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ACTE QUATRIÈME.

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David est dans un champ au milieu de ses

brebis. Sa harpe est près de lui.

SCÈNE PREMIÈRE.

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DAVID seul.

DAVID.

Maintenant que le roi n’a plus besoin de moi, je reprends avec joie mon service de pasteur. Les honneurs de la cour me tentent peu, et hors l’affection du prince Jonathan et celle de la princesse Mical, je ne regrette pas ma faveur passagère dans la famille de Saül. En me prédisant une haute fortune, le pontife Samuël s’était étrangement trompé. Les desseins de Dieu sur moi se bornaient à m’envoyer au secours du père de Jonathan.

SCÈNE DEUXIÈME.

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DAVID, JONATHAN.

JONATHAN.

Je vous cherchais partout, fils d’Isaï, car votre départ m’a plongé dans le chagrin. Hélas! moi aussi, je dois quitter mon père. Saül ne sait plus reconnaître entre les siens quels sont les serviteurs fidèles; il vient de me nommer à un gouvernement éloigné, comme si les Philistins étaient à jamais vaincus.

DAVID.

Est-il bien vrai que le Roi se sépare volontairement de son plus brave défenseur?

JONATHAN.

Mes frères m’ont desservi dans l’esprit de mon père. Ce qui m’afflige le plus en lui, c’est de penser qu’un péril inattendu peut surprendre le Roi, et que je ne serai pas là pour l’en garantir.

DAVID.

Prince, vous pouvez du moins compter sur mon zèle.

JONATHAN.

Votre bonne volonté est sans bornes, et si mon père retombait malade, je sais que vous iriez encore charmer son mal en jouant de la harpe auprès de lui. Mais ce n’est pas seulement l’esprit malin que je redoute pour Saül. Les Philistins peuvent fondre à l’improviste sur l’armée, et alors où serait l’homme capable de conduire nos soldats à la victoire?

DAVID.

je ne craindrais pas de me mesurer contre dix Philistins.

JONATHAN.

La jeunesse trahirait en vous la bonne volonté.

DAVID.

Prince, ne me méprisez pas pour la petitesse de ma taille; car, sous ces frêles dehors, le Seigneur m’a doué d’une grande vigueur, depuis le jour où Samuël a versé l’huile sainte sur mon front.

JONATHAN.

Samuël aurait désigné en vous le successeur de mon père?

DAVID.

Que cet aveu ce vous porte point à la colère contre moi, prince, jusqu’à ce qu’il plaise au Seigneur d’opérer, par sa seule volonté, un si grand miracle, vous et les vôtres n’aurez pas de plus fidèle serviteur que moi.

JONATHAN.

Ah! je reconnaist rop que vous dites vrai, David, et si un jour vous portez la couronne, je réclame l’honneur de marcher immédiatement après vous.

DAVID.

Jurons-nous une éternelle alliance devant le Seigneur.

JONATHAN.

Je m’engage solennellement, en sa présence, à vous aimer en frère jusqu’au jour où je vous servirai avec le respect du à un maître. Avant de partir je ferai remettre chez vous mon manteau, men épée, un arc, ce baudrier, que je vous prie de garder en mémoire de moi.

DAVID.

Mes présens, à moi, seront les dépouilles de deux ennemis que je peux vous montrer étendus morts à quelques pas d’ici.

(Ils s’avancent vers un fosse. )

JONATHAN.

Un lion! et un ours! quelle main les a terrassés?

DAVID.

La mienne. Je paissais tranquillement les troupeaux de mon père. Ces deux animaux arrivèrent et voulurent emporter une brebis; je courus après eux, j’arrachai la brebis de leur gueule, et les prenant tous deux par la mâchoire je les frappai si rudement l’un contre l’autre que je les tuai.

JONATHAN.

Si vous prenez les armes contre les Philistins, la victoire ne sera plus douteuse. Adieu, mon frère, je vous recommande la personne de Saül.

DAVID.

Je le défendrai comme si c’était vous-même.

(Jonathan s’en va.)

SCÈNE TROISIÈME.

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MICAL, suivie d’une de ses femmes, DAVID, Un Héraut d’armes.

MICAL à sa suivante.

