Читать книгу La vie d'Abbatucci, garde des sceaux, ministre de la justice - Jean de La Rocca - Страница 14
Révolution de 1830. — J. P. C. Abbatucci fait partie d’une commission pour aller complimenter Louis-Philippe. — Ses relations avec la famille Sébastiani. — Sa nomination de député de la Corse. — Pourquoi n’a-t-il pas été nommé préfet de la Corse en 1830?
ОглавлениеNous n’avons pas à rappeler dans leurs détails des événements que toute la France connaît et auxquels ont été mêlés bien des hommes de cette époque.
Les hommes de 1830 ont presque constamment dominé la position jusqu’à nos jours. Nous n’avons qu’à en indiquer les principales causes et à en résumer les principaux faits. Nous expliquerons ainsi la situation et nous ferons mieux comprendre le rôle politique qu’a joué M. Abbatucci.
Le 26 juillet parurent les fameuses ordonnances qui supprimaient la liberté de la presse, dissolvaient la chambre des députés, et restreignaient considérablement les dispositions déjà si peu libérales de la loi électorale.
Ces ordonnances frappèrent Paris de stupeur. L’indignation, d’abord manifestée par des protestations, grandit jusqu’à la résistance. La bourgeoisie attaquée dans son droit de vote et dans ses journalistes fit entendre des cris de révolte. Ces cris réveillèrent les aspirations mal assoupies du peuple, qui se souvenait de l’ardente émancipation de 1789 et des gloires de la république et de l’empire.
La lutte s’engagea, lutte terrible, magnanime, héroïque, dans laquelle le peuple montra toutes ses vertus de courage, d’abnégation et de désintéressement. En trois jours il précipita du trône cette royauté impopulaire contre laquelle se formulaient des griefs terribles.
«En examinant la marche des événements et le mouvement des idées, écrivait en 1843 M. Abbatucci, on est conduit à de tristes réflexions. En 1814, la charte octroyée, malgré tous les vices de son origine, avait paru à toutes les jeunes imaginations un pacte solennel entre le pouvoir et la démocratie. L’illusion ne fut pas de longue durée; bientôt les vieux préjugés se produisirent au grand jour, et l’on fut obligé d’expulser ces hommes qui n’avaient rien appris et n’a-raient rien oublié.
«Revenue en 1815 à la suite des bagages de l’étranger, la branche aînée des Bourbons exerça de cruelles vengeances, et l’irritation populaire longtemps comprimée passa alternativement de l’insurrection à l’apathie, de l’opposition au découragement; un jour arriva même où l’on osa dire audacieusement: Le peuple! il a donné sa démission.
«Aveuglés par cette longue patience, les flatteurs du pouvoir le poussèrent dans les voies de l’arbitraire: alors le peuple se réveilla, toutes les nobles passions se liguèrent, et, en trois jours, une vieille monarchie, deux fois restaurée, s’écroula sans retour et sans espoir.
«1830 fut un réveil de 89.»
Nous ajouterons que 1830 fut une sorte de revanche de 1814 et 1815.
En effet, dans cette révolution, l’idée napoléonienne domine plus qu’on ne l’a dit et plus que les événements qui suivirent la révolution ne l’ont fait penser.
Pour la bourgeoisie qui se battait, la lutte reposait sur une question d’amour-propre froissé. Les droits que la Charte accordait à la richesse étaient pour elle ce que les prérogatives des titres étaient à la noblesse. Le peuple, exclu du pacte constitutionnel, n’avait rien perdu à la publication des ordonnances.
Le mouvement des masses populaires ne tirait donc de ces circonstances qu’une cause occasionnelle. Car la Charte ne donnait qu’une liberté dérisoire et excluait tout principe d’égalité.
Certains écrivains pourront dire qu’alors l’élan du peuple fut spontané, irréfléchi; qu’il se battit par entraînement, par amusement même, facile qu’il est à mener au feu, comme un enfant batailleur.
