Читать книгу La tour Eiffel en 1900 - Gustave Eiffel - Страница 27
ОглавлениеPLATES-FORMES
L’Exposition de 1900 et l’affluence des visiteurs sur laquelle on devait compter à ce moment ont rendu indispensable de remédier à certains des inconvénients qui s’étaient manifestés pendant l’exploitation de 1889.
Il était nécessaire:
1° De faciliter la circulation sur les plates-formes en leur donnant plus de surface utilisable;
2° De modifier le système des ascenseurs pour procurer un plus grand nombre d’ascensions.
Ce sont ces modifications que nous allons décrire en y joignant la description des nouveaux moteurs mécaniques qui en ont été la conséquence.
§ 1. — Traité avec l’Exposition.
Une convention préalable fut passée, à la date du 28 décembre 1897, entre l’Administration de l’Exposition et la Société de la Tour, pour que la Tour fît partie intégrante de l’Exposition dans les mêmes conditions qu’en 1889, Par contre, la Société prenait à sa charge le service des illuminations qui incombaient autrefois à l’Exposition.
Ces illuminations devaient être faites non plus au gaz, mais entièrement à l’électricité, et de plus avoir une importance beaucoup plus grande: en outre des parties de la Tour antérieurement illuminées, chacune des arêtes extérieures, sur toute la longueur du sol au sommet, devait former une série de grands cordons lumineux. Le nombre de lampes que nécessite cette illumination générale n’est pas moindre de 5.000. Aussi, a-t-on été conduit à augmenter dans de très grandes proportions les organes électriques anciens.
§ 2. — Première plate-forme.
Comme on ne pouvait songer à augmenter la surface même de la première plate-forme, on a dû se borner à mieux utiliser celle existante pour les facilités de la circulation. Notamment, le passage qui existait entre la partie arrière des restaurants et la balustrade intérieure du vide central de la plate-forme était beaucoup trop étroit pour qu’une circulation importante pût s’y produire. De plus, ces façades postérieures avaient été traitées trop simplement pour avoir un attrait quelconque, de sorte que cette partie de la plate-forme était presque inutilisée. Par suite, on décida d’augmenter le passage intérieur dont nous venons de parler jusqu’à une largeur minima de 2 m en reculant en conséquence les façades postérieures des bâtiments. On chercha en même temps à leur imprimer un caractère plus gai et plus vivant en leur donnant une silhouette plus animée et en y installant des boutiques et des bars. Cette ornementation nouvelle a été faite en harmonie avec le caractère de chacun des bâtiments.
§ 3. — Deuxième plate-forme.
Les modifications ont été beaucoup plus importantes sur cette plate-forme que sur la première. En effet, pendant l’Exposition de 1889, elle était particulièrement encombrée, non seulement en raison de l’emplacement nécessaire aux voyageurs pour se rendre des ascenseurs inclinés à l’ascenseur vertical, et pour la formation des queues qui en étaient la conséquence, mais encore par l’existence des prolongements inutilisés des chemins des ascenseurs Combaluzier et par celle des grands réservoirs cylindriques alimentant les ascenseurs.
Comme cette plate-forme est l’une des plus agréables de la Tour, on résolut de lui donner le plus grand attrait possible pour les visiteurs, et on augmenta tout d’abord la surface inférieure par une bande au pourtour de 2 m de largeur, et on créa un deuxième étage en terrasse sur une partie de sa superficie; enfin on réunit en un pavillon central tous les petits édicules qui étaient disséminés sur la plate-forme.
Mais cela entraînait à une notable augmentation du poids propre de la plate-forme, laquelle n’eût pas été sans inconvénient. La condition essentielle de cette transformation était la suppression des réservoirs cylindriques si encombrants, alimentant les ascenseurs et dont le poids, quand ils étaient pleins d’eau, dépassait 100 tonnes.
C’est ainsi que l’on a été conduit à alimenter les ascenseurs accédant à cette plate-forme par un système d’accumulateurs reposant sur le sol, et en outre à supprimer le hourdis en briques Perrière, ainsi qu’il sera dit plus loin.
La première modification consista à enlever la galerie couverte du pourtour et à augmenter de 2 m la saillie des consoles portant le plancher. A cet effet, des consoles nouvelles en tôle pleine furent appliquées en avant des anciennes. On créa ainsi une plate-forme découverte de 4 m de largeur, assurant une large et agréable circulation en plein air.
Une seconde modification, consistant dans la construction d’une terrasse au-dessus de la plate-forme, fut aussi réalisée.
