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ANNIBAL.

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«Trahi par l’amitié, trahi par la fortune,

Fatigué des longueurs d’une vie importune

Et des rigueurs du sort,

Sur le sol de l’exil, le héros de Cartilage

Trouve dans le secours d’un funeste breuvage

Le bienfait de la mort.

«Mais, avant d’expirer, tournant vers sa patrie

Ce regard qui jadis fit trembler l’Italie

Et l’orgueil des Romains,

Il s’écria: «Salut, ô terre que j’adore!

«Salut, pays ingrat, dont je voudrais encore

«Partager les destins.

«C’en est fait, je péris. La puissance romaine

«N’a plus à craindre enfin que ma fatale haine

«L’accable de revers.

«Je péris, ô Carthage! et la mort d’un seul homme

«A ta fière rivale, à l’odieuse Rome,

«Va livrer l’univers.

«C’est en vain qu’enflammé d’une ardeur magnanime

«Des Alpes j’aurai vu l’insurmontable cime

«S’abaisser devant moi;

«En vain j’aurai de Rome écrasé les cohortes,

«Et fait pendant longtemps habiter à ses portes

«Et la mort et l’effroi.

«O Cannes! ô Trébie! ô lac de Trasimène!

«Vous ne me verrez plus de la valeur romaine

«Flétrir tous les lauriers;

«Vous ne me verrez plus de ces mains triomphantes

«Moissonner dans vos champs les dépouilles sanglantes

«De cent mille guerriers.

«Tout périt avec moi; sans moi plus de patrie;

«Sans moi plus de Carthage: une ligue ennemie

«Et les fureurs d’Hannon,

«Arrachent de mes mains le fruit de la victoire,

«Et, pour perdre Annibal, ils détruisent la gloire

«De l’antique Sidon.

«Ces murs à qui jadis et les arts et la guerre

«Préparaient par mes soins l’empire de la terre

«Et de si beaux destins,

«Ces murs s’écrouleront, et leur ruine immense

«A mes mânes trahis servira de vengeance

«Et d’exemple aux humains!»

La vie d'Abbatucci, garde des sceaux, ministre de la justice

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