Читать книгу Encyclopédie poétique, ou Recueil complet de chef-d'oeuvres de poésie sur tous les sujets possibles. T. 10 - Alexis Toussaint de Gaigne - Страница 7

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N.o1881a.

Table des matières

MARIAGE (le) désiré&accompli V. la terre H. N.o1558.

Le Noble Tenelière.

No1881b.

Table des matières

MARIAGE (le bonheur&le malheur du). V. la lettre H.N.o1556.

J. Racine.

N.o1882.

Table des matières

MARIAGE (le) doit mettre le comble à la félicité des Amans.

POINT de milieu, l’état du Mariage

Eft des Amans le plus cher avantage,

Quand le rapport des esprits&des cœurs,

Des sentimens des goûts&des humeurs,

Serrent des nœuds tissus par la Nature,

Que l’Amour forme,&que l’Honneur épure.

Dieux! quel plaisir d’aimer publiquement

Et de porter le nom de fou Amant!

Votre maison, vos gens, votre livrée,

Tout vous retrace une image adorée;

Et vos enfans, ces gages precieux,

Nés de l’Amour, en font de nouveaux nœuds:

Un tel Hymen, une union si chère,

Si l’on en voit, c’est le ciel fur la terre

De Voltaire,

N.o1882a.

Table des matières

MARIAGE (exhortation au).

ME crois-tu donc, Ami, dans mon champêtre asile,

Réduit à regretter les plaisirs de la ville?

Je les ai trop connus ces plaisirs turbulens!

De tes propos légers les traits vifs&saillans,

Sur mon cœur déformais viennent tomber fans force,

Et tu m’offres en vain une trompeuse amorce.

Depuis quatre printemps, éloigné de Paris,

Je connois la Nature,&j’en sens tout le prix;

Ma liberté, soumise au joug de l’Hyménée,

Se plaît dans les liens dont elle est enchaînée;

Depuis quatre printemps, paré du nom d’époux,

Mes plaisirs toujours vrais font toujours aussi doux.

Toi que j’ai vu souvent rougir de ton ivresse,

Et, les larmes aux yeux, parler de ta foiblesse,

L’âge, en fanant les fleurs de ta jeune saison,

N’a-t-il point dans ton cœur fait mûrir la raison?

Ami, n’as-tu jamais, dans la paix du silence,

Apperçu devant toi l’avenir qui s’avance?

Ta jeunesse, égarée en de folles erreurs,

A pu s’abandonner à de vils séducteurs;

Mais le besoin du luxe, en te trompant toi-même,

Ne t’a point affermi dans un fatal systême,

Et, dicté pour toi seul, mon Vers ne prétend pas,

Emule des Ecrits du vertueux THOMAS,

Des sophistes en forme éclairer l’imprudence,

Et je les livre au temps que fuit l’expérience.

Viens, tu crois aux vertus,&les purs sentimens

Que font naître une épouse&de jeunes enfans,

Pourront, mieux que mes Vers, te toucher&t’instruire;

Tu me verras goûter, plein d’un tendre délire,

Des biens dont en secret mon cœur peut se louer,

Des plaisirs qu’en tout temps il est doux d’avouer.

C’est au sein de l’Hymen qu’on trouve la Nature;

C’est là que le plaisir fort d’une source pure:

Sur tous les cœurs un Père, un Epoux a des droits,

Et ce font eux sur-tout qui chérissent les loix.

Enivré des transports d’une aveugle folie,

Tu ne connus jamais les vrais biens de la vie.

Aux charmes d’une Epouse abandonne ton cœur;

Confie à ses vertus le foin de ton bonheur,

Et bientôt, pénétré du charme inexprimable

Dont le Ciel embellit pour nous un sexe aimable,

Tes jours s’écouleront plus purs&plus sereins,

Si le fort à nos jours mêle quelques chagrins,

Le malheur partagé par un autre soi-même,

Se dissipe à l’aspect d’une Epouse qu’on aime;

En la lui confiant, la douleur disparaît,

Et l’on sent par degrés le calme qui renaît,

«Oui, le joug de l’Hymen est un joug nécessaire,

Va te dire, en riant, un froid Célibataire,

Et tout sage Ecrivain doit en vanter les nœuds;

Mais le saint nom d’Epoux est un nom dangereux.

