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CHAPITRE VII.

Table des matières

CE QUE MLLE THÉRÈSE EN PENSAIT.

Au déjeuner, Suzanne entendit justement sa petite mère et son bon papa parler de Paul et de Mlle de Montlaur.

Une phrase, qui échappa à M. de Beaucourt, ne fut pas perdue pour Suzanne.

En se levant de table, M. de Beaucourt avait dit en forme de péroraison:

— Avant tout, il faudrait savoir ce qu’Elle en pense!

Elle, c’était évidemment Thérèse.

Cela ne faisait point de doute pour Suzanne:

— Eh bien, se dit-elle à elle-même, moi, je le saurai, ce qu’Elle en pense!

Dans la journée, pendant que Mme de Sannois et Mme de Montlaur étaient assises sur la plage, Suzanne prit Thérèse par la main en demandant la permission de se promener.

On la lui accorda, à la condition qu’elle ne s’éloignerait pas.

Suzanne entraîna Thérèse. Quand elles furent à une certaine distance de leurs mères, Suzanne trouva une place si belle, d’où l’on voyait si bien l’horizon, qu’elle força sa grande amie à s’asseoir auprès d’elle:

— Tu sais, dit-elle à brûle-pourpoint, que Paul est parti ce matin?

— Oui, répondit Thérèse avec étonnement, sans deviner où Suzanne voulait en venir.

Suzanne garda quelques instants le silence, puis elle dit:

— Il était bien triste, Paul, ce matin.

Mlle de Montlaur, voulant détourner la conversation, s’écria:

— Regarde donc ce bateau qui vient là-bas! Est-il secoué par les vagues!

Suzanne ne se donna même pas la peine de regarder et, fidèle au plan qu’elle s’était tracé, elle continua très calme:

— Il t’aime bien, Paul, sais-tu?

— Mais quelles sont ces questions? dit Thérèse vivement. Je ne sais pourquoi vous me parlez ainsi de votre frère. Vous finissez par m’impatienter!

— Oh! murmura Suzanne avec un accent de reproche, oh! tu ne l’aimes donc pas, toi?

Et, comme elle fixait ses yeux sur Thérèse, elle la vit rougir, en proie à une vive émotion.

— Allons-nous-en! dit Mlle de Montlaur d’une voix brève; on nous attend.

Suzanne se leva et suivit sa grande amie.


Elle était toute joyeuse, car le trouble de Thérèse était pour elle la meilleure des réponses.

Suzanne croyait en savoir assez maintenant.

Pourtant, avant d’atteindre l’endroit où se tenaient les deux mamans, elle s’approcha de Thérèse et lui prit la main. Puis, à voix basse, elle dit:

— Alors, tu ne veux pas être ma belle-sœur?

Cette fois encore, Thérèse ne répondit pas; mais Suzanne sentit sa main pressée d’un mouvement rapide et affectueux par la main de son amie.

Et Thérèse, regardant enfin Suzanne, ne put s’empêcher de murmurer:

— Chère petite!

— Ah! s’écria Suzanne, il faut que je t’embrasse.

Elle lui sauta au cou, et dans le creux de son oreille rose elle lui glissa ce seul mot:

— Merci!

Au moment où, toutes deux, elles arrivaient auprès de leurs mères, celles-ci échangèrent un coup d’œil et cessèrent aussitôt de parler.

Cela n’échappa point à Suzanne, qui devinait bien le sujet de la conversation.

— Comme tu es animée, ma chère enfant! dit Mme de Sannois; tes yeux brillent d’une façon extraordinaire.

— C’est que je suis bien contente! dit Suzanne en regardant Thérèse, qui lui faisait des signes pour qu’elle gardât le silence sur ce qui s’était passé.

Les gestes de Thérèse et la joie de Suzanne devaient forcément s’expliquer.

— Qu’as-tu donc, Thérèse? demanda Mme de Montlaur.

— Et pourquoi es-tu si contente? dit Mme de Sannois à sa fille.

Alors Suzanne s’approcha de sa mère et lui dit doucement, mais sans se cacher de Mme de Montlaur, et en montrant Thérèse:

— Parce que je sais ce qu’Elle en pense!

A ces mots, Thérèse devint plus rouge encore qu’elle ne l’était tout à l’heure, et Mme de Montlaur, ne comprenant pas encore, interrogea Mme de Sannois.

Celle-ci, un moment étonnée et indécise, finit par dire à Suzanne:

— Comment? tu nous avais donc entendus ce matin, et tu avais deviné ce que bon papa voulait dire?

Suzanne fit un signe de tête:

— Voyez-vous, la petite sournoise! dit Mme de Montlaur en souriant.

— Et la petite rusée! ajouta Mme de Sannois en embrassant sa chère fillette. Alors, tu as découvert le secret de Thérèse? C’est donc vrai, ma chère enfant, dit-elle en s’adressant à Mlle de Montlaur, mon fils ne vous est pas indifférent?

Thérèse ne répondit qu’en se jetant au cou de sa mère.

Voilà de quelle façon Mlle Suzanne avait fiancé sa grande amie Thérèse avec son grand frère Paul.

Tout le monde se trouvait donc heureux, et on n’attendait plus que le retour de M. de Sannois pour lui demander un consentement qui semblait assuré, lorsque sa lettre arriva, jetant l’inquiétude dans l’esprit de Mme de Sannois, de M. de Beaucourt et naturellement aussi de Suzanne.

Paul était trop ému pour ne pas prendre sur l’heure le renseignement que son père considérait comme très important; et il quitta aussitôt le salon pour se rendre chez Mme de Montlaur.

Les pourquoi de mademoiselle Suzanne

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