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ANNALES
DE LA PHOTOGRAPHIE.

Table des matières

I
DAGUERRÉOTYPIE

Table des matières

Le premier germe de la photographie date de 1765, lorsque Scheele découvrit que l’argent corné, la lune cornée des vieux alchimistes, le chlorure d’argent fondu des chimistes modernes, jouis sait de la propriété de noircir à la lumière; et cela d’autant plus vite, que les rayons qui le frappaient étaient plus intenses.

Le sol où ce germe pouvait éclore se trouvait déjà prêt depuis que Léonard de Vinci et J.-B. Porta avaient inventé la chambre noire.

Cependant la photographie ne commença à germer que vers la fin du XVIIIe siècle, dans les salles mêmes du Conservatoire de Paris, lorsque le célèbre expérimentateur Charles s’avisa de produire des silhouettes sur du papier lavé au nitrate d’argent, en l’exposant à la lumière dans des conditions voulues pour qu’il s’y produisît des images.

En1802, l’illustre Davy publia, en commun avec M. Wedgewoold, la note si curieuse qui a pour titre: Description d’un procédé pour copier des peintures sur verre et pour faire des silhouettes, par l’action de la lumière sur le nitrate d’argent; note où l’on rencontre ca passage mémorable: «On a essayé aussi de copier des paysages avec la lumière de la chambre obscure., elle est trop faible; mais on peut, à l’aide du microscope, faire copier sans difficulté, sur du papier préparé, les images des objets.»

En1803, le docteur Thomas Young faisait des expériences de photographie, lorsqu’il étudiait et déterminait la position et la largeur des bandes ou des anneaux d’interférence des rayons invisibles, comme l’ont fait, cinquante ans plus tard, M.E. Becquerel, M. Crookes, Stockes, etc.

Malgré tous ces essais, la photographie ne commença à vivre réellement et à prendre corps qu’en 1827, lorsque Joseph-Nicéphore Niepce parvint définitivement à développer, sur des écrans métalliques préparés au baume de Judée, les images de la chambre noire, que l’essence de lavande faisait ap paraître et fixait. Le traité, signé le14décembre 829, entre Niepce et Daguerre, qui dit expressésément que leur association a pour but le perfectionnement de la découverte faite par Niepce, est formulée en ces termes: «Fixer par un moyen nouveau, sans avoir recours au dessinateur, les vues qu’offre la nature; ce nouveau moyen consiste dans la reproduction spontanée des images reçues dans la chambre noire; de nombreux essais constatent la découverte.» Ce même traité prouve jusqu’à l’évidence qu’à cette époque Daguerre ne possédait et ne donnait à la société que le principe sur lequel repose le perfectionnement qu’il a apporté à la chambre noire.

La photographie eut enfin sa réalisation complète le1er décembre1837, quand Daguerre eut résolu le magnifique problème de la fixation des images formées au foyer des lentilles, et arraché à Niepce fils ce cri d’admiration: «Quelle différence entre le procédé que vous employez et celui avec lequel je travaille; tandis qu’il me fallait presque une journée pour faire une épreuve, il vous faut quatre minutes! quel avantage énorme!» Pourquoi faut-il que cette admirable découverte de l’influence qu’exercent les vapeurs de mercure pour faire apparaître l’image latente sur la couche d’iodure, découverte qui n’est en réalité qu’un perfectionnement de la méthode de Niepce, ait amené la clause lamentable du nouveau traité signé entre M. Daguerre et M. Niepce fils: «Le procédé inventé par Joseph-Nicéphore Niepce. et perfectionné par M. Louis-Jacques Mondé-Daguerre, portera le nom seul de Daguerre!» Le monde entier a cru ainsi, et bien à tort, que Daguerre avait le premier reproduit spontanément, par l’action de la lumière avec les dégradations de ton qui vont du blanc au noir, les images de la chambre noire.

Niepce avait créé la photographie proprement dite; Daguerre venait d’en découvrir une application.

Peu de découvertes ont produit une aussi vive sensation que celle de la daguerréotypie. A aucune époque, les amis des sciences et du merveilleux ne manifestèrent une aussi vive curiosité qu’à l’occasion de ces étonnantes révélations. Les brillants rap ports faits devant les deux Chambres par Arago et Gay-Lussac n’étaient pas de nature à refroidir ces vifs sentiments d’enthousiasme et de curiosité: aussi, le palais de l’Institut fut-il envahi par une foule immense le19août1839, jour où les procédés de Daguerre furent enfin divulgués.

Sur la demande du savant secrétaire de l’Académie, une pension annuelle et viagère de6,000fr. fut accordée à Daguerre.

