comme ça respire, Triste oiseau sans plume et sans nid Vaguant où son instinct l'attire: Autour des Bon-Dieu de granit. … Ça peut parler aussi, sans doute, Ça peut penser comme ça voit: Toujours devant soi la grand'route. … —Et, quand c'a deux sous, ça les boit. —Femme: on dirait, hélas!—sa nippe Lui pend, ficelée en jupon; Sa dent noire serre une pipe Eteinte. … Oh, la vie a du bon!— Son nom. … ça se nomme Misère. Ça s'est trouvé né par hasard. Ça sera trouvé mort par terre. … La même chose—quelque part. Si tu la rencontres, Poète, Avec son vieux sac de soldat: C'est notre sœur … donne—c'est fête— Pour sa pipe, un peu de tabac! … Tu verras dans sa face creuse Se creuser, comme dans du bois, Un sourire; et sa main galeuse Te faire un vrai signe de croix. (Les Amours Jaunes.)

It is not long since a "strong, silent" American, who had been spending a year or so in Paris, complained to me that "all French poetry smelt of talcum powder." He did not specifically mention Corbière; who, with perhaps a few dozen other French poets, may have been outside the scope of his research. Corbière came also to "Paris."

I


Bâtard de Créole et Breton,

Il vint aussi là—fourmilière,

Bazar où rien n'est en pierre,

Où le soleil manque de ton.


—Courage! On fait queue. … Un planton

Vous pousse à la chaîne—derrière!—

—Incendie éteint, sans lumière;

Des seaux passent, vides ou non.—


Là, sa pauvre Muse pucelle

Fit le trottoir en demoiselle. Ils disaient: Qu'est-ce qu'elle vend? —Rien.—Elle restait là, stupide, N'entendant pas sonner le vide Et regardant passer le vent. … II Là: vivre à coups de fouet!—passer En fiacre, en correctionnelle; Repasser à la ritournelle, Se dépasser, et trépasser!— —Non, petit, il faut commencer Par être grand—simple ficelle— Pauvre: remuer l'or à la pelle; Obscur: un nom à tout casser! … Le coller chez les mastroquets, Et l'apprendre à des perroquets Qui le chantent ou qui le sifflent— —Musique!—C'est le paradis Des mahomets ou des houris, Des dieux souteneurs qui se giflent!

People, at least some of them, think more highly of his Breton subjects than of the Parisian, but I can not see that he loses force on leaving the sea-board; for example, his "Frère et Sœur Jumeaux" seems to me "by the same hand" and rather better than his "Roscoff." His language does not need any particular subject matter, or prefer one to another. "Mannequin idéal, tête-de-turc du leurre," "Fille de marbre, en rut!", "Je voudrais être chien à une fille publique" are all, with a constant emission of equally vigorous phrases, to be found in the city poems. At his weakest he is touched with the style of his time, i.e., he falls into a phrase à la Hugo—but seldom. And he is conscious of the will to break from this manner, and is the first, I think, to satirize it, or at least the first to hurl anything as apt and violent as "garde nationale épique" or "inventeur de la larme écrite" at the Romantico-rhetorico and the sentimento-romantico of Hugo and Lamartine. His nearest kinships in our period are to Gautier and Laforgue, though it is Villon whom most by life and temperament he must be said to resemble.

Laforgue was, for four or five years, "reader" to the ex-Kaiser's mama; he escaped and died of la misère. Corbière had, I believe, but one level of poverty.

Un beau jour—quel métier!—je faisais, comme ça

Ma croisière.—Métier! … —Enfin. Elle passa.

—Elle qui—La Passante! Elle, avec son ombrelle!

Vrai valet de bourreau, je la frôlai. … —mais Elle

Me regarda tout bas, souriant en dessous,

Et—me tendit sa main, et. …

m'a donné deux sous.


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