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Quelles sont, dans un Etat, les personnes non-libres?

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ON a dit qu’un roi n’est pas libre ; mais on n’en a jamais donné, que je sache, la véritable raison. Un roi n’est pas libre, parce qu’il n’est pas sous la protection des lois civiles; c’est-à-dire, parce qu’il ne possède rien pour lui-même, parce que sa personne est dévouée à l’État, c’est un être à part; il est inviolable, mais c’est comme roi; le citoyen, l’individu disparaissent en lui: il est roi.... il n’est pas autre chose.

C’est ce qui fait qu’un roi, n’étant jamais placé entre son intérêt personnel et l’intérêt général, ne peut que désirer le bien-être de ses peuples, comme le berger ne peut avoir d’autre ambition que de voir prospérer son troupeau. Le trône ne garantit pas celui qui l’occupe de l’erreur; mais, c’est tout ce qu’il y a à craindre en lui: le meilleur prince est celui qui se trompe le moins.

Les ministres sont dans une position différente. Ils ont, comme individus, leurs intérêts personnels, et comme agens, l’intérêt de l’État. Ces deux intérêts se confondent quelquefois: ils se confondent, quand l’amour de la gloire et les jouissances d’un amour-propre bien entendu leur font chérir leurs devoirs: mais cela n’arrive pas toujours; et voilà pourquoi il est plus désirable pour les sujets, qu’ils soient gouvernés par leur prince que par ses ministres.

Il suit du mélange des deux positions, que les ministres et tous les gens en place ne jouissent pas d’une liberté entière; leurs propriétés et leurs personnes ont besoin de protection. Sous ce rapport, ils participent aux avantages de la société ; ils sont libres, comme protégés; ils sont esclaves, comme protecteurs: gouverner, c’est servir.

De la liberté considérée dans ses rapports avec les institutions judiciaires

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