Читать книгу Encyclopédie poétique, ou Recueil complet de chef-d'oeuvres de poésie sur tous les sujets possibles. T. 10 - Alexis Toussaint de Gaigne - Страница 4
ОглавлениеN.o1873a.
MARCHAND (le Palais).
Au centre de PARIS est une antique enceinte
Où l’ardente Chicane a mis son labyrinthe:
Tout le peuple à ses murs livre un joyeux affaut;
Des dons du nouvel an là brille le dépôt;
La mode en vingt endroits, fur un pivot assise,
Un moulinet au front, je change, pour devise,
Etale, fous l’abri d’un verre transparent,
De cent colifichets le mélange attirant,
Bagatelles de prix, joyaux, légers bagages,
Que sur son aile Amour va porter en hommages.
Par-tout le lendemain autres foins empressés,
Et d’une même ardeur les esprits font poussés;
C’est un peuple enfantin que la soit des étrennes
Fait; à pas alongés, tourner vers leurs marraines;
Ce font des Sansonnets sifflés par des pédans,
Qui vont en vers d’emprunts haranguer leurs mamans,
Et de l’air dont en classe ils recitent le thême,
Bégayer les transports de leur amour extrême.
Ce font des protégés, qui vers le protecteur
Courant se prostemer avec un ton flatteur,
pour avoir, au besoin, audience assurée,
Dans la main des Valets glissent le droit d’entrée.
Le marteau rententit aux portes du Palais,
On députe ses noms, on se voit par billets,
Et l’on croit du logis le Maître assez honnête
Pour vous fermer la porte a pareil jour de fête.
Le peuple, moins bizarre,&sur-tout plus aimant,
Tout le jour est en course,&se cherche vraiment;
C’est l’hôte qu’il visite,&non le domicile.
Parmi les chars roulans le fantassin défile;
On s’éloigne souvent de ceux que l’on poursuit,
On s’embrasse à la hâte, on se quitte,&l’on fuit:
Ce jour, fait pour la joie&pour fa douce ivresse,
N’admet point de discorde avec son alégresse;
La paix, en embuscade au détour d’un chemin,
Force ici deux rivaux à se tendre la main;
Là, les inimitiés paroissent se suspendre,
La Haine cache au moins son tison fous la cendre:
Mais si l’accueil est feint, c’est sur-tout à la Cour,
Où l’on prend double masque en l’honneur de ce jour,
Où vers l’heureux en place à l’envi chacun vole
Devant le piédestal plus que devant l’idole.
JANUS, toi dont le nom, par le TIBRE inventé,
En tête de ce mois parmi nous est resté,
Toi, qui permis toujours ces perfides usages,
La Fable avec raison te donna deux visages.
O vous! qui, loin des Cours, sous le chaume êtes nés
Ces masques ne sont point fur vos fronts basannés;
Sous la bure en effet vous déguisez moins l’homme:
Dans les murs des hameaux quelque fête qu’on chomme,
Rarement vous pressez contre un perfide sein
Celui qui vous aborde en vous ferrant la main;
L’an commence pour vous fous de rians auspices;
L’art ne profane point les heureuses prémices.
M. le Mierre.
N.o1874.
MARI (le) berné.
Oui, fans doute à présent, par un abus extrême,
Un Epoux est un être étranger chez lui-même:
Si le soir, par hasard, lorsqu’il vient de rentrer,
Chez fa femme un moment il ose fie montrer,
On demande tout bas quel homme ce peut être.
S’il se trouve quelqu’un qui le fasse connaître,
On se lève,&Madame, avec un air transi,
Dit: Ne vous levez pas, Messieurs, c’est mon mari;
Il sen ira bientôt, car jamais il ne soupe
Alors le sérieux gagne toute la troupe,
Tous d’un ennui marque Semblent enveloppés;
Le silence est rompu par quelques mots coupés.
L’homme, qui voit le froid que fa présence inspire,
Et qui juge aisément qu’on veut qu’il se retire,
S’esquive, ouvre la porte en déplorant son sort,
Et l’on voit la gaieté qui rentre quand il sort.
M.***
N.o1874a.
MARI (le) bien regretté.
LE cœur gros de soupirs, les yeux noyés de larmes,
Plus triste que la mort dont je sens les alarmes,
Jusques dans le tombeau je vous suis, cher époux;
Comme je vous aimai d’une amour fans seconde,
Et ne vous donnai point sujet d’être jaloux,
Pour ne plus rien aimer, ni rien louer au monde,
J’ensevelis mon cœur&ma plume avec vous.
Vavasseur.
N.o1875.
MARI (le vrai),
OUI, malgré la coutume&tout mauvais plaisant,
Je veux suivre les loix&leur raisonnement,
Adorer ma moitié; je veux oser lui dire,
Oser lui témoigner tout ce qu’Amour inspire,
Mettre toute ma gloire à posséder son cœur;
De sa félicité faire tout mon bonheur;
Je veux, fans me lasser du nœud qui nous assemble;
Lui prodiguer mes soins, a toute heure être ensemble
Avec elle n’avoir qu’un même appartement,
Et, fous le nom d’Epoux, être toujours Amant.
Boissy.
N.o1876
MARI (à un) pédant.
CERTAIN pédant, homme de guerre,
(Il en est de tous les états)
A fa moitié faite pour plaire,
Mais dont il ne fait pas grand cas,
L’autre jour apportoit la lifte
Des Prédicateurs de PARIS.
Elle lut tous les noms écrits,
Puis dit à notre Moraliste,
Baissant ses yeux remplis d’appas:
Monsieur, je ne vous y vois pas.
L’Abbé de l’Atteignant.