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JULES LAFORGUE

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(1860-'87)

Laforgue was the "end of a period"; that is to say, he summed up and summarized and dismissed nineteenth-century French literature, its foibles and fashions, as Flaubert in "Bouvard and Pécuchet" summed up nineteenth-century general civilization. He satirized Flaubert's heavy "Salammbô" manner inimitably, and he manages to be more than a critic, for in process of this ironic summary he conveys himself, il raconte lui-même en racontant son âge et ses mœurs, he delivers the moods and the passion of a rare and sophisticated personality: "point ce 'gaillard-là' ni le Superbe … mais au fond distinguée et franche comme une herbe"!

Oh! laissez-moi seulement reprendre haleine,

Et vous aurez un livre enfin de bonne foi.


En attendant, ayez pitié de ma misère!

Que je vous sois à tous un être bienvenu!

Et que je sois absous pour mon âme sincère,

Comme le fut Phryné pour son sincère nu.


He is one of the poets whom it is practically impossible to "select." Almost any other six poems would be quite as "representative" as the six I am quoting.


PIERROTS


(On a des principes) Elle disait, de son air vain fondamental: "Je t'aime pour toi seul!"—Oh! là, là, grêle histoire; Oui, comme l'art! Du calme, ô salaire illusoire Du capitaliste Idéal! Elle faisait: "J'attends, me voici, je sais pas" … Le regard pris de ces larges candeurs des lunes; —Oh! là, là, ce n'est pas peut-être pour des prunes, Qu'on a fait ses classes ici-bas? Mais voici qu'un beau soir, infortunée à point, Elle meurt!—Oh! là, là; bon, changement de thème! On sait que tu dois ressusciter le troisième Jour, sinon en personne, du moins Dans l'odeur, les verdures, les eaux des beaux mois! Et tu iras, levant encore bien plus de dupes Vers le Zaïmph de la Joconde, vers la Jupe! Il se pourra même que j'en sois.

PIERROTS


III


Comme ils vont molester, la nuit,

Au profond des parcs, les statues,

Mais n'offrant qu'au moins dévêtues

Leur bras et tout ce qui s'ensuit,


En tête-à-tête avec la femme

Ils ont toujours l'air d'être un tiers,

Confondent demain avec hier,

Et demandent Rien avec âme! Jurent "je t'aime" l'air là-bas, D'une voix sans timbre, en extase, Et concluent aux plus folles phrases Par des: "Mon Dieu, n'insistons pas?" Jusqu'à ce qu'ivre, Elle s'oublie, Prise d'on ne sait quel besoin De lune? dans leurs bras, fort loin Des convenances établies.

COMPLAINTE DES CONSOLATIONS


Quia voluit consolari


Ses yeux ne me voient pas, son corps serait jaloux;

Elle m'a dit: "monsieur … " en m'enterrant d'un geste;

Elle est Tout, l'univers moderne et le céleste.

Soit, draguons donc Paris, et ravitaillons-nous,

Tant bien que mal, du reste.


Les Landes sans espoir de ses regards brûlés,

Semblaient parfois des paons prêts à mettre à la voile …

Sans chercher à me consoler vers les étoiles,

Ah! Je trouverai bien deux yeux aussi sans clés,

Au Louvre, en quelque toile!


Oh! qu'incultes, ses airs, rêvant dans la prison

D'un cant sur le qui-vive au travers de nos hontes! Mais, en m'appliquant bien, moi dont la foi démonte Les jours, les ciels, les nuits, dans les quatre saisons Je trouverai mon compte. Sa bouche! à moi, ce pli pudiquement martyr Où s'aigrissent des nostalgies de nostalgies! Eh bien, j'irai parfois, très sincère vigie, Du haut de Notre-Dame aider l'aube, au sortir, De passables orgies. Mais, Tout va la reprendre!—Alors Tout m'en absout Mais, Elle est ton bonheur!—Non! je suis trop immense, Trop chose. Comment donc! mais ma seule présence Ici-bas, vraie à s'y mirer, est l'air de Tout: De la Femme au Silence.

LOCUTIONS DES PIERROTS


VI


Je te vas dire: moi, quand j'aime,

C'est d'un cœur, au fond sans apprêts,

Mais dignement élaboré

Dans nos plus singuliers problèmes.


Ainsi, pour mes mœurs et mon art,

C'est la période védique

Qui seule a bon droit revendique

Ce que j'en "attelle à ton char."


Comme c'est notre Bible hindoue

Qui, tiens, m'amène à caresser,

Avec ces yeux de cétacé,

Ainsi, bien sans but, ta joue.


This sort of thing will drive many bull-moose readers to the perilous borders of apoplexy, but it may give pleasure to those who believe that man is incomplete without a certain amount of mentality. Laforgue is an angel with whom our modern poetic Jacob must struggle.


