Читать книгу Vies des enfants célèbres de tous les temps et de tous les pays : Panthéon de la jeunesse - Julien Caboche - Страница 3
ОглавлениеINTRODUCTION.
En écrivant la vie des enfants célèbres, en la proposant à l’admiration d’enfants comme eux, l’auteur n’a pas eu, Dieu merci, la folle pensée de faire naître dans le cœur de ses jeunes lecteurs l’amour d’une célébrité précoce. Il n’est pas cependant de ceux qui condamnent absolument la noble ambition de la gloire comme indigne de la véritable modestie et de l’humilité chrétienne. Mais il met le bonheur au-dessus de tous les biens, et il ne croit pas que la célébrité soit le bonheur.
Nous vivons sous une forme de gouvernement qui excite et légitime toutes les ambitions; nous vivons dans un siècle où chacun est entraîné par des désirs immodérés de fortune et de luxe. La célébrité donne assez souvent les richesses, et l’amour de la célébrité a gagné tout le monde: depuis le boutiquier le plus obscur jusqu’à l’orateur, le poëte le plus célèbre, chacun cherche à faire proclamer son nom par les mille voix de la publicité.
L’auteur ne saurait assez condamner son livre s’il avait, en le publiant, donné un nouvel élément, quelque minime qu’il soit, à cette maladie de notre époque.
Il ne croit pas être tombé dans cette faute grave. S’il a parlé, comme cela était nécessairement de son sujet, des enfants qui ont acquis la célébrité par leurs talents précoces, s’il leur a payé un juste tribut d’admiration et de louanges, il n’a jamais déguisé les dangers et les tourments de la gloire.
Les auteurs qui ont écrit jusqu’à ce jour la vie des enfants célèbres n’ont parlé, pour la plupart, que des enfants qui ont brillé par des qualités phénoménales, des talents extraordinaires. On n’a pas cru, dans cet ouvrage, devoir suivre un pareil exemple.
Les vertus simples, naïves, obscures de la famille, les qualités du cœur ont eu aussi leurs jeunes héros: des enfants se sont distingués par des actes de courage, de dévouement, de probité, de bravoure, de bienfaisance; on les a recherchés avec un soin scrupuleux, avec une sollicitude empressée. On n’a fait aucune distinction entre les vertus privées et les vertus publiques. On a placé sur la même ligne l’immortelle Jeanne d’Arc, Mlle Julie d’Angenne et la pauvre Mariette, le savant Pic de la Mirandole et l’industrieux et bon Micheli.
Ces enfants d’aujourd’hui, ceux qui seront des hommes actifs et puissants quand l’âge ou la mort nous aura glacés, la génération qui vient sera-t-elle plus instruite que la génération qui s’en va? Il faut bien l’espérer. La statistique nous l’assure; elle nous dit chaque année combien d’écoles nouvelles ont été ouvertes, à combien s’élève le chiffre des enfants qui les fréquentent. Nos fils seront donc plus savants que leurs pères; seront-ils meilleurs? Élevés dans les loisirs de la paix, sous un gouvernement populaire, formeront-ils un peuple plus grand, plus uni, plus honorable, plus dévoué que nous, qui avons reçu l’éducation au milieu des tourments de la guerre, ou sous un gouvernement d’aristocratie? Grave question qu’il importe d’examiner aujourd’hui et non pas demain. L’éducation fait les hommes, et quand les hommes sont faits, il faut les subir leur vie durant, et la vie d’une génération est longue.
Assez de livres sont faits pour l’instruction de la jeunesse; celui-ci aura rempli son but s’il est de quelque utilité pour son éducation. L’auteur ne songe jamais sans frémir à l’indifférence religieuse qu’on affiche dans la plupart des colléges de France, où un professeur n’ose pas le plus souvent prononcer devant ses élèves les mots sacrés religion et morale. Pour lui, il regarde le christianisme comme la plus simple et la plus sublime de toutes les religions, comme le dernier mot, la plus parfaite expression de toute civilisation. Il n’a cessé de faire ressortir dans tout le cours de cet ouvrage les divines vérités qu’il enseigne.
On n’a pas seulement écrit la vie des enfants morts au sein de leur gloire précoce, on a pensé que ce serait une lecture pleine de pénibles émotions que celle de cette longue suite d’enfants moissonnés à l’aurore de la vie.
On a donc admis dans ce Panthéon de la Jeunesse, non-seulement les enfants célèbres, mais encore ceux qui, après une jeunesse obscure, mais laborieuse, sont devenus des hommes éminents. Ces dernières existences sont plus fécondes en enseignements et peut-être aussi en intérêt. N’est-ce pas, en effet, un spectacle consolant que de voir de pauvres enfants lutter avec une persévérance intrépide contre le malheur de leur naissance, et s’élever par leurs propres forces jusqu’aux plus hautes positions sociales? Ces exemples, assez communs, prouveront aux enfants que la considération et la fortune ne manquent jamais d’arriver à ceux qui les veulent conquérir par le travail et l’étude.