C’est à peine si j’ose marcher en sécurité par ici; j’ai toujours peur des ennemis, ou des bêtes féroces, et personne ne se présenterait pour nous protéger.

(Elle passe.)

DAVID à part.

La princesse ne se souvient déjà plus de moi. Je vais lui faire entendre ma harpe, afin qu’elle sache que son fidèle serviteur n’est pas loin.

( Il joue un air mélancolique.)

MICAL revenant

David est ici! Quoi! ce serait lui qui garde les moutons: La faveur de mon père est-elle de si courte durée?

(Elle s’approche du berger. )

Fils d’Isaï, pourquoi avez-vous quitté la cour de Saut?

DAVID.

Mes frères commençaient à murmurer contre mon élévation subite, et pour rendre la paix au vieil Isaï, je suis revenu prendre l’emploi pour lequel j’ai été élevé.

MICAL.

Jonathan n’a-t-il pas cherché à vous retenir?

DAVID.

Ce prince aussi a quitté la cour, et j’ai, tout à l’heure, reçu ses adieux ici. Ainsi que les miens, les frères du prince Jonathan sont toujours prêts à le persécuter.

MICAL.

Tems déplorables! Je suis partie seulement depuis deux jours pour venir consulter Samuël à Bethléem, et déjà tous ces changemens sont accomplis.

(Un Héraut d’armes traverse la plaine. )

Oh! sans doute, je vois encore un messager de malheur dans cet homme; David, veuillez l’appeler vers moi.

(David va au devant du Héraut.)

Êtes-vous en course pour ordonner une nouvelle levée d’armes dans les tribus?

LE HÉRAUT.

La désolation est répandue partout.

MICAL.

Qu’est-il arrivé ?

LE HÉRAUT.

Un géant appelé Goliath, est venu du camp des Philistins; il ravage les terres des Israélites, enlève les hommes, les femmes et les enfans, sans qu’il soit possible d’arrêter son bras... Saül tremble sur son trône; il a promis d’immenses récompenses et la main de sa fille aînée, la princesse Mérab, à celui qui lui rapportera la tête du géant.

DAVID.

Si j’étais prince, au lieu d’être un simple berger, je me battrais avec joie contre le géant; mais il faudrait que le Roi me laissât le choix de l’une de ses filles.

MICAL.

Ma sœur est recherchée en mariage par Hadriel, prince méholathite.

LE HÉRAUT.

Quand le roi a dit que le vainqueur du géant appelé Goliath épouserait sa fille, il n’a excepté aucun rang de la concurrence.

DAVID.

Eh bien! je marcherai au combat avec désintéressement et pour le seul honneur du peuple d’Israël; car ma présomption est loin de s’élever aussi haut que sur la fille d’un roi.

MICAL.

Si le Seigneur est propice à mes vœux, vous triompherez; et le roi trouvera bien une de ses filles disposée à répondre pour sa promesse.

DAVID.

Héraut, dis-moi où je dois trouver Goliath pour le combattre.

LE HÉRAUT.

Il est dans le camp de Mic-Mas.

MICAL.

Je retourne auprès de Saül pour lui annoncer que j’ai trouvé un généreux défenseur.

La toile se baisse.

— Mical ferait mieux de laisser David parler lui-même, car je suppose bien qu’on va fort se moquer des prétentions du berger à la cour, et cependant......

Cette réflexion était de Wilhelm, sa mère lui posa sa main sur la bouche: —Paix! enfant bavard, lui dit-elle, laissez le plaisir de la surprise à ceux qui sont moins savais que vous.

— Samuël a prédit que David serait roi, interrompit une petite fille; à qui donnera-t-il ses moulons quand il ira demeurer dans le palais?

— Voilà une belle question, reprit Wilhelm; comme s’il manquait de pauvres gens dans le village de Bethléem. Son père et ses frères habiteront son palais, et il pourra donner ses troupeaux à Samuël.

— Oh non, dit vivement la petite fille, le grand prêtre les sacrifierait et j’en aurais trop de chagrin.

— Tu aimerais mieux les manger toi-même que de les offrir à Dieu.

— Je ne pensais plus qu’on tuait des moutons à présent, et je trouvais les Israélites un peu méchans.

Théâtre de marionnettes

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