Читать книгу Encyclopédie poétique, ou Recueil complet de chef-d'oeuvres de poésie sur tous les sujets possibles. T. 10 - Alexis Toussaint de Gaigne - Страница 3
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MALLEVILLE (poésie de), Poëte du commencement du dix-septième siècle. V. la lettre M.N.o1909.
M.***
N.o1870b.
MAL-PROPRE (la belle).
Vous qui tenez incessamment
Cent Amans dedans votre manche,
Tenez-les au moins proprement,
Et faites qu’elle soit plus blanche.
Vous pouvez avecque raison,
Ufant des droits de la victoire,
Mettre vos Amans en prison;
Mais qu’elle ne soit pas si noire.
Mon cœur, qui vous est si dévot,
Et que vous réduisez en cendre,
Vous le tenez dans un cachot,
Comme un prisonnier qu’on va pendre.
Est-ce que, brûlant nuit&jour,
Je remplis ce lieu de fumée,
Et que le feu de mon amour
En a fait une cheminée.
Voiture.
N.o1871.
MALTOTIERS (les).
CES Maltôtiers, disoit FABRICE,
Ont le cœur plus dur que du fer;
Ils n’écoutent jamais ni raison, ni justice;
Rien ne peut assouvir leur extrême avarice;
La rapine&l’orgueil les mènent en Enfer:
Voilà, dit AMINTAS, leur fidelle peinture;
L’Enfer est fait pour ces brigands;
Mais ils y vont à nos dépens,
Et nous en payons la voiture.
Baraton.
N.o1873.
MARCHAND (le), le Cheval,&le Singe.
Allégorie adressée aux Ingrats.
CERTAIN Marchand voyageoit d’ordinaire
Avec son Singe&son Cheval
Chacun voyage à fa manière.
Pour fa monture il étoit fort brutal,
Chiche encor plus: peu de foin, moins d’avoine,
C’est le loyer de l’utile animal,
Et force coups, voilà son patrimoine,
Cependant il alloit toujours;
Depuis deux ans il servoit un tel Maître,
Et, pendant ces deux ans, il n’eut pas deux beaux jours:
Trop de douceur est nuisible peut-être.
Tête baissée, il trottoir humblement;
Dès qu’il avoir fait quelques fautes,
Un éperon aigu lui harceloit les côtes.
Ne pouvoit-on l’avertir autrement?
Pour le Singe, il a tout, gimblettes&caresses;
Aussi fait-il cent tours divertissans
Et les plus gentilles prouesses,
Sur-tout la grimace aux passans.
S’il attrape une orange, il se creuse une toque
Avec la peau, puis dévore le fruit;
Il tire adroitement un marron de fa coque
Et se gratte la fesse en grugeant un biscuit:
A tout cela son Maître l’enhardit:
Le Singe quelquefois lui découvre la nuque,
Et frise à fa façon les poils de fa perruque;
Plus il en fait,&plus on l’applaudit.
Dans un bois mon homme s’engage:
A peine a-t-il avancé quelques pas,
Des voleurs très-dispos, mais qu’il n’attendoit pas,
Viennent fondre fur son bagage.
Vis-à-vis d’un foslé, qu’il auroit pu franchir,
Son Rossinante exprès s’arrête:
Lasse d’un joug si dur, enfin la pauvre bête
Cherchoit le moyen d’en sortir.
Il est trouvé. Son vilain Maître
Scrupuleusement dépouillé,
Par les brigands est mis à pié,
Pestant, se lamentant, hors d’état de paraître;
A son Cheval lui-même il auroit fait pitié.
Sans or, fans habit,&fans linge,
De tout ce qu’il avoit, il n’a plus que son Singe,
Plus gambadant&plus fou de moitié.
Ton aspect, lui dit-il, m’afflige&m’importune,
Va-t-en misérable farceur;
Un Histrion pour l’infortune
Eft un mauvais consolateur;
De tes mines j’ai bien affaire:
Qu’un Singe est un sot animal!
Eh! que n’ai-je encor mon Cheval!....
Quitte à te voir dans la rivière.
Mon but, on l’apperçoit fans être bien expert;
Maîtres ingrats, vous êtes fans excuse:
Distinguons l’homme qui nous sert,
Du vil bouffon qui nous amuse.
M. Dorat.