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ACTE TROISIÈME.

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SCÈNE PREMIÈRE.

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La scène représente une forêt.

JONATHAN, un Jeune Homme, un Soldat.

(Jonathan et bon serviteur arrivent. )

JONATHAN.

Quelles heureuses nouvelles nous allons porter au Roi. Les Philistins sont en déroute et tournent leur fureur contre eux-mêmes, ne sachant où trouver l’ennemi. Combien ils seront surpris, quand ils apprendront que deux hommes seuls ont fait tout ce ravage!

LE JEUNE HOMME.

Laissez-moi vous devancer au camp pour engager le Roi à faire marcher aussitôt ses troupes.

JONATHAN.

Tu n’auras pas besoin d’aller bien loin, car j’aperçois d’ici de grands nuages de poussière; je vois briller les hoyaux et les fourches des enfans d’Israël. Va donc vers mon père et apprends-lui ce qui est arrivé, afin que je rentre en grâce auprès de lui.

( Le jeune homme sort.)

La fatigue commence à saisir mes membres. Je me sens bien altéré, et j’éprouve un grand besoin de manger; il est impossible de trouver quelque nourriture ici; mais voyons si la forêt ne cache pas une source.

(Il cherche de divers côtés et s’arrête devant un arbre

mutilé.)

Oh! bonheur; voici du miel, je vais en prendre un peu.

(Il y goûte à plusieurs reprises; pendant ce tems des

soldats de l’armée israélite arrivent sur le théâtre. )

UN SOLDAT.

Quel est celui qui ose désobéir à Saül? arrêtons-le, et qu’il soit conduit au Roi.

JONATHAN.

Soldats, n’approchez pas de moi; je suis le prince Jonathan.

LE SOLDAT.

Alors, malheur sur vous et sur nous tous, votre perte sera la ruine d’Israël

JONATHAN.

Je ne vous comprends pas; mais au lieu de me plaindre réjouissez-vous plutôt avec moi. Les Philistins sont en déroute. Hier vous me refusiez tous de venir les attaquer; mon serviteur et moi, nous avons seuls accompli mon projet avec un plein succès.

LE SOLDAT.

Si cela est, il ne doit pas tomber un seul cheveu de ta tête.

JONATHAN.

Le Roi, mon père, a-t-il résolu ma mort?

LE SOLDAT.

Non; mais hier un jeûne absolu a été prescrit à toute l’armée, sous peine de mort.

JONATHAN.

Je n’étais pas au camp lorsque l’ordre en est parvenu. Mon père m’excusera auprès de mon oncle.

LE SOLDAT.

C’est le Roi lui-même qui s’est engagé par serment à punir de mort le coupable, fût-il son propre fils.

JONATHAN.

Que le Seigneur daigne me prendre sous sa sauve-garde!

LE SOLDAT.

On va camper dans cette forêt, et Saül dirige aujourd’hui les troupes.

SCÈNE DEUXIÈME.

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LES MÊMES, JISCUI, MALKISCUAH.

JISCUI.

Ah! vous voilà, Jonathan, à votre air contristé il est facile de voir que votre courage s’est démenti en route.

JONATHAN.

Non, mon frère, et ma tentative a pleinement réussi.

MALKISCUAH.

Quoi! les Philistins auraient reculé devant vous!

JONATHAN.

Oui.

MALKISCUAH.

Pour ma part, grâce au jeûne prescrit parle Roi, je ne serais guère capable, en ce moment, de tenir tête à l’ennemi; et vous, mon frère, je suppose qu’après vos exploits vous devez aussi être cruellement tourmenté par la faim.

JONATHAN,

Dans l’ignorance où j’étais de la volonté du Roi, j’ai goûté à un rayon de miel.

JISCUI.

Ah! mon frère, qu’avez-vous fait?

JONATHAN.

Je suis résigné à subir mon sort.

MALKISCUAH,

Pauvre Jonathan!

SCÈNE TROISIÈME.

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LES PRÉCÉDENS, SAUL, DAVID, LA REINE, LES PRINCESSES, des Officiers.

SAUL.

Mon fils Jonathan, je viens d’apprendre ce que nous vous devons tous, et mon cœur se réjouit d’avoir un fils tel que vous.

