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L’OCTROI.

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Reconnaissons cependant que les impôts perçus aujourd’ hui au profit de l’Etat, emmènent avec eux plus de gênes qu’ils n’occasionnent de ruines; que la viticulture ne se plaint que du mode de leur perception; qu’ils sont même relativement légers, si on les rapproche de ceux qui, sous le nom de droits d’octroi, sont exigés par les villes, impôts qui, eux, sont exorbitants.

Une feinte philanthropie, en apparence toute dévouée aux intérêts des classes pauvres, a présidé à la naissance de l’octroi. Il ne venait au monde que pour alléger les souffrances déjà si grandes du peuple, et pour lui porter secours. — Mais, celui-ci ne se laissa pas prendre aux dehors menteurs de cette institution hypocrite; et son instinct lui inspira cette haine qui dure encore, et qui, sans doute, ne tombera qu’avec les barrières des villes. — C’est que, dès les premiers jours de l’octroi, le peuple des cités comprit combien était fausse l’assiette sur laquelle reposait cet impôt, puisqu’au lieu de faire subvenir aux dépenses de la commune chaque habitant, proportionnellement à sa fortune, il doublait et triplait le prix du vin commun consommé par le pauvre, tandis qu’il osait à peine prendre un quinzième, un dix-huitième de sa valeur sur le vin qui se buvait à des tables somptueuses; c’est qu’enfin, le peuple comprit que l’octroi aurait pour conséquence inévitable, la falsification d’une boisson indispensable à la réparation de ses forces épuisées, et dont la privation devait Porter une atteinte aussi grande à son travail qu’à sa santé ; comme aussi, la ruine des villes dans l’avenir, parce que le vin fuirait devant l’octroi qui l’aurait pressuré, et que cet octroi, après avoir fourni aux cités leur revenu le plus net, finirait par s’éteindre, faute de Matière imposable.

Nous ne pouvons, avec le cadre restreint que nous nous sommes imposé, traiter de l’octroi ni de l’impôt que d’une façon très-sommaire; aussi nous contenterons-nous de citer un documeut officiel, qui montre combien les villes ont peu ménagé le vin dans les tarifs qu’elles ont dictés pour leurs octrois.


Ainsi, la totalité des droits d’octroi perçus dans 10 communes s’élèvant à la somme de 1,484,582, le droit sur les boissons a donné sur cette somme 735,889, c’est-à-dire moitié du total.

Enfin, les octrois sont-ils autre chose que ces droits intérieurs que 89 a détruits, et qui n’avaient pour but, comme ceux-ci, que d’aider à la restauration et à l’embellissement des villes? Et à ce titre, ne doit-on pas tenter de les atténuer d’abord, pour arriver ensuite à les détruire? — Et, maintenant que le régime de la liberté a été inauguré par le libre échange, maintenant que les barrières sont abaissées entre les nations, peut-on en laisser exister entre deux communes voisines? N’y a-t-il pas contradiction à refuser à l’habitant de la France, ce qu’on accorde à l’étranger? — Nous comprenons que ce n’est que peu à peu qu’une telle réforme puisse être faite; les gênes et les embarras financiers des cités sont un obstacle à une mesure radicale. Mais que les tarifs s’abaissent progressivement; qu’on allège les taxes, de façon à ce qu’elles ne deviennent pas, pour certaines contrées, une sorte de prohibition de leurs produits. Là est l’intérêt même des villes, parce que, les droits d’entrée étant diminués, les denrées afflueront; et que la perception d’un faible droit souvent répétée, assurera des revenus élevés qui, dans bien des localités, menacent déjà de s’éteindre.

Si l’on n’a pas oublié qu’outre les droits énormes imposés par les villes sur les produits de la vigne, cette plante est celle qui paye l’impôt foncier dans la plus large proportion, on ne comprendra pas comment elle peut lutter encore; comment elle n’est pas morte d’épuisement. — Et, devant cette vitalité sans cesse renaissante, on sera forcé de reconnaître combien est grande la richesse qu’elle peut donner à la France comme à son propriétaire, combien sont immenses les trésors avec lesquels elle peut alimenter l’intérêt général comme l’intérêt particulier.

La vigne en France et spécialement dans le Sud-Ouest

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