Читать книгу La vigne en France et spécialement dans le Sud-Ouest - Romuald Dejernon - Страница 26
CHAPITRE QUATRIÈME
ОглавлениеCAUSES DE LA NON-EXTENSION DE LA VIGNE EN FRANCE, DANS LE PASSÉ.
A une époque positive comme celle à laquelle nous vivons, ce que l’on demande à un travail, c’est un but d’utilité ; et ce travail, pour satisfaire aux justes exigences du public, doit autant montrer les erreurs du passé et en rechercher les causes, que signaler les espérances de l’avenir et les éléments sur lesquels il s’appuie. C’est ce que nous allons essayer de faire brièvement; nous n’avancerons que des faits vrais ou des idées que nous croyons utiles; et si nous sommes conduits à déverser le blâme sur une institution, c’est que nous sommes convaincus qu’elle est funeste à l’intérêt général, comme au progrès économique et social de la France. — En un mot, voulant servir, dans la mesure de nos forces, les intérêts viticoles de notre pays si longtemps méconnus, nous avons pensé que le meilleur moyen de leur venir en aide et de les éclairer, était de dire toute la vérité sur eux, de faire rayonner cette vérité, quand elle était obscurcie systématiquement ou par ignorance, enfin de la défendre quand elle était attaquée.
Devant les résultats heureux qu’assure la culture de la vigne, devant les avantages économiques, individuels ou généraux, qu’elle emmène avec elle, comment ne s’est-elle pas développée dans le passé, et est-elle restée stationnaire en face du progrès et du perfectionnement des autres cultures? Comment, devant l’impulsion qu’on a essayé de lui imprimer chaque jour et de tous les côtés, a-t-elle persisté à rester dans le cercle étroit, où elle est en quelque sorte enfermée?
A nos yeux, la cause de la non-extension de la vigne en France se trouve, dans le défaut de débouchés, qui lui étaient fermés par les lois ou les règlements administratifs des gouvernements qui ont précédé le gouvernement impérial; dans la difficulté des transports, due à l’imperfection des voies viables ou navigables; dans le défaut d’intelligence des lois économiques de notre époque, défaut accru par des habitudes traditionnelles et l’esprit de routine; dans le manque absolu de capitaux qui, paralysant la viticulture, l’empêchaient de se jeter dans la période industrielle; dans l’impôt disproportionné qui frappait tant les terres complantées en vignes que les produits de leurs récoltes; dans l’octroi, cette contribution en faveur des villes, que la Révolution de 1789 avait détruite, et qui n’a pas tardé à reparaître sous une autre nom; enfin, et surtout dans la fraude, qui est parvenue à fabriquer des vins de toute espèce, avec patente et autorisation.