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NEUVIÈME ÉTUDE.

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Table des matières

FORMES PRIMITIVES.

CYLINDROIDES. — PROPORTIONS. — MONUMENTS CONSIDÉRAS COMME CYLINDROIDES — COMME CRATÉROIDES — COMME TIGES. — PHARE DU CARROUSEL. — COLONNES RENFLÉES. — ORIGINE DE CETTE ERREUR. — COLONNETTES DES CATHÉDRALES. — CYLINDROIDES CÉRAMIQUES.

Il serait à souhaiter qu’on fit des observations critiques qui pussent fixer l’incertitude en déterminant les bornes précises et le point juste de division entre le trop haut et le trop bas, le trop grand et le trop petit dans tous les genres.

LAUGIER.

Le cylindre est une forme à parois perpendiculaires sur la circonférence d’une base circulaire.

Après de nombreuses observations sur les proportions les plus convenables à un cylindroïde céramique, nous avons adopté comme principe de beauté et de stabilité, qualités solidaires, des proportions facultatives qui seraient de trois fois au moins la demi-largeur ou rayon, et de trois fois au plus la largeur ou diamètre, comme mesures de la hauteur. Voir le n°1 de l’atlas des études céramiques.

En architecture on peut appliquer ce principe aux piédestaux, aux hémicycles, aux monuments, et aux intérieurs circulaires. Ainsi un dôme hémisphérique ayant en hauteur une demi-largeur pourra être élevé en dessus du sol de trois à six fois sa demi-largeur.

Le monument choragique de Lysicrate à Athènes, vulgairement appelé Lanterne de Démosthène, est un cylindroïde ayant en hauteur deux fois son diamètre mesuré à l’extérieur, de la base des colonnes au sommet de l’entablement, sous la cymaise de la corniche, pièce appartenant au toit. Cette construction est attribuée à l’époque où vivaient Démosthène, Apelle, Lysippe et Alexandre le Grand. Ajoutons que ce monument repose sur une base dont la hauteur totale est juste de trois demi-diamètres. Voir Stuart et Revett..

Lorsqu’une série d’observations consciencieuses dans un art sont confirmées dans un autre art par des monuments appartenant aux plus beaux temps de l’humanité, cet accord mérite une grande attention, car il révèle la présence des lois analogiques, les principes mêmes de la beauté.

Si l’on considère d’un point de vue général les proportions des cratéroïdes § pag. 41 on comprendra sans peine qu’un monument, vu en élévation, en silhouette, et dont le diamètre serait de deux à cinq fois la hauteur de l’édifice, peut être comparé à un cratéroïde, et que les proportions céramiques sont en même temps des proportions architecturales.

Le temple de Pæstum offre l’exemple le plus parfait des proportions extrêmes que nous avons assignées aux cratéroïdes: il a en largeur deux fois sa hauteur, si l’on regarde sa façade; et si on le considère latéralement, il offre encore un exemple parfait des proportions d’un cratéroïde ayant en largeur cinq fois sa hauteur; en ne comprenant dans la hauteur ni le haut de la corniche, qui fait partie du toit, ni les gradins, qui font partie du sol.

Antérieurement, et se conformant à la même loi, les architectes du Parthénon donnèrent en largeur à la façade deux fois sa hauteur, et ils ajoutèrent au sens en comprenant dans la hauteur de l’édifice les gradins et la corniche. L’exactitude de ces rapports ne laisse aucun doute sur l’existence du principe formulé d’une manière générale et appliqué avec une certaine indépendance individuelle par chacun des architectes. Ces différences dans l’application confirment le principe plus que l’indentité rigoureuse qui pourrait être le fait de copistes.

Dans le Parthénon, les angles latéraux du fronton indiquent clairement que le toit et la corniche sont distincts, outre les têtes de lion pour l’écoulement des eaux qui désignent l’épaisseur du toit sur les côtés. Ces deux parties différentes sont nettement séparées, mais les modernes les ont confondues généralement sous le nom de corniche et les ont employées simultanément dans la décoration des intérieurs.

Le grand temple quadrangulaire de Cérès à Éleusis, bâti par Corœbus, avait sur toutes ses faces quatre fois la hauteur en largeur. Le Panthéon d’Agrippa est remarquable par le peu d’élévation des parois qui supportent son dôme. L’intérieur de ce temple a les proportions d’un cratéroïde.

Lorsqu’un édifice excède en façade ou en largeur cinq fois sa hauteur, on peut le comparer à un discoïde pour les proportions, § p. 41. Laugier, qui possédait la philosophie de l’architecture, donne à ce sujet un avis excellent; il dit: «La largeur des façades des bâtiments en galerie n’excédera pas cinq fois leur hauteur; si la façade est plus longue, on se trouvera dans la nécessité de la couper par des pavillons de forme différente.» Voilà un précepte peu connu et peu suivi, mais tout à fait conforme à notre sentiment et à nos observations. Nous regrettons que la distance facultative entre les pavillons n’ait pas été indiquée par ce savant, et nous nous permettons de la fixer, par analogie, à deux fois au moins et à cinq fois au plus la hauteur de l’édifice prise comme mesure de la largeur. Ainsi, une façade qui aura en largeur cinq fois sa hauteur au plus et deux fois au moins, sera dans de justes limites, quelle que soit du reste la fraction, en moins dans le premier cas, et en plus dans le second. En ceci je diffère complètement de l’ingénieux Laugier; car notre œil ne comporte pas l’appréciation des petits rapports que le compas ou le mètre seuls peuvent découvrir. Des pavillons alternants et trop rapprochés, comme au Carrousel, forment une longue et monotone galerie qui, pour le bon effet, exigerait des coupures, des avant-corps, ou bien des pavillons suffisamment espacés.