Non, les masses n’ont pas cette légèreté d’action qui prend son mobile dans un caprice. L’enthousiasme qui fit explosion dans ces journées mémorables dévoile l’existence d’un sentiment longtemps comprimé et qui se faisait jour subitement.
Pour bien faire comprendre la situation des esprits qui ont entraîné la chute de Charles X, il est nécessaire d’entrer dans quelques détails sur les aspirations de la bourgeoisie et du peuple.
La bourgeoisie a un caractère éminemment positif. Ne lui parlez guère de patrie, de gloire, d’égalité. Sa patrie, c’est la propriété ; sa gloire, c’est la prospérité, prospérité de ses affaires; l’égalité qu’elle comprend, c’est l’abolition des priviléges de caste remplacés par les influences et les priviléges de l’argent.
Que lui importe la gloire? Elle ouvrira les portes de la patrie à l’étranger, elle s’engraissera des hontes de la France, profitant du luxe déployé par les envahisseurs; elle fera monter les fonds après le désastre de Waterloo; elle les fera baisser après la prise d’Alger. Et son principal reproche à la monarchie qu’elle a acceptée des mains de nos ennemis, ce sera le milliard d’impositions voté pour indemniser les émigrés. Enfin elle fera tourner à son seul profit la victoire de 1830, victoire qui avait tant coûté de sang au peuple.
Lui, le peuple, n’a rien à perdre, rien à défendre, que l’honneur. — Sa patrie, c’est la France, représentée non par telle propriété, mais par telle victoire de nos armées. Le peuple prend dans notre histoire un sublime héritage qu’il conserve au prix de sa vie. La magnifique épopée de la République et de l’Empire formait un splendide apanage de valeur et de gloire que la Restauration semblait lui avoir ravi.
Le peuple, en 1830, se soulevait pour reconquérir sa gloire flétrie, tachée, perdue.
Il avait à laver quinze années d’humiliation et à ressusciter ce vieux drapeau tricolore qu’il avait suivi, triomphant, sur toutes les terres de l’Europe. Du reste, cette manifestation de la cause bonapartiste ne se borna pas à la Révolution de Juillet. Depuis longtemps, les cœurs, épris des gloires impériales, rêvaient le retour des aigles. De tous côtés les cœurs sympathisaient à la pensée de voir rétablir sur le trône l’élu du peuple et de la victoire.
Des complots, organisés sur un vaste plan, n’échouèrent que par des malentendus où par trahison. Des victimes de l’idée napoléonienne montèrent sur l’échafaud, et le sang des martyrs bonapartistes, en tachant d’une nouvelle infamie le manteau de la royauté imposée, rendit plus sacrée la cause des héritiers de la gloire et des vertus du grand capitaine de la France.
La révolution de Juillet, longtemps préparée par la Charbonnerie, ne fut donc, dans sa vraie signification, qu’une puissante réaction de l’esprit populaire vers la famille Bonaparte. Ce fut une revanche de 1814 et de 1815.
La bourgeoisie escamota, au profit du règne de l’argent, cette révolution tentée en vue de l’égalité et de la gloire, double principe qui forme tout le système du gouvernement napoléonien.
Au milieu de la lutte éclose pendant les journées de Juillet, quelle était la préoccupation du peuple? Napoléon! Quels étaient les chefs qui conduisaient le peuple au combat? De vieux soldats de Napoléon.
Au moment de l’action, «les jeunes gens, dit Louis Blanc, trouvaient à chaque pas, pour guider leur expérience, d’anciens militaires échappés aux batailles de l’Empire, génération guerrière que les Bourbons, en 1815, avaient irritée à jamais.»
Après sa victoire, le peuple traduisait, par des faits éloquents, les sentiments qui l’avaient poussé. Les Tuileries étaient tombées au pouvoir du peuple, que faisait-il?
«Dans la salle des maréchaux, écrit encore l’auteur que nous avons cité, les vainqueurs couchèrent en joue certains portraits qui rappelaient des souvenirs de trahison; mais plus d’une tète se découvrit avec respect devant celui de Macdonald, que la fortune croulante avait trouvé fidèle en 1814.»
