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ARTHUR RIMBAUD

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(1854–1891)

Rimbaud's first book appeared in '73. His complete poems with a preface by Verlaine in '95. Laforgue conveys his content by comment, Corbière by ejaculation, as if the words were wrenched and knocked out of him by fatality; by the violence of his feeling, Rimbaud presents a thick suave color, firm, even.

Cinq heures du soir


AU CABARET VERT


Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines

Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi,

Au Cabaret Vert: je demandai des tartines De beurre et du jambon qui fût à moitié froid. Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table Verte: je contemplai les sujets très naïfs De la tapisserie.—Et ce fut adorable, Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs, —Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure!— Rieuse, m'apporta des tartines de beurre, Du jambon tiède, dans un plat colorié, Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse D'ail—et m'emplit la chope immense, avec sa mousse Que dorait un rayon de soleil arriéré.

The actual writing of poetry has advanced little or not at all since Rimbaud. Cézanne was the first to paint, as Rimbaud had written—in, for example, "Les Assis":

Ils ont greffé dans des amours epileptiques

Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs

De leurs chaises; leurs pieds aux barreaux rachitiques

S'entrelacent pour les matins et pour les soirs


Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges.


or in the octave of

VENUS ANADYOMENE


Comme d'un cercueil vert en fer-blanc, une tête

De femme à cheveux bruns fortement pommadés

D'une vieille baignoire émerge, lente et bête,

Montrant des déficits assez mal ravaudés;


Puis le col gras et gris, les larges omoplates

Qui saillent; le dos court qui rentre et qui ressort,

—La graisse sous la peau paraît en feuilles plates

Et les rondeurs des reins semble prendre l'essor.


Tailhade has painted his "Vieilles Actrices" at greater length, but smiling; Rimbaud does not endanger his intensity by a chuckle. He is serious as Cézanne is serious. Comparisons across an art are always vague and inexact, and there are no real parallels; still it is possible to think of Corbière a little as one thinks of Goya, without Goya's Spanish, with infinite differences, but with a macabre intensity, and a modernity that we have not yet surpassed. There are possible grounds for comparisons of like sort between Rimbaud and Cézanne.

Tailhade and Rimbaud were both born in '54; there is not a question of priority in date, I do not know who hit first on the form, but Rimbaud's "Chercheuses" is a very good example of a mould not unlike that into which Tailhade has cast his best poems.

LES CHERCHEUSES DE POUX


Quand le front de l'enfant plein de rouges tourmentes,

Implore l'essaim blanc des rêves indistincts,

Il vient près de son lit deux grandes sœurs charmantes

Avec de frêles doigts aux ongles argentins.


Elles asseoient l'enfant auprès d'une croisée

Grande ouverte où l'air bleu baigne un fouillis de fleurs,

Et, dans ses lourds cheveux où tombe la rosée,

Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs.


Il écoute chanter leurs haleines craintives

Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés

Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives

Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers.


Il entend leurs cils noirs battant sous les silences

Parfumés; et leurs doigts électriques et doux

Font crépiter, parmi ses grises indolences,

Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux.


Voilà que monte en lui le vin de la Paresse,

Soupir d'harmonica qui pourrait délirer;

L'enfant se sent, selon la lenteur des caresses,

Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer.


The poem is "not really" like Tailhade's, but the comparison is worth while. Many readers will be unable to "see over" the subject matter and consider the virtues of the style, but we are, let us hope, serious people; besides, Rimbaud's mastery is not confined to "the unpleasant"; "Roman" begins:

I


On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.

—Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,

Des cafés tapageurs aux lustres éclatants!

—On va sous les tilleuls verts de la promenade.


Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin!

L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière;

Le vent chargé de bruits—la ville n'est pas loin—

A des parfums de vigne et des parfums de bière. …


The sixth line is worthy of To-em-mei. But Rimbaud has not exhausted his idyllic moods or capacities in one poem. Witness:

COMEDIE EN TROIS BAISERS


Elle était fort déshabillée,

Et de grands arbres indiscrets

Aux vitres penchaient leur feuillée

Malinement, tout près, tout près.


Assise sur ma grande chaise.

Mi-nue elle joignait les mains.

Sur le plancher frissonnaient d'aise

Ses petits pieds si fins, si fins.


—Je regardai, couleur de cire

Un petit rayon buissonnier

Papillonner, comme un sourire

Sur son beau sein, mouche au rosier.


—Je baisai ses fines chevilles.

Elle eut un long rire très mal

Qui s'égrenait en claires trilles,

Une risure de cristal. …


Les petits pieds sous la chemise

Se sauvèrent: "Veux-tu finir!"

—La première audace permise,

Le rire feignait de punir!


—Pauvrets palpitant sous ma lèvre,

Je baisai doucement ses yeux:

—Elle jeta sa tête mièvre

En arrière: "Oh! c'est encor mieux! …


"Monsieur, j'ai deux mots à te dire. … "

—Je lui jetai le reste au sein

Dans un baiser, qui la fit rire

D'un bon rire qui voulait bien. …


—Elle était fort déshabillée

Et de grands arbres indiscrets,

Aux vitres penchaient leur feuillée

Malinement, tout près, tout près.


The subject matter is older than Ovid, and how many poems has it led to every silliness, every vulgarity! One has no instant of doubt here, nor, I think, in any line of any poem of Rimbaud's. How much I might have learned from the printed page that I have learned slowly from actualities. Or perhaps we never do learn from the page; but are only capable of recognizing the page after we have learned from actuality.

I do not know whether or no Rimbaud "started" the furniture poetry with "Le Buffet"; it probably comes, most of it, from the beginning of Gautier's "Albertus." I cannot see that the "Bateau Ivre" rises above the general level of his work, though many people seem to know of this poem (and of the sonnet on the vowels) who do not know the rest of his work. Both of these poems are in Van Bever and Léautaud. I wonder in what other poet will we find such firmness of coloring and such certitude.

TABLE


Laforgue 1860–1887; published 1885

Corbière 1840–1875; published 1873 and 1891

Rimbaud 1854–1891; published 1873

Remy de Gourmont 1858–1915

Merril 1868–1915

Tailhade 1854–1919

Verhaeren 1855–1916

Moréas 1856–1911

Living: Vielé-Griffin 1864 Jammes 1868 De Régnier 1864 Spire 1868 Younger Men: Klingsor, Romains, Vildrac Other Dates: Verlaine 1844–1896 Mallarmé 1842–1898 Samain 1858–1900 Elskamp, born 1862

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