Enfin, pour continuer l’analyse analogique de l’art céramique et de l’architecture, on pourrait comparer avec raison aux tiges céramiques (voir p. 41 ) les tours élevées, dont la hauteur excède trois fois le diamètre. Dans l’art céramique, une tige n’est possible qu’avec une base, un appui, mais quand il s’agit de masses architecturales vis-à-vis desquelles les agents extérieurs cessent d’être une cause de déplacement et de chute, la base est remplacée par le poids même de l’édifice, qui maîtrise les mouvements de l’atmosphère comme certains blocs isolés résistent par le même motif aux efforts de la mer. L’énorme pesanteur des tours, clochers, colonnes triomphales et des obélisques, rassure le spectateur par le sentiment d’une masse inébranlable, tandis que les modèles réduits des mêmes monuments sont d’un aspect stérile et inquiétant. Stérile, puisqu’il leur manque le principal mérite, celui du volume, et inquiétant, puisqu’il leur manque la stabilité qui résulte de la grandeur.

Au-dessous d’un certain volume, d’un certain poids, la beauté cesse avec la force qui naît des grandes dimensions; en ce cas, un point d’appui apparent doit rassurer le spectateur, soit sous forme de base, soit par des attaches qui seraient un motif d’ornement inusité jusqu’ici, mais d’une valeur réelle. Un phare ayant été construit sur le Carrousel, la forme choisie par l’architecte était celle d’une colonne placée sur un piédestal carré. Je ne blâmerai pas le non-sens et la vulgarité du choix, je constaterai seulement les résultats. Les dimensions mesquines, quoique classiques, de cette colonne, en firent une preuve de la proposition que j’avance, savoir: qu’au-dessous d’un certain volume la beauté cesse avec la force.

Bientôt on vit le malheureux phare appuyé de quatre poutres en étrésillons qui affligeaient l’aspect de cette grande place. Ces quatre étrésillons sont l’embryon, le germe d’une belle composition lampadaire, ils sont la plante du vase de Callimaque. Je suis loin de penser que nous n’ayons pas un artiste pour féconder ce germe, je regrette seulement que cela n’ait pas encore été fait.

Les colonnes ne sont pas des cylindroïdes, mais des conoïdes; cependant quelques architectes romains et modernes leur ont donné souvent la forme cylindrique dans leur tiers inférieur par des motifs inacceptables et que réfutent suffisamment les colonnes des beaux temps antiques. Cette rupture de la ligne simple doit son origine à l’emploi des monolithes de matière précieuse. Comme dans une colonne purement conoïde, le diamètre de la base implique un cylindre énorme, les monolithes manquant à ce développement, il a fallu se résigner à un défaut qui, par suite des temps, a été pris pour une règle de l’art.

Les cathédrales gothiques nous offrent, au contraire, mille exemples de la tige cylindrique dont elles tirent un de leurs principaux caractères. Ici les cylindres sont groupés, superposés, élancés du sol à la voûte, où ils se répandent en nervures admirables. Les colonnettes de nos cathédrales rappellent ces minarets, hardis cylindres, échelonnés de la terre au ciel dans les régions orientales d’où sans doute nous est venue l’ogive chrétienne.

Si nous portons nos regards sur la céramique des anciens, nous ne voyons que de rares exemples de la forme cylindrique. La galerie de Munich, une des plus riches de l’Europe, possède néanmoins un cylindroïde assez pur: c’est un vase d’environ 60 centimètres de hauteur avec une embouchure légèrement campaniforme. Ce vase est isolé sur un pied discoïde; on pourrait lui donner le nom de vase de Sapho dont il porte l’image. La collection du comte de Lamberg offrait un autre exemple de cylindroïde, mais à col conoïde. Le corps des Lecylos fort en usage à Athènes se rapprochait souvent du Cylindre. Nous avons vu plusieurs cylindroïdes apportés récemment de la Chine. Ces pièces de porcelaine étaient de la plus grande dimension et de la plus grande beauté. La forme cylindroïde est peu usitée parmi nous malgré sa simplicité, et peut-être à cause de sa simplicité. La ville de Genève est la seule où nous ayons rencontré des ustensiles céramiques en grand nombre, d’une forme cylindroïde, et assez bien proportionnée. Le n° 1 (Atl. céram.) représente une fontaine; sa forme cylindroïde a été motivée par la destination même du vase dans lequel on introduit les diaphragmes d’un philtre.

Études céramiques

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