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FRANCIS JAMMES
Оглавление(born 1868)
The bulk of Jammes' unsparable poetry is perhaps larger than that of any man still living in France. The three first books of poems, and "Le Triomphe de la Vie" containing "Existences," the more than "Spoon River" of France, must contain about six hundred pages worth reading. "Existences" can not be rendered in snippets. It is not a series of poems, but the canvass of a whole small town or half city, unique, inimitable and "to the life," full of verve. Only those who have read it and "L'Angelus de l'Aube," can appreciate the full tragedy of Jammes' débâcle. Paul Fort had what his friends boasted as "tone," and he has diluted himself with topicalities; in Jammes' case it is more charitable to suppose some organic malady, some definite softening of the brain, for he seems perfectly simple and naive in his débâcle. It may be, in both cases, that the organisms have broken beneath the strain of modern existence. But the artist has no business to break.
Let us begin with Jammes' earlier work:
J'aime l'âne si doux
marchant le long des houx.
Il prend garde aux abeilles
et bouge ses oreilles;
et il porte les pauvres
et des sacs remplis d'orge.
Il va, près des fosses
d'un petit pas cassé.
Mon amie le croit bête
parce qu'il est poète.
Il réfléchit toujours,
Ses yeux sont en velours.
Jeune fille au doux cœur
tu n'as pas sa douceur.
* * * * * *
The fault is the fault, or danger, which Dante has labeled "muliebria"; of its excess Jammes has since perished. But the poem to the donkey can, in certain moods, please one. In other moods the playful simplicity, at least in excess, is almost infuriating. He runs so close to sentimentalizing—when he does not fall into that puddle—that there are numerous excuses for those who refuse him altogether. "J'allai à Lourdes" has pathos. Compare it with Corbière's "St. Anne" and the decadence is apparent; it is indeed a sort of half-way house between the barbaric Breton religion and the ultimate deliquescence of French Catholicism in Claudel, who (as I think it is James Stephens has said) "is merely lying on his back kicking his heels in it."
J' ALLAI A LOURDES
J'allai à Lourdes par le chemin de fer,
le long du gave qui est bleu comme l'air.
Au soleil les montagnes semblaient d'étain.
Et l'on chantait: sauvez! sauvez! dans le train,
Il y avait un monde fou, exalté,
plein de poussière et du soleil d'été.
Des malheureux avec le ventre en avant
étendaient leurs bras, priaient en les tordant.
Et dans une chaire où était du drap bleu,
un prêtre disait: "un chapelet à Dieu!"
Et un groupe de femmes, parfois, passait,
qui chantait: sauvez! sauvez! sauvez! sauvez!
Et la procession chantait. Les drapeaux
se penchaient avec leurs devises en or.
Le soleil était blanc sur les escaliers
dans l'air bleu, sur les cloches déchiquetées.
Mais sur un brancard, portée par ses parents,
son pauvre père tête nue et priant,
et ses frères qui disaient: "ainsi soit-il,"
une jeune fille sur le point de mourir.
Oh! qu'elle était belle! elle avait dix-huit ans
et elle souriait; elle était en blanc.
Et la procession chantait. Des drapeaux
se penchaient avec leurs devises en or.
Moi je serrais les dents pour ne pas pleurer,
et cette fille, je me sentais l'aimer.
Oh! elle m'a regardé un grand moment,
une rose blanche en main, souriant.
Mais maintenant où es-tu? dis, où es-tu,
Es-tu morte? je t'aime, toi qui m'as vu.
Si tu existes, Dieu, ne la tue pas,
elle avait des mains blanches, de minces bras.
Dieu ne la tue pas!—et ne serait-ce que
pour son père nu-tête qui priait Dieu.
Jammes goes to pieces on such adjectives as "pauvre" and "petite," just as De Régnier slips on "cher," "aimée" and "tiède"; and in their train flock the herd whose ad jectival centre appears to waver from "nue" to "frémis sante." And there is, in many French poets, a fatal proclivity to fuss just a little too much over their subjects. Jammes has also the furniture tendency, and to it we owe several of his quite charming poems. However the strongest impression I get to-day, reading his work in inverse order (i.e. "Jean de Noarrieu" before these earlier poems), is of the very great stylistic advance made in that poem over his earlier work.
But he is very successful in saying all there was to be said in:—
LA JEUNE FILLE
La jeune fille est blanche,
elle a des veines vertes
au poignets, dans ses manches
ouvertes.
On ne sait pas pourquoi
elle rit. Par moments
elle crie et cela
est percant.
Est-ce qu'elle se doute
qu'elle vous prend le cœur
en cueillant sur la route
des fleurs.
On dirait quelquefois
qu'elle comprend des choses.
Pas toujours. Elle cause
tout bas
"Oh! ma chère! oh! là, là …
… Figure-toi … mardi
je l'ai vu … j'ai ri"—Elle dit
comme ça.
Quand un jeune homme souffre,
d'abord elle se tait:
elle ne rit plus, tout
étonnée.
Dans les petits chemins
elle remplit ses mains
de piquants de bruyères
de fougères.
Elle est grande, elle est blanche,
elle a des bras très doux,
Elle est très droite et penche
le cou.
