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1. La réflexion théorique et littéraire de la « parole empêchée » dans la Modernité viennoise

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Il peut paraître paradoxal que des siècles plus tard, autour de 1900, la parole empêchée soit devenue l’un des thèmes centraux de la Wiener Moderne, la Modernité viennoise. Dans la Vienne du début du siècle, l’analyse psychologiquepsychologie, politique, philosophique et littéraire du langage est érigée au rang de leitmotiv. L’œuvre de Sigmund FreudFreud (Siegmund), la critique du langage de Karl KrausKraus (Karl), la philosophie de Ludwig WittgensteinWittgenstein (Ludwig), la réflexion sur le langage présente dans l’œuvre de Hugo von HofmannsthalHofmannsthal (Hugo von), tout cela montre l’importance que prend alors en Autriche la réflexion sur un langage abîmé et devenu une question tout à la fois théorique et artistique.

Quelles sont donc, dans l’Autriche habsbourgeoise du XIXe siècle, les circonstances favorisant l’émergence de la réflexion sur le langage en tant que nouveau paradigme culturel ? En schématisant quelque peu, nous pourrions dire que l’Allemagne, à cette époque, était occupée par la fondation de son Empire et n’avait pas le temps, prise qu’elle était entre mouvements nationalistes et processus d’industrialisation, de se consacrer à une réflexion sur le langage semblable à celle conduite par NietzscheNietzsche (Friedrich), penseur novateur et marginal. L’État pluri-ethnique de la monarchie habsbourgeoise, sur le point de se dissoudre sous les coups d’un nationalisme montant et face à l’absenceabsence de perspective, délivra une réflexion mélancoliquemélancolie qui engloba tous les systèmes établis, à commencer par le langage, en proie à un doute mystiquemystique. En ce sens, la comédie de Hugo von HofmannsthalHofmannsthal (Hugo von) Der Schwierige (L’Homme difficile, 1920) semble être l’expression idéalisée – faisant fi de l’Histoire – du refus de toute forme d’action par le langage. « [Es] ist ein bißl lächerlich », déclare le personnage principal, le baron Hans Karl Bühl, dans ce drame national autrichien qui n’en est pas un, « wenn man sich einbildet, durch wohlgesetzte Wörter eine weiß Gott wie große Wirkung auszuüben, in einem Leben, wo doch schließlich alles auf das Letzte, Unaussprechliche ankommt. Das Reden basiert auf einer indezenten Selbstüberschätzung »1.

La parole empêchée

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