COMPLAINTE DES PRINTEMPS


Permettez, ô sirène,

Voici que votre haleine

Embaume la verveine;

C'est l'printemps qui s'amène!


—Ce système, en effet, ramène le printemps,

Avec son impudent cortège d'excitants.


Otez donc ces mitaines;

Et n'ayez, inhumaine,

Que mes soupirs pour traîne:

Ous'qu'il y a de la gêne …


—Ah! yeux bleus méditant sur l'ennui de leur art!

Et vous, jeunes divins, aux soirs crus de hasard!


Du géant à la naine,

Vois, tout bon sire entraîne

Quelque contemporaine,

Prendre l'air, par hygiène …


—Mais vous saignez ainsi pour l'amour de l'exil!

Pour l'amour de l'Amour! D'ailleurs, ainsi soit-il.


T'ai-je fait de la peine?

Oh! viens vers les fontaines

Où tournent les phalènes

Des Nuits Elyséennes!


—Pimbêche aux yeux vaincus, bellâtre aux beaux jarrets.

Donnez votre fumier à la fleur du Regret.


Voilà que son haleine

N'embaum' plus la verveine!

Drôle de phénomène …

Hein, à l'année prochaine?


—Vierges d'hier, ce soir traîneuses de fœtus,

A genoux! voici l'heure où se plaint l'Angélus.


Nous n'irons plus au bois,

Les pins sont eternels,

Les cors ont des appels! …

Neiges des pâles mois,

Vous serez mon missel!

—Jusqu'au jour de dégel.


COMPLAINTE DES PIANOS


Qu'on attend dans les Quartiers Aisés


Menez l'âme que les Lettres ont bien nourrie,

Les pianos, les pianos, dans les quartiers aisés!

Premiers soirs, sans pardessus, chaste flânerie,

Aux complaintes des nerfs incompris ou brisés.


Ces enfants, à quoi rêvent-elles,

Dans les ennuis des ritournelles?


—"Préaux des soirs,

Christs des dortoirs!


"Tu t'en vas et tu nous laisses,

Tu nous laiss's et tu t'en vas,

Défaire et refaire ses tresses,

Broder d'éternels canevas."


Jolie ou vague? triste ou sage? encore pure?

O jours, tout m'est egal? ou, monde, moi je veux?

Et si vierge, du moins, de la bonne blessure,

Sachant quels gras couchants ont les plus blancs aveux


Mon Dieu, a quoi done rêvent-elles?

A des Roland, à des dentelles?


—"Cœurs en prison,

Lentes saisons!


"Tu t'en vas et tu nous quittes,

Tu nous quitt's et tu t'en vas!

Couvents gris, chœurs de Sulamites,

Sur nos seins nuls croisons nos bras."


Fatales clés de l'être un beau jour apparues;

Psitt! aux hérédités en ponctuels ferments,

Dans le bal incessant de nos étranges rues;

Ah! pensionnats, théâtres, journaux, romans!


Allez, stériles ritournelles,

La vie est vraie et criminelle.


—"Rideaux tirés,

Peut-on entrer?


"Tu t'en vas et tu nous laisses,

Tu nous laiss's et tu t'en vas,

La source des frais rosiers baisse.

Vraiment! Et lui qui ne vient pas. … "


Il viendra! Vous serez les pauvres cœurs en faute,

Fiancés au remords comme aux essais sans fond,

Et les suffisants cœurs cossus, n'ayant d'autre hôte

Qu'un train-train pavoisé d'estime et de chiffons


Mourir? peut-être brodent-elles,

Pour un oncle à dot, des bretelles?


—"Jamais! Jamais!

Si tu savais!


Tu t'en vas et tu nous quittes,

Tu nous quitt's et tu t'en vas,

Mais tu nous reviendras bien vite

Guérir mon beau mal, n'est-ce pas?"


Et c'est vrai! l'Idéal les fait divaguer toutes;

Vigne bohème, même en ces quartiers aisés.

La vie est là; le pur flacon des vives gouttes

Sera, comme il convient, d'eau propre baptisé. Aussi, bientôt, se joueront-elles De plus exactes ritournelles. "—Seul oreiller! Mur familier! "Tu t'en vas et tu nous laisses, Tu nous laiss's et tu t'en vas, Que ne suis-je morte à la messe! O mois, ô linges, ô repas!"

The journalist and his papers exist by reason of their "protective coloring." They must think as their readers think at a given moment.

It is impossible that Jules Laforgue should have written his poems in America in "the eighties." He was born in 1860, died in 1887 of la misère, of consumption and abject poverty in Paris. The vaunted sensitiveness of French perception, and the fact that he knew a reasonable number of wealthy and influential people, did nothing to prevent this. He had published two small volumes, one edition of each. The seventh edition of his collected poems is dated 1913, and doubtless they have been reprinted since then with increasing celerity.

