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PRÉFACE.

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COMBATTRE les opinions pernicieuses, lorsqu’elles se propagent dans la société, est le devoir de tout écrivain qui s’occupe de matières politiques.

Défendre des vérités qui ne sont pas contestées, déclamer contre l’autorité absolue, sous un gouvernement modéré, et contre l’anarchie, lorsque l’ordre public est solidement établi, est une chose au moins inutile, si elle ne blesse pas les convenances.

Mais c’est le comble de la bassesse que de n’écrire que pour flatter l’autorité ou le public, et pour les entretenir dans des erreurs qui leur plaisent.

Je signalai, en 1788, les abus de l’ancien ordre judiciaire, lorsqu’ils étaient dans toute leur vigueur, et en face d’une magistrature encore puissante.

Mais, je ne tardai pas à m’apercevoir que les nouveaux abus qu’on voulait introduire étaient pires que les anciens, et j’en dis aussi ma pensée, malgré la défaveur qui poursuivait les amis de l’ordre et des principes.

J’ai défendu ouvertement, en 1815, l’ordre public, attaqué par les passions, au risque de déplaire à ceux que je voulais servir

A présent que je vois la liberté méconnue, la justice impuissante, les fausses doctrines préconisées, des signes précurseurs du désordre, qu’il me soit permis, quelque faibles que soient mes moyens, de jeter quelques gouttes d’eau sur ces brasiers prêts à s’enflammer, (je devrais dire à présent mal éteints); et de voir s’il ne serait pas possible de calmer les esprits, en les éclairant.

Ce ne sont pas les constitutions qui nous ont manqué depuis trente ans. Nous avons eu une monarchie démocratique, une république, du moins en peinture, un directoire de cinq membres, un consulat à vie, le despotisme d’un seul: enfin, notre roi légitime a été rendu à nos vœux, et il nous a donné une Charte que nous avons reçue avec transport; et cependant quels fruits avons-nous retirés de toutes ces épreuves? Beaucoup de folies et de malheurs, avec quelques intervalles de calme et d’espérance. Y aurait-il donc dans cette constante instabilité une cause secrète qui eût été ignorée ou dissimulée? serait-il vrai que les lois et les constitutions ne suffisent pas pour rendre les peuples heureux? C’est un problème sur lequel je me propose de répandre quelques lumières.

Les opinions que je vais professer, je les avais en 1790, et une longue et triste expérience n’a fait que les confirmer.

Les malheurs que j’ai éprouvés dans la révolution, les fonctions publiques que j’ai exercées, sans autre interruption depuis quarante ans, que celle qui m’était prescrite par l’honneur et par ma conscience, la méfiance de mes forces et le découragement qui, plusieurs fois, m’ont fait abandonner mon entreprise; mon éloignement, depuis plus de quatre ans, du continent français, et de toutes les sources d’instruction, ont retardé jusqu’à présent l’achèvement de cet ouvrage. Tout imparfait qu’il est, je ne puis plus en différer la publication; je touche au terme de ma carrière; bientôt je ne serai plus en état que de me réjouir, ou de gémir en moi-même, sur le bien ou le mal qui se fera dans ma patrie, et je veux, avant qu’il n’en soit plus temps, m’épargner le reproche, je dirais presque le remords, d’avoir sacrifié à mon repos des observations que je crois utiles.

Quoique j’attaque beaucoup d’opinions, mon intention n’a jamais été d’irriter aucun parti. Je suis persuadé que c’est moins à la dépravation du cœur qu’aux égaremens de l’esprit, qu’il faut attribuer les excès de notre révolution. Si l’erreur n’y avait pris aucune part, nous n’aurions pas eu à déplorer tant de crimes. J’ai vu beaucoup d’honnêtes gens ramenés par l’expérience à des idées saines; pourquoi la raison et une réfutation modérée des mauvais principes, ne pourraient-elles pas avoir le même résultat?

C’est cette idée qui m’a soutenu dans mon travail: puissé-je léguer à une plume plus exercée et plus éloquente le soin de donner au Principe Conservateur la force et le développement qu’on ne trouvera pas dans cet écrit.

De la liberté considérée dans ses rapports avec les institutions judiciaires

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