Au droit de la face intérieure des grandes poutres de ceinture, s’élèvent des piliers en fer de 3 m de hauteur supportant à ce niveau un balcon muni sur son pourtour extérieur d’une légère balustrade. En arrière de ce balcon qui est en saillie sur le plan des faces extérieures des arbalétriers de la Tour, le plancher, soutenu par de nouveaux piliers en fer, se prolonge jusqu’au pavillon central sur une largeur de 8 m. Sur l’entretoisement des piliers s’attachent les solives en double T auxquelles sont rivées des tôles minces raidies par des cornières. Ces tôles ont été recouvertes par du linoléum et forment un vaste promenoir découverte de 8,90 m de largeur.
Cette terrasse enclôt à l’intérieur un espace octogonal de 6,72 m de côté, affecté au pavillon central. Il ne touche pas à l’emplacement des ascenseurs Est et Ouest et communique avec le sol de la plate-forme par huit escaliers, placés dans le voisinage des piliers.
Le pavillon central comprend un rez-de-chaussée et un premier étage. Les montants extérieurs de ce pavillon sont en bois. Les planchers et la charpente sont en fer; les dallages, les plafonds, les cloisons intérieures, ainsi que les remplissages des façades, sont en métal déployé hourdé en plâtre.
Au rez-de-chaussée sont installés: la cage de l’ascenseur vertical, avec son entrée et sa sortie au niveau de la plate-forme, un bar et son office, trois boutiques, des water-closets, le bureau des tickets, ainsi que les escaliers d’accès au premier étage. Au-dessous est une cave.
La partie du plancher de la terrasse qui environne ce pavillon sert d’abri aux promeneurs en cas de mauvais temps. Les boutiques sont éclairées par le jour venant de l’étage supérieur à travers des verres-dalles.
Le premier étage comprend également la cage de l’ascenseur vertical avec son entrée et sa sortie au niveau de la terrasse, un bureau d’administration et enfin les salles du restaurant auxquelles on accède par un escalier de quelques marches.
Au rez-de-chaussée et entre les grandes poutres de l’ascenseur central est installé un réservoir en tôle de 30 m de capacité, servant à l’alimentation de l’ascenseur Otis conservé au pilier Nord.
Quant au dallage, nous avons vu que le hourdis Perrière, qui à l’origine était recouvert par un plancher en bois asphalté, avait reçu ensuite un dallage en ciment armé (système Coignet); le poids de ce dallage y compris hourdis était de 145 kg. Dans la construction actuelle, le hourdis Perrière est supprimé, et le dallage est fait uniquement par des dalles rectangulaires en ciment armé qui, s’appuient sur le solivage par l’intermédiaire de chevrons en bois reliés entre eux par un grillage de métal déployé. Ces dalles, qui arrivaient toutes prêtes au chantier, ont un poids de 70 kg seulement par mètre carré. Leurs dimensions sont de: longueur 1,35 m, largeur 0,67 m, épaisseur 0,030 m. Elles sont munies à leur pourtour de rebords saillants de 60 mm d’épaisseur, pour faciliter leur appui sur le solivage. Entre les joints est disposé du caoutchouc pour permettre à la dilatation de se produire, tout en assurant l’étanchéité.
Par suite de ces diverses modifications, le poids total de la plate-forme est resté ce qu’il était précédemment, savoir 365.000 kg pour une surface de 1.500 m2 entre garde-corps.
§ 4. — Troisième plate-forme.
La partie inférieure de la troisième plate-forme ne comporte aucun changement, sauf que, dans les cloisons séparatives, le bois est remplacé par du métal déployé.
La galerie supérieure, que M. Eiffel s’était jusqu’alors réservée, est livrée au public. Son plancher a été consolidé en conséquence et le bois y a été remplacé par de la tôle.
La distribution est modifiée pour donner accès à l’impériale surmontant la cabine de l’ascenseur vertical. En outre, quelques boutiques ont été installées sur le pourtour, et dans les façades le bois a été remplacé autant que possible par du métal déployé hourdé, de manière à écarter toute chance d’incendie.
Enfin, il a été installé au-dessus des grandes poutres en croix du campanile un petit pavillon réservé à M. Eiffel. Ce pavillon vitré est en tôle et de forme hexagonale; il a 5 m de largeur et 2,12 m de côté. On y accède par un escalier partant de la galerie supérieure.
L’ensemble des plates-formes, tel qu’il vient d’être décrit, est représenté dans la planche ci-jointe.