Un couchant des Cosmogonies!

Ah! que la Vie est quotidienne. …


Et, du plus vrai qu'on se souvienne,

Comme on fut piètre et sans génie. …


What is the man in the street to make of this, or of the Complainte des Bons Ménages!

L'Art sans poitrine m'a trop longtemps bercé dupe.

Si ses labours sont fiers, que ses blés décevants!

Tiens, laisse-moi bêler tout aux plis de ta jupe

Qui fleure le couvent.


Delicate irony, the citadel of the intelligent, has a curious effect on these people. They wish always to be exhorted, at all times no matter how incongruous and unsuitable, to do those things which almost any one will and does do whenever suitable opportunity is presented. As Henry James has said, "It was a period when writers besought the deep blue sea 'to roll.'"

The ironist is one who suggests that the reader should think, and this process being unnatural to the majority of mankind, the way of the ironical is beset with snares and with furze-bushes.

Laforgue was a purge and a critic. He laughed out the errors of Flaubert, i.e., the clogging and cumbrous historical detail. He left Cœur Simple, L'Education, Madame Bovary, Bouvard. His Salome makes game of the rest. The short story has become vapid because sixty thousand story writers have all set themselves to imitating De Maupassant, perhaps a thousand from the original.

Laforgue implies definitely that certain things in prose were at an end, and I think he marks the next phase after Gautier in French poetry. It seems to me that without a familiarity with Laforgue one can not appreciate—i.e., determine the value of—certain positives and certain negatives in French poetry since 1890.

He deals for the most part with literary poses and clichés, yet he makes them a vehicle for the expression of his own very personal emotions; of his own unperturbed sincerity.

Je ne suis pas "ce gaillard-là!" ni Le Superbe!

Mais mon âme, qu'un cri un peu cru exacerbe,

Est au fond distinguée et franche comme une herbe.


This is not the strident and satiric voice of Corbière, calling Hugo "Garde National épique," and Lamartine "Lacrymatoire d'abonnés." It is not Tailhade drawing with rough strokes the people he sees daily in Paris, and bursting with guffaws over the Japanese in their mackintoshes, the West Indian mulatto behind the bar in the Quartier. It is not Georges Fourest burlesquing in a café; Fourest's guffaw is magnificent, he is hardly satirical. Tailhade draws from life and indulges in occasional squabbles.

Laforgue was a better artist than any of these men save Corbière. He was not in the least of their sort.

Beardsley's "Under the Hill" was until recently the only successful attempt to produce "anything like Laforgue" in our tongue. "Under the Hill" was issued in a limited edition. Laforgue's Moralités Légendaires was issued in England by the Ricketts and Hacon press in a limited edition, and there the thing has remained. Laforgue can never become a popular cult because tyros can not imitate him.

One may discriminate between Laforgue's tone and that of his contemporary French satirists. He is the finest wrought; he is most "verbalist." Bad verbalism is rhetoric, or the use of cliché unconsciously, or a mere playing with phrases. But there is good verbalism, distinct from lyricism or imagism, and in this Laforgue is a master. He writes not the popular language of any country, but an international tongue common to the excessively cultivated, and to those more or less familiar with French literature of the first three-fourths of the nineteenth century.

He has done, sketchily and brilliantly, for French literature a work not incomparable to what Flaubert was doing for "France" in Bouvard and Pécuchet, if one may compare the flight of the butterfly with the progress of an ox, both proceeding toward the same point of the compass. He has dipped his wings in the dye of scientific terminology. Pierrot imberbe has

Un air d'hydrocéphale asperge.

The tyro can not play about with such things. Verbalism demands a set form used with irreproachable skill. Satire needs, usually, the form of cutting rhymes to drive it home.

Chautauquas, Mrs. Eddy, Dr. Dowies, Comstocks, Societies for the Prevention of All Human Activities, are impossible in the wake of Laforgue. And he is therefore an exquisite poet, a deliverer of the nations, a Numa Pompilius, a father of light. And to many people this mystery, the mystery why such force should reside in so fragile a book, why such power should coincide with so great a nonchalance of manner, will remain forever a mystery.

Que loin l'âme type

Qui m'a dit adieu

Parce que mes yeux

Manquaient de principes!


Elle, en ce moment.

Elle, si pain tendre,

Oh! peut-être engendre

Quelque garnement.


Car on l'a unie

Avec un monsieur,

Ce qu'il y a de mieux,

Mais pauvre en génie.


Laforgue is incontrovertible. The "strong silent man" of the kinema has not monopolized all the certitudes.

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