Читать книгу La vigne en France et spécialement dans le Sud-Ouest - Romuald Dejernon - Страница 28
ABSENCE DE DÉBOUCHÉS ET DE MOYENS DE TRANSPORT.
ОглавлениеLe règne du principe absolu et de la théorie exclusive, système qui a brisé tant de mains qui s’appuyaient sur lui, tend chaque jour à disparaître, devant les principes économiques nouveaux et l’esprit d’éclectisme qui s’empare de notre nation. — Depuis des siècles, les vins n’ont eu d’autres débouchés que la consommation locale. Le système prohibitif avait fermé à nos produits les portes de l’étranger, et, n’étaient quelques rares exportations, les autres nations auraient à peine soupçonné l’existence de l’industrie éminemment française. En vain quelques hommes dévoués signalaient-ils cette faute économique, et s’adressaient-ils à M. de Villèle, en lui demandant: «Que ferons-nous de nos vins?» — «Nous les boirons» répondait spirituellement le ministre. La France entière, depuis le plus haut dignitaire jusqu’au plus humble fonctionnaire, applaudissait; et cette saillie ajournait pour longtemps jusqu’à la discussion même des intérêts les plus viva ces de la France. Cette nécessité de boire tous nos vins, à laquelle nous avait fatalement condamnés le mot ministériel, était encore accrue dans le passé, par le mauvais état ou l’absence complète des voies de communication. Quelques hommes, sincèrement attachés au bien public, répétaient bien que les routes et les canaux sont les veines et les artères qui font circuler la vie dans le corps d’une nation; que là est l’âme de l’agriculture viticole et industrielle; que si l’on ne favorise la circulation, la production doit s’éteindre; qu’il est temps d’abaisser les obstacles qui s’opposent au développement de l’activité nationale; qu’il faut enfin, en ouvrant des voies de circulation, en facilitant l’exportation, mettre en harmonie les principes économiques et les lois, avec les besoins nouveaux de notre époque, et une civilisation qui ne veut plus s’arrêter..... Quelques tronçons de chemins étaient concédés à l’influence de quelques personnages en vue, et à part la loi du 21 mai 1836 qui imprima un mouvement salutaire et progressif, l’intérêt général était sans cesse sacrifié à l’intérêt privilégié ; et tout restait plongé dans un état de stagnation, qui était lui-même la suite des institutions politiques et sociales du passé.
Et voilà l’un des motifs qui ont arrêté dans son essor l’industrie viticole; qui ont eu même pour conséquence de la faire rétrograder, puisque, avec le système prohibitif d’un côté, et la disette de voies de communication de l’autre, une année d’abondance devenait une année de misère, pour le vigneron qui, ne pouvant écouler ses produits, mourait de faim sur le seuil de ses caves qui regorgeaient pe vins.