Nicéphore Niepce était mort avant la publication de la belle découverte à laquelle Daguerre venait de donner son nom. Sur les mêmes conclusions du rapporteur, une pension annuelle et viagère de 4,000fr. fut accordée à Niepce fils pour la cession du procédé servant à fixer les images de la chambre noire.

Tombé dans le domaine public, le procédé de Daguerre devait faire de rapides progrès, et bientôt se succédèrent sans relâche les modifications de tout genre apportées aux appareils, à la partie optique, à la partie chimique et aux manipulations de la daguerréotypie. M. le baron Séguier et M. Buron furent les premiers à modifier l’appareil et à le rendre plus transportable. MM. Soleil, Buron, etc., proposèrent la glace parallèle pour redresser les images de la chambre noire. M. Cauche apporta son ingénieux prisme achromatique pour atteindre le même but avec une moindre perte de lumière. Enfin, MM. Breton, Girard, Seguier, Foucault, Daguerre, etc., modifièrent si vite et si ingénieusement les appareils et les manipulations, que la daguerréotypie devint bientôt accessible à tout le monde.

L’année de la découverte était fermée, et, malgré les nombreux perfectionnements qu’il avait subis depuis sa naissance, le procédé de Daguerre était encore bien incomplet. C’est à M.H. Fizeau qu’appartient la gloire d’avoir apporté à cet art naissant le complément indispensable.

Le13mars1840, cet habile physicien présenta à l’Académie des sciences les premières images photographiques fixées et rehaussées de ton; le10août 1840, il fit connaître son procédé si ingénieux, qui consiste dans l’emploi à chaud du chlorure d’or. Placer les images daguerriennes, si fugitives, sous l’égide brillante du plus inoxydable des métaux, c’était un pas immense..

Le1er mars1841, M. Fizeau montra encore une contre-épreuve en cuivre d’une image photographique obtenue par la galvanoplastie. Le24mai suivant, il produisait une épreuve métallique du moule formé par l’image daguerrienne.

Ces expériences tenaient du prodige.

Le7juin1841, M. Claudet découvrit la première en date de toutes les substances accélératrices; il anonça que l’application successive de l’iode et du chlorure d’iode hâtait considérablement la production de l’image; qu’il avait obtenu des portraits en quinze ou vingt secondes. C’était, avec le fixage au chlorure d’or, le complément de la découverte de Daguerre.

Le21janvier1841, M. Fizeau proposa, comme agent accélérateur, une dissolution très étendue de brome dans l’eau, ou l’eau brômée titrée. La durée de la pose, avec la chambre obscure de Daguerre, fut– ainsi réduite à un quart de minute. On vit paraître ensuite tour à tour la liqueur accélératrice de Reizer, la liqueur hongroise, etc.; enfin, en1845, le bromure de chaux de M. Bingham, le double iodage de M. Laborde, improprement qualifié de procédé américain, le chlorobromure de chaux de M. le baron Gros, etc. M. Donné publia, le15juin1840, le premier procédé de gravure des images photographiques sur métal; quelques mois plus tard, M. Fizeau donna une solution meilleure, mais imparfaite encore, de ce difficile problème, poursuivi aussi par MM. Berres et Grove.

Le7février1848, M. Ed. Becquerel obtint la pre mière image photographique colorée du spectre solaire. Le30septembre1850, M. Niepce de Saint-Victor perfectionna les procédés de M. Ed. Becque rel et produisit des images colorées, de gravures d’abord, de poupées plus tard. un Américain, M. Hill, annonça avec fracas, en1851, qu’il avait découvert le moyen de fixer avec leurs couleurs naturelles toutes les images de la nature; malheureusement, cette grande découverte n’a abouti qu’à un immense canard.

L’optique, pendant ce temps, n’était pas restée en arrière, et, tandis que les chimistes et les opérateurs entraient plus avant dans la voie du progrès, les physiciens dotaient la photographie d’excellentes lentilles et ne contribuaient pas peu à ses progrès. En 1841, M. Ettingshausen, professeur de physique à Vienne (Autriche), avec le concours du professeur Petzval, trouvait une formule pour la construction des lentilles accouplées, dites à portrait, qui, exécutées par l’opticien Voigtlander, répondirent parfaitement aux prévisions théoriques des deux savants. En France, MM. Lerebours, Buron et d’autres marchaient dans la même voie, et bientôt la photographie se trouva en possession d’appareils optiques permettant d’obtenir le portrait sans déformations et sans difficultés.

Nous ne saurions nous tirer d’embarras si, voulant résumer les développements ultérieurs de la photographie, nous ne considérions pas isolément les trois autres branches: la photographie sur papier ou Talbotypie, la photographie sur verre albuminé ou Niepçotypie, la photographie sur verre collodionné ou Archérotypie.

Compendium des quatre branches de la photographie

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