The poem beginning:
Tu seras nue dans le salon aux vieilles choses,
fine comme un fuseau de roseau de lumière
et, les jambes croisées, auprès du feu rose
tu écouteras l'hiver
loses, perhaps, or gains little by comparison with that of Heinrich von Morungen, beginning:
Oh weh, soll mir nun nimmermehr
hell leuchten durch die Nacht
noch weisser denn ein Schnee
ihr Leib so wohl gemacht?
Der trog die Augen mein,
ich wähnt, es sollte sein
des lichten Monden Schein,
da tagte es.
Morungen had had no occasion to say "Je pense à Jean-Jacques," and it is foolish, to expect exactly the same charm of a twentieth-century poet that we find in a thirteenth-century poet. Still it is not necessary to be Jammes-crazy to feel
IL VA NEIGER. …
Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens
de l'an dernier. Je me souviens de mes tristesses
au coin du feu. Si l'on m'avait demandé: qu'est-ce?
j'aurais dit: laissez-moi tranquille. Ce n'est rien.
J'ai bien réfléchi, l'année avant, dans ma chambre,
pendant que la neige lourde tombait dehors.
J'ai réfléchi pour rien. A présent comme alors
je fume une pipe en bois avec un bout d'ambre.
Ma vieille commode en chêne sent toujours bon.
Mais moi j'étais bête parce que ces choses
ne pouvaient pas changer et que c'est une pose
de vouloir chasser les choses que nous savons.
Pourquoi donc pensons-nous et parlons-nous? C'est drôle;
nos larmes et nos baisers, eux, ne parlent pas,
et cependant nous les comprenons, et les pas
d'un ami sont plus doux que de douces paroles.
* * * * * * * *
If I at all rightly understand the words "vouloir chasser les choses que nous savons" they are an excellent warning against the pose of simplicity over-done that has been the end of Maeterlinck, and of how many other poets whose poetic machinery consists in so great part of pretending to know less than they do.
Jammes' poems are well represented in Miss Lowell's dilutation on Six French Poets, especially by the well-known "Amsterdam" and "Madame de Warens," which are also in Van Bever and Léautaud. He reaches, as I have said, his greatest verve in "Existences" in the volume "Le Triomphe de la Vie."
I do not wish to speak in superlatives, but "Existences," if not Jammes' best work, and if not the most important single volume by any living French poet, either of which it well may be, is at any rate indispensable. It is one of the first half dozen books that a man wanting to know contemporary French work must in-dulge in. One can not represent it in snippets. Still I quote "Le Poète" (his remarks at a provincial soirée):
Cest drôle. … Cette petite sera bête
comme ces gens-là, comme son père et sa mère.
Et cependant elle a une grâce infinie.
Il y a en elle l'lntelligence de la beauté.
C'est délicieux, son corsage qui n'existe pas,
son derrière et ses pieds. Mais elle sera bête
comme une oie dans deux ans d'ici. Elle va jouer.
(Benette joue la valse des elfes)
In an earlier scene we have a good example of his rapidity in narrative.
La Servante
Il y a quelqu'un qui veut parler à monsieur.
Le Poète
Qui est-ce?
La Servante
Je ne sais pas.
Le Poète
Un homme ou une femme?
La Servante
Un homme.
Poète
Un commis-voyageur, Vous me le foutez belle!
La Servante
Je ne sais pas, monsieur.
Poète
Faites entrer au salon.
Laissez-moi achever d'achever ces cerises.
(Next Scene)
Le Poète (dans son salon)
A qui ai-je l'honneur de parler, monsieur?
Le Monsieur
Monsieur, je suis le cousin de votre ancienne maîtresse.
Le Poète
De quelle maîtresse? Je ne vous connais pas.
Et puis qu'est-ce que vous voulez?
Le Monsieur
Monsieur, ecoutez-moi.
On m'a dit que vous êtes bon.
Poète
Ce n'est pas vrai.
La Pipe du Poète
Il me bourre avec une telle agitation
que je ne vais jamais pourvoir tirer de l'air.
Poète
D'abord, de quelle maîtresse me parlez-vous?
De qui, pretendez-vous? Non. Vous pretendez de
qui j'ai été l'amant?
Le Monsieur
De Néomie.
Poète
De Néomie,
Le Monsieur
Oui, monsieur.
Poète
Où habitez-vous?
Le Monsieur
J'habite les environs de Mont-de-Marsan.
Poète
Enfin que voulez-vous?
Le Monsieur
Savoir si monsieur serait
assez complaisant pour me donner quelque chose.
Poète
Et si je ne vous donne le pas, qu'est-ce que vous ferez?
Le Monsieur
Oh! Rien monsieur. Je ne vous ferai rien. Non. …
Le Poète
Tenez, voila dix francs, et foutez-moi la paix.
(Le monsieur s'en va, puis le poète sort.)
The troubles of the Larribeau family, Larribeau and the bonne, the visit of the "Comtese de Pentacosa," who is also staved off with ten francs, are all worth quoting. The whole small town is "Spoon-Rivered" with equal verve. "Existences" was written in 1900.