Tout paraissait donc assurer le triomphe de l’idée bonapartiste.
L’intrigue de quelques ambitieux recueillit le bénéfice du courage et de l’héroïsme des masses.
Pour expliquer comment la révolution fut détournée de son but, nous citerons encore un passage de l’Histoire de Dix Ans:
«Singularité historique dont le secret se trouve dans la trivialité de la plupart des passions humaines! Le fils de Napoléon vivait au loin. Pour ceux qu’animait une vulgaire espérance, attendre, c’était risquer le bénéfice des premières faveurs, toujours plus faciles à obtenir d’un pouvoir qui a besoin de faire pardonner son avénement. Pourtant le souvenir de l’Empereur palpitait dans le cœur du peuple. Pour couronner dans le premier de sa race l’immortelle victime de Waterloo, que fallait-il? Qu’un vieux général se montrât à cheval dans les rues et criât, en tirant son sabre: Vive Napoléon II! Mais non. Le général Gourgaud fit seul quelques tentatives. Le 29 août on l’entendit protester à l’hôtel Laffitte contre la candidature du duc d’Orléans; et, dans la nuit du 29 au 50, il réunit chez lui quelques officiers pour aviser aux choses du lendemain. Conspirer en pleine révolution était au moins superflu. Mais il semble que les luttes civiles déconcertent les hommes de guerre. Le parti orléaniste se recruta de tous ceux à qui, pour ressusciter l’Empire, il n’eût fallu qu’un éclair de hardiesse, un chef et un cri!»
MM. Laffitte, Thiers, Mignet et la Fayette, etc., mirent donc sur la tête du duc d’Orléans la couronne que le peuple avait conquise pour Napoléon II.
En Corse, la révolution de 1830 souleva un universel enthousiasme. Bien que celui qui, vingt ans, avait illustré la France, ne continuât pas sa dynastie sur un trône qui lui appartenait par ce droit divin du génie et de la gloire, on vit avec une immense joie ce drapeau qui symbolisait son règne et nos conquêtes. — C’était là le drapeau du peuple, le drapeau de l’égalité. C’était l’étendard des Pyramides, d’Austerlitz, de Wagram. Tous les cœurs le reconnurent, toutes les généreuses sympathies le saluèrent. Et la royauté nouvelle se couvrit de la popularité de ces couleurs qui rappelaient de si beaux souvenirs.
Il y eut un moment d’entraînement. — On ne vit que le drapeau. L’homme qui l’avait arboré ne parut que plus tard.
M. Abbatucci fut lui-même aussi séduit par ses souvenirs, par ses aspirations. Ces couleurs chères à la France avaient depuis longtemps flotté au-dessus des triomphes des membres de sa famille. C’étaient les plis tricolores qui étaient déployés à Huningue lors de l’héroïque défense du général Charles Abbatucci; c’était pour ces mêmes couleurs françaises que son aïeul avait combattu en Corse contre les Anglais et les partisans de Paoli.
Jacques-Pierre-Charles Abbatucci crut un instant, dans la sincère religion de son cœur, que ces couleurs et l’idée qu’elles représentaient entraînaient une solidarité inévitable.
Illusion naturelle à un cœur généreux et empreint de loyauté, mais qui ne fut pas de longue durée.
La Corse envoya une députation au nouveau roi libéral. Abbatucci fit partie de cette députation avec Sébastiani (Tiburce).
Louis-Philippe remarqua le jeune président de la cour d’Orléans.
— Êtes-vous parent, lui demanda le roi, de l’héroïque défenseur d’Huningue?
— Sire, répondit-il, le général Charles Abbatucci était mon oncle.
— Eh quoi, vous avez dans les veines du sang de cet homme dont la France a apprécié les talents et le courage. J’ai servi avec lui; c’était un jeune homme d’une haute valeur et qui aurait eu un immense avenir s’il avait vécu! Vous portez là un beau nom et qui vous invite à lui garder son éclat. — Le choix qu’ont fait en vous vos compatriotes et qui manifeste votre mérite me fait croire que vous le conserverez avec honneur.
