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LA FALSIFICATION.

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L’une des causes les plus puissantes qui ont, avec l’impôt et les octrois, arrêté l’extension des vignes, est la falsification des vins, dont les résultats peuvent devenir plus funestes au consommateur qu’au producteur. — Le vin a besoin de pureté ; il lui faut l’ombre et le mystère; il a besoin de recueillement; alors seulement, il peut acquérir toutes les qualités qui en font la boisson hygiénique et fortifiante par excellence.

De tout temps, les marchands de vins ont cherché des bénéfices illicites dans la falsification. Par une ordonnance de Charles VI, il est enjoint aux commerçants d’emmener des vins bons, loyaux, marchands, non mixtionnés, sous peine de confiscation, de forfaiture et d’amende arbitraire. Sous Louis XIII, un édit ordonne aux hôteliers, cabaretiers, marchands débitants, de garnir leurs caves de toutes sortes de vins, et de débiter au public, à divers prix, bon vin, droit, loyal, et marchand, sans être mélangé à peine de 400 livres parisis d’amende. Louis XVI, en 1787, fait défense, par un édit, d’introduire des substances malfaisantes dans les vins et cidres, sous quelque prétexte que ce soit, même celui de les améliorer, sous peine de trois années de galères et de 1,000 livres d’amende. Dans nos lois se rencontrent à chaque page des dispositions pénales qui frappent les falsifications; et cependant, tout le monde sait sur quelle vaste échelle elle s’exerce en France.

La falsification, la sophistication, le frelatage ou la fabrication du vin, a pour but de substituer une matière artificielle et une valeur fictive, à une matière naturelle et à une valeur réelle. C’est donc un vol, au préjudice de la légitime rémunération due au travail des populations laborieuses, qui ont fait naître ce produit naturel; et si l’on envisage la santé publique, la falsification devient de l’empoisonnement.

Ces fraudes que fait naître cette cupidité coupable qui s’attaque à la santé et à la bourse de tous, et sur lesquelles s’édifient journellement des fortunes considérables, sont d’autant plus faciles, que la science ne donne que très-imparfaitement les moyens de les reconnaître. Tout le monde ne sait-il pas ce qui est arrivé à Thénard. — Un jour il est appelé par le tribunal correctionnel de la Seine, pour examiner du vin que l’on supposait falsifié ; le célèbre chimiste affirme la falsification: «Que manque-t-il à mon vin, dit le prévenu?» — «Il manque de l’acide tartrique, répond Thénard,» — «Je vous remercie, reprend le marchand, j’en mettrai maintenant.»

Ce qu’il faudrait donc, c’est que chaque chose fut vendue sous son véritable nom, ou avec l’indication exacte de son origine, de sa nature, ou de sa composition; et qu’un indice certain, une marque incontestable pût servir de garantie à l’acheteur.

L’application sévère de la loi actuelle, qui s’oppose à toute mixtion frauduleuse de toute substance étrangère, même de l’eau, si elle faisait un délit de ce qu’elle ne considère que comme une contravention, aurait une haute portée et une influence immense, autant au point de vue de la moralité et de l’hygiène publique que de la production. Et cette élévation de peine aura nécessairement lieu, quand on voudra considérer, que les falsificateurs de denrées alimentaires tuent peut-être plus de monde en vingt ans, que les guerres les plus Meurtrières en un siècle.

C’est au législateur à réprimer sévèrement ce frelatage éhonté, qui inonde le marché des villes de boissons frauduleuses; lui seul peut mettre un terme à la multitude de délits qui se commettent journellement, et aux graves conséquences hygiéniques qui en sont la suite; lui seul peut ainsi améliorer le sort du producteur, en rendant accessible à toutes les classes de l’empire, l’usage d’une denrée qui, avec le pain, est la base de l’alimentation des travailleurs de notre nation.

La vigne en France et spécialement dans le Sud-Ouest

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