Читать книгу De la liberté considérée dans ses rapports avec les institutions judiciaires - Mézard - Страница 34

De l’utilité publique.

Оглавление

J’AI souvent invoqué l’utilité publique; parce que le bien général, c’est le bien de tous; c’est la liberté qui est ce qu’il y a de plus utile au monde; mais, à quels signes peut-on reconnaître l’utilité publique? Aux mêmes signes qui font reconnaître la liberté : ce sont deux choses inséparables l’une de l’autre. Tout ce qui est favorable aux personnes et aux propriétés; tout ce qui en assure la paisible jouissance; tout ce qui donne de la sève à ces deux branches fondamentales de l’économie publique, d’où sortent toutes ses autres ramifications; tout ce qui en élague les rameaux parasites, tout ce qui en écarte les vers rongeurs, l’intempérie des passions, tout ce qui les défend contre le souffle infect de l’arbitraire, de l’injustice, de la tyrannie, tout cela est utile, tout cela produit la liberté : bien précieux, qui ne serait plus une chimère, s’il était mieux connu.

Mais il ne faut pas confondre le bien général avec l’intérêt du plus grand nombre, pour en conclure que celui-ci doit toujours l’emporter sur l’intérêt particulier. Car le bien général embrasse tous les citoyens. Mais, il n’en est pas de même de l’intérêt du grand nombre, qui ne doit prévaloir sur l’intérêt privé qu’autant que la sauve-garde des personnes et des propriétés ne sera pas violée. C’est un principe qui intéresse la société entière, et sans lequel il n’y aurait de sûreté pour personne. S’il était permis à tous ceux qui ne sont pas contens de leurs lots, et qui forment la majorité, de demander un nouveau partage, ne serait-ce pas violer la première condition du pacte social, qui lie tous les citoyens les uns aux autres?

De la liberté considérée dans ses rapports avec les institutions judiciaires

Подняться наверх