Le nouveau roi ne négligeait aucune caresse pour grouper des influences autour de sa couronne. — Abbatucci ne livra pas, pour une flatterie, ses sympathies acquises à une autre cause.
Cependant d’intimes relations le liaient depuis longtemps à un des plus vifs partisans de l’orléanisme. Dès l’Empire, le père du garde des sceaux avait connu particulièrement le général Sébastiani. Les deux représentants de deux grandes familles de la Corse s’étaient rencontrés dans les salons des sommités parisiennes, dans les cabinets des ministres, et partout ils avaient manifesté l’un pour l’autre la plus sincère estime. Ces dispositions amicales ne firent que se renouer, lorsque J. P. C. Abbatucci parut sur la scène politique.
Cependant une nouvelle Chambre dut être appelée, et les élections se préparèrent. La Corse, réunie en un collége électoral, dut nommer deux députés.
Le général Sébastiani se présenta à la députation conjointement avec Abbatucci, dont il appuya la candidature.
En cette occasion Sébastiani, tout en favorisant un ancien ami, croyait soutenir un candidat dévoué à la nouvelle dynastie, et ne s’attendait pas à trouver dans M. Abbatucci un homme de conviction ferme et droite, un homme d’opposition.
De son côté, M. Abbatucci prêta son appui à M. Sébastiani. Toutefois le général savait de quelle estime on entourait en Corse le nom d’Abbatucci; il parut redouter une rivalité, et son appui n’eut pas cette chaleur et cet empressement qui dévoilent un concours sincère. Quelques esprits, peut-être malveillants pour le maréchal, sont même allés plus loin. La candidature de M. Abbatucci eut à combattre une concurrence. — Ce fut celle de M. de Casabianca, parent du sénateur actuel.
On dit que, sous main, Sébastiani fit agir des influences pour appuyer le rival de son ami. Nous répugnons, quant à nous, à croire à ces petites intrigues, à ces menées mesquines de la part d’un personnage haut placé comme l’était le général. Et nous avons une plus grande estime de son caractère.
Peut-être même que le général ne voulait qu’atténuer l’influence des Abbatucci en Corse, sans la détruire. Quoi qu’il en soit, le président de la cour d’Orléans fut nommé à une grande majorité.
Abbatucci arriva à la Chambre tout animé d’idées généreuses et rénovatrices pour son pays. Longtemps il avait étudié les besoins, les ressources et les tendances de la Corse. Il avait vu avec douleur ce département totalement négligé par l’administration sous le règne des Bourbons.
Cette famille gardait rancune à cette île d’avoir produit Napoléon. Elle la regardait comme le berceau de ses malheurs. Elle oubliait qu’il est des hommes menés par la Providence. En Corse, sur le continent, partout ces hommes surgissent quand le destin les appelle. Ils se dressent, génies puissants, souvent pour détruire, quelquefois pour réédifier. — Ils hâtent une ruine qui résiste; ils entraînent un monde prêt à crouler, et ils passent. Ou bien, après un ébranlement, ils refont un édifice neuf, durable, auquel. ils donnent le caractère de leur génie et du progrès des siècles.
Tel a été, sous ce dernier point de vue, Napoléon Bonaparte.
Que venait donc faire la Corse dans les antipathies de Louis XVIII et de Charles X! Il est vrai que la Corse était entièrement dévouée à son empereur, qui avait laissé là son cœur et sa pensée. C’était ainsi une rancune, un soupçon, qui arrêtèrent les sollicitudes de l’administration pour notre île, sous le règne de la branche aînée.
La Corse manquait de voies de communication. Les produits n’avaient pas de débouchés faciles; la production était peu encouragée; les institutions qui favorisent le développement des lumières et de la prospérité publiques étaient totalement négligées. La justice, on l’a vu dans un autre chapitre, était rendue d’une manière déplorable et soumise entièrement aux influences de nom, de fortune et de parti.