JONATHAN.

C’est déjà trop pour moi, mon père, que vous oubliyez votre colère d’hier.

SAUL.

Mon cœur est plein de tendresse pour vous, et voici votre mère et vos sœurs qui ne se lassent point de répéter vos louanges. Il a plû au Seigneur de m’accabler de dons en ce jour, malgré les prophéties de Samuël; et je dois vous présenter, mon fils, ce nouveau serviteur (il désigne David), dont le talent sur la harpe endort mes douleurs, et rend toujours à propos le calme à mes esprits.

JONATHAN.

Souvent le Seigneur frappe ses plus rudes coups alors que l’homme se réjouit.

SAUL.

Prince, ce langage me blesse; ne recommencez pas à vous faire l’interprète de Samuel.

JONATHAN.

Mon père, un grand malheur vous attend.

JISCUI bas à Malkiscuah.

Il a résolu de se perdre lui-même.

SAUL.

Parlez donc, malheureux; rappelez le glaive dans mon sein. Venez troubler de nouveau ma raison qui commençait à se raffermir. Je sens déjà mes membres qui frémissent. Je vais retomber sous l’obcession du malin esprit.

LA REINE.

Mon fils, quel est donc votre dessein?

JONATHAN.

Ah! puissé-je exciter vos ressentimens jusqu’à vous rendre moins cruelle coup qu’il me reste à frapper!

SAUL.

Mon fils, je vous ordonne de parler sans détour.

JONATHAN.

Grand roi, un Israélite a rompu le jeûne.

SAUL.

Sa vie me répondra de sa désobéissance. Cet homme, quel est-il?

JONATHAN.

Moi!

LA REINE ET LES PRINCESSES. (Elles viennent

se jeter aux pieds de Saül.)

Grâce! grâce, pour votre fils..., pour notre frère!

SAUL.

Les sermens faits au Seigneur sont irrévocables. Jonathan doit mourir.

LA REINE se tournant vers les officiers.

Braves Israélites, vous ne souffrirez pas que cet acte barbare s’accomplisse; je remets la vie du prince sous votre sauve-garde, et si le sang humain doit plaire au Seigneur, je m’offre pour victime à la place de mon fils.

JONATHAN.

Ma mère, n’apprenez pas à vos sujets à méconnaître l’autorité du roi.

LA REINE.

Eh! que m’importe ce sceptre et sa puissance mensongère. Ne sommes-nous pas chaque jour en péril de voir le peuple se révolter contre nous? Et Saül serait maître absolu, seulement alors qu’il s’agirait de frapper de mort un de ses fils. Soldats, voici l’instant d’opposer la force aux volontés d’un père insensé ; répondez à ma voix; parlez, laisserez-vous mon fils périr?

( Les officiers s’avancent, entourent Jonathan, et l’un

d’eux porte la parole. )

L’OFFICIER.

Jonathan a sauvé Israël, nous ne laisserons pas tomber un cheveu de dessus sa tête.

LA REINE.

Saül, vous l’entendez; voulez-vous maintenant lutter contre l’opposition de l’armée?

SAUL.

Vous sauvez Jonathan; mais vous nous perdez tous.

JONATHAN.

Mon père, qu’il soit fait selon votre jugement.

SAUL.

Malheureux prince, pourquoi m’avez-vous désobéi!

JONATHAN.

J’étais loin du camp, lorsque vous avez annoncé le jeûne. Aucun avis ne m’en est parvenu, tandis qu’avec mon seul homme d’armes, je mettais les Philistins en déroute. Accablé de fatigue, et saisi par une soif brûlante, je revenais vers vous avec l’espoir d’avoir mérité votre suffrage. En passant dans la forêt, j’ai découvert un rayon de miel dans le creux d’un arbre; à peine en avais-je goûté, que des soldats sont survenus, et m’ont appris mon crime involontaire.

LES OFFICIERS.

Il n’est pas coupable; le prince ne mourra pas.

MICAL.

Mon père, dites comme eux?

SAUL.

Je renonce, à le punir.

LA REINE.

Que le Seigneur vous comble de bénédictions!

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