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LAURENT TAILHADE
Оглавление1854–1919
Tailhade's satires seem rough if one come upon them straight from reading Laforgue; and Laforgue will seem, and is presumably, the greatly finer artist; but one should not fail to note certain definite differences. Laforgue is criticizing, and conveying a mood. He is more or less literary, playing with words. Tailhade is painting contemporary Paris, with verve. His eye is on the thing itself. He has, au fond, not very much in common with Laforgue. He was born six years before Laforgue and in the same year as Rimbaud. Their temperaments are by no means identical. I do not know whether Tailhade wrote "Hydrotherapie" before Rimbaud had done "Les Chercheuses." Rimbaud in that poem identifies himself more or less with the child and its feeling. Tailhade is detached. I do not say this as praise of either one or the other. I am only trying to keep things distinct.
HYDROTHERAPIE
Le vieux monsieur, pour prendre une douche ascendante,
A couronné son chef d'un casque d'hidalgo
Qui, malgré sa bedaine ample et son lumbago,
Lui donne un certain air de famine avec Dante.
Ainsi ses membres gourds et sa vertebre à point
Traversent l'appareil des tuyaux et des lances,
Tandis que des masseurs, tout gonflés d'insolences,
Frottent au gant de crin son dos où l'acné point.
Oh! l'eau froide! la bonne et rare panacée
Qui, seule, raffermit la charpente lassée
Et le protoplasma des sénateurs pesants!
Voici que, dans la rue, au sortir de sa douche,
Le vieux monsieur qu'on sait un magistrat farouche
Tient des propos grivois aux filles de douze ans.
QUARTIER LATIN
Dans le bar où jamais le parfum des brévas
Ne dissipa l'odeur de vomi qui la navre
Triomphent les appas de la mère Cadavre
Dont le nom est fameux jusque chez les Howas.
Brune, elle fut jadis vantée entre les brunes,
Tant que son souvenir au Vaux-Hall est resté.
Et c'est toujours avec beaucoup de dignité
Qu'elle rince le zinc et détaille les prunes.
A ces causes, son cabaret s'emplit le soir,
De futurs avoués, trop heureux de surseoir
Quelque temps à l'étude inepte des Digestes, Des Valaques, des riverains du fleuve Amoor S'acoquinent avec des potards indigestes Qui s'y viennent former aux choses de l'amour.
RUS
Ce qui fait que l'ancien bandagiste renie
Le comptoir dont le faste alléchait les passants,
C'est son jardin d'Auteuil où, veufs de tout encens,
Les zinnias ont l'air d'être en tôle vernie.
C'est là qu'il vient, le soir, goûter l'air aromal
Et, dans sa rocking-chair, en veston de flanelle,
Aspirer les senteurs qu'épanchent sur Grenelle
Les fabriques de suif et de noir animal.
Bien que libre-penseur et franc-maçon, il juge
Le dieu propice qui lui donna ce refuge
Où se meurt un cyprin emmy la pièce d'eau,
Où, dans la tour mauresque aux lanternes chinoises,
—Tout en lui préparant du sirop de framboises—
Sa "demoiselle" chante un couplet de Nadaud.
From this beneficent treatment of the amiable burgess; from this perfectly poetic inclusion of modernity, this unrhetorical inclusion of the factories in the vicinity of Grenelle (inclusion quite different from the allegorical presentation of workmen's trousers in sculpture, and the grandiloquent theorizing about the socialistic up-lift or down-pull of smoke and machinery), Tailhade can move to personal satire, a personal satire impersonalized by its glaze and its finish.
RONDEL
Dans les cafés d'adolescents
Moréas cause avec Frémine:
L'un, d'un parfait cuistre a la mine,
L'autre beugle des contre-sens.
Rien ne sort moins de chez Classens
Que le linge de ces bramines.
Dans les cafés d'adolescents,
Moréas cause avec Frémine.
Désagrégeant son albumine,
La Tailhède offre quelque encens:
Maurras leur invente Commine
Et ça fait roter les passants,
Dans les cafés d'adolescents.
But perhaps the most characteristic phase of Tailhade is in his pictures of the bourgeoisie. Here is one depicted with all Tailhadian serenity. Note also the opulence of his vocables.
DINER CHAMPETRE
Entre les sièges ou des garçons volontaires
Entassent leurs chalants parmi les boulingrins,
La famille Feyssard, avec des airs sereins,
Discute longuement les tables solitaires.
La demoiselle a mis un chapeau rouge vif
Dont s'honore le bon faiseur de sa commune,
Et madame Feyssard, un peu hommasse et brune,
Porte une robe loutre avec des reflets d'if.
Enfin ils sont assis! Or le père commande
Des écrevisses, du potage au lait d'amande,
Toutes choses dont il rêvait depuis longtemps.
Et, dans le ciel couleur de turquoises fanées,
Il voit les songes bleus qu'en ses esprits flottant
A fait naître l'ampleur des truites saumonées.
All through this introduction I am giving the sort of French poem least likely to have been worn smooth for us; I mean the kind of poem least represented in English. Landor and Swinburne have, I think, forestalled Tailhade's hellenic poems in our affections. There are also his ballades to be considered.