Tous ces côtés défectueux de l’état des choses en Corse demandaient un prompt remède. La prospérité de cette île, si fertile et si admirablement située, n’était pas seulement d’un intérêt local, mais bien d’un intérêt général pour la France. La richesse de l’ensemble n’est-elle pas, en définitive, dans la richesse des parties?
M. Abbatucci était profondément pénétré de ces pensées. Il sentait en même temps quel bel avenir on pourrait créer à la Corse, et il tâchait de toute Son influence de propager et de faire partager ses sentiments.
Il intéressait ses collègues à ses sollicitudes pour notre île; il courait les grandes administrations, les ministères, les salons influents; partout il plaidait la cause de sa patrie. Il prononça deux discours chaleureux a la Chambre, où il fit ressortir tous les avantages qu’offre son pays.
Cependant la nouvelle royauté avait entièrement démasqué ses tendances. Abbatucci vit clairement que la cause de la Révolution était perdue. Dès lors il cessa de prêter son appui au gouvernement et se jeta dans les rangs de l’opposition. Les ministres furent étonnés de l’attitude d’un homme qu’avait appuyé le général Sébastiani. Celui-ci dut même donner des explications sur la conduite du jeune député. «N’ayez aucune crainte, répondit le général; je ramènerai quand et comme je voudrai ce jeune homme.»
Ce jeune homme fit bien voir qu’il n’était pas aussi traitable qu’on le disait bien, et qu’il ne faisait pas si bon compte de ses instincts démocratiques. Depuis longtemps son cœur et son esprit étaient gagnés à une cause pleine de grandeur et de popularité. Il avait enfin compris que ce drapeau de la France si illustre était la peau de lion sous laquelle le gouvernement orléaniste cachait le despotisme de l’argent et de la corruption. Gouvernement atteint de lâcheté et d’indignes faiblesses, achetant les alliances au dehors par de honteuses concessions, et des appuis au dedans par des places, des décorations, des faveurs, des honneurs.
Cependant la cause de la Corse, chaudement plaidée par Abbatucci, n’était pas servie au gré de ses désirs. Le député de l’arrondissement d’Ajaccio, animé d’un zèle tout patriotique, aspirait à voir se réaliser les utiles réformes qui pouvaient donner à son département la prospérité qu’il avait rêvée pour lui.
La prospérité d’une contrée dépend de la sollicitude de celui qui l’administre. Voilà pourquoi il était bien aise d’accepter l’administration de la Corse qu’on lui avait offerte quelques jours après la révolution de Juillet, avant d’être nommé député. — Dans ce poste important il pouvait beaucoup faire. Il aurait été là sur les lieux pour voir et pour agir. Une régénération complète pouvait peut-être sortir de l’administration qu’il voulait diriger.
Mais les malheureuses rivalités des hommes dérangent les plans les plus généreux. Le général Sébastiani eut connaissance de l’offre faite à M. Abbatucci et qu’appuyait fort M. Odilon Barrot; aussitôt il craignit que son antagoniste, une fois maître de l’administration et possédant ainsi une grande puissance d’action, ne vint à balancer et à détruire même son influence. Il ferma donc les yeux sur les avantages qui pouvaient résulter pour la Corse de la nomination de M. Abbatucci; il oublia les besoins de son pays, l’attente de ses compatriotes, de vieilles et intimes relations d’amitié. Il ne vit plus que sa personnalité menacée. Aussitôt il combattit ouvertement, dans le conseil des ministres, la candidature de M. Abbatucci.
L’âme grande et loyale de celui-ci ne comprit pas d’abord cette opposition du général. Mais bientôt il sut quels sentiments avaient guidé M. Sébastiani à lui opposer des obstacles.
Une rupture entre les deux anciens amis eut lieu quelque temps après; et M. Abbatucci et le général cessèrent de se voir.
Désormais va éclater entre eux une rivalité qui va devenir dangereuse pour Sébastiani, quelle que fût sa haute position.