Читать книгу Encyclopédie poétique, ou Recueil complet de chef-d'oeuvres de poésie sur tous les sujets possibles. T. 10 - Alexis Toussaint de Gaigne - Страница 25
ОглавлениеN.o1899c.
MARSIAS écorché. Leçon pour les jeunes Littérateurs présomptueux.
D’ÊTRE écorché tout vif ah! quel martyre!
Infortuné celui qui se l’attire:
Ne faut-il pas être un fou bien complet
Pour défier, avec son flageolet,
APOLLON même,&n’être qu’un Satire?
Plus d’une fois il voulut s’en dédire.
Il n’est pas beau, quoi qu’on en puisse dire,
D’être vaincu, non; mais il est fort laid
D’être écorché.
Lui pouvoit-il arriver rien de pire?
Un Ecolier qui commence d’écrire,
Et dont l’orgueil veut prêter le collet
A ceux qui font triés fur le volet,
Mériteroit, par ceux qui savent lire,
D’être écorché,
Benserade.
N.o1899d.
MARTRE (la), le Renard&le Loup. Leçon
allégorique adressée aux Puissances.
LA Martre, dans certain détour,
Etrangla le Coq de bruyère;
Compère le Renard, friand de bonne chère,
Dévora la Martre à son tour;
Et sire Loup déjeûna du compère.
Ma Fable est le tableau du jour.
Du jour? De tous les temps. L’Apologue a beau faire.
M. Dorat.
N.o1899e.
MARTYRE (le) des premiers Chrétiens.
QUEL spectacle en effet à mes yeux se présente!
Quels tourmens inconnus que la fureur invente!
De bitume couverts, ils fervent de flambeaux;
Déchirés lentement, ils tombent en lambeaux.
Dans ces barbares jeux, théâtres du carnage,
Des Tigres, des Lions on irrite la rage.
Que de feux! que de croix! que d’échafauds dressés!
Combien de bourreaux las, de glaives émoussés!
Injuste contr’eux seuls, le plus juste des Princes
Par ce sang odieux contente ses Provinces.
Pour eux tout Empereur, TRAJAN même est NÉRON.
Ils se nomment Chrétiens,&leur crime est leur nom;
Ils demandent la mort, ils courent aux supplices;
Les plus longues douleurs prolongent leurs délices:
Les rigueurs des Tyrans leur semblent d’heureux dons;
Ils bénissent la main qui détruit leurs prisons.
L. Racine.
Poëme de la Religion.
N.o1899h.
MASQUES (les) de la porte Saint-Antoine,
VERSces remparts témoins des combats de la fronde,
Sur tes pas, ô Folie! un peuple oisif abonde;
Des tambours, dans les mains de ces êtres falots,
Etouffent, par leur bruit, le son de tes grelots.
C’est là que se rallie, au cri du ridicule,
Le peuple travesti qui dans nos murs circule;
C’est de là qu’un amas de bouffons renaissans,
En délire, en tumulte, attroupe les passans.
Aux fêtes de BACCHUS je crois voir les MENADES:
Le Sage avec l’enfant rit de ces mascarades.
Les sexes font changés: l’homme endosse un corset,
Dont fa large carrure a rompu le lacet;
La femme en spadassin, affectant la rudesse,
De ses souples contours décèle la mollesse;
Quelques-uns de la brute ont emprunté les traits,
Ont dépouillé tout l’homme, à la sottise près;
Et l’on croit voir errer, fous ces formes factices,
Les amis ruminans du malheureux ULYSSES.
Ce char appesanti, qui chemine à pas lents,
Eft surchargé par-tout de bouffons pétulans;
Des moqueurs bigarres grimacent aux portières,
Joyeusement honnis du peuple en fourmillières;
D’autres, enrubanés de diverses couleurs,
Mènent en lesse un bœuf tout pomponné de fleurs.
Je me figure alors ces antiques parades
Dont THESPIS de l’ATTIQUE amusoit les bourgades,
Et ses Auteurs hissés fur des tréteaux roulans,
Et le bouc promené, qui fut le prix des chants.
Ainsi, lorsque, si loin d’une origine obscure,
La Tragédie en deuil, des cyprès pour parure,
S’empare des esprits à fa voix ébranlés,
Peut d’autant plus fur eux, qu’ils font plus rassemblés;
Lorsque le grand CORNEILLE au Spectateur imprime
Les mâles sentimens de son ame sublime;
Quand, Père de la Scène,&lui seul fans égaux,
Aigle rapide&fier, planant sur ses rivaux,
Il mec le plus beau sceptre aux mains de MELPOMÈNE,
A voir dehors les fous dont l’essaim se promène,
Montrer de l’Art naissant le burlesque tableau;
A dix pas de son trône, on le croit au berceau.
M. le Mierre.