Dans les bras de l’Hymen votre Ami vit tranquille;

Mais jetons un coup d’œil fur la Cour&la Ville:

Où donc est le tableau qu’il vient de présenter?

Ah! nos Epoux heureux font aisés à compter:

Ces grands mots, il est vrai, prospèrent dans un Livre;

Toutefois, entre nous, c’est pour foi qu’il faut vivre.

Quelques brillantes fleurs dont un joug soit orné,

On ne vit pas content, quand on vit enchaîné «...

Et ce plaisant, qui fuit un lien salutaire,

Tantôt porte à l’Amour un tribut adultère,

Tantôt, d’une Coquette essuyant les dédains,

Son cœur libre se plie à des caprices vains,

Ou, descendant peut-être aux plus viles soiblesses,

Il va dans nos foyers marchander des caresses.

Coursiers toujours fougueux, nous prétendons en vain

Errer à l’aventure&sans mords&sans frein;

Imprudens, nous courons, le pied tout-à-coup glisse,

Et sous nos pas trompés s’entrouvre un précipice.

Le Ciel voulant mêler, sage en tous ses desseins,

Un plaisir innocent aux besoins des Humains,

Inventa de l’Hymen la chaîne fortunée;

Et, pour charmer le cours de notre destinée,

Il y fut rassembler ses plus rares bienfaits;

Le Ciel voulut que l’Homme y put goûter en paix,

Dans l’utile plaisir qu’il laisse à l’Innocence,

Tous les vrais biens qu’ici fa bonté nous dispense.

Telle est la loi d’un Dieu qui nous fit ce présent

Laissons ce Philosophe, au cœur indépendant,

Nous vanter les attraits d’une douce incurie;

Forcé de marcher seul au sentier de la vie,

Plus rare à chaque pas, le plaisir disparaît,

Et la peine féconde autour de lui renaît.

Le cœur brûlant encor des feux de la jeunesse,

DAMIS peut, dans l’accès d’une fougueuse ivresse,

Repousser la raison,&quelquefois saisir

Le fugitif éclair d’un moment de plaisir.

Quel est donc son bonheur? Alors que solitaire,

A l’ivresse des sens succède la lumière,

Dans le fond de son cœur il tremble de rentrer;

Honteux de se connoître, il cherche à s’ignorer;

Et dans le tourbillon où fans celle il s’agite,

Un besoin renaissant toujours le précipite;

Son ame s’empoisonne à ce plaisir trompeur;

Il perd, désabusé trop tard de son erreur,

Ces fausses voluptés dont le charme l’attire,

Et le gout des plaisirs que la Nature inspire

Ce frivole DAMON, autrefois notre ami,

Relève en vain un front par l’âge appesanti,

Et toujours répétant ses antiques saillies,

Dans nos cercles il vient essayer ses folies:

Son masque d’enjouement inspire le mépris;

A ses empressemens donnant un froid souris,

La maligne AGLAÉ, d’un air de politesse,

De fa vue importune éloigne la tristesse;

Il le sent. Que peut-il? Tous les jours rebuté,

Tous les jours poursuivi par son oisiveté,

Il vient nous rapporter le fardeau de fa vie;

Ennuyeux dans un Monde où lui-même s’ennuie.

Parle... Mais je t’entends, orgueilleux DORIMONT;

Lorsque la faulx du Temps sillonnera ton front,

Que nos jeunes CHLOÉS souriront à ton âge,

Et compteront les ans écrits, fur ton visage,

Tu fuiras te bannir de nos cercles bruyans,

Semer d’autres plaisirs fur l’hiver de tes ans;

Heureux d’avoir cueilli les fleurs de ta jeunesse,

Tu pourras cultiver les dons de la Sagesse...

Sans doute;&c’est ainsi qu’a raisonné jadis

Ce DAMON si discret, en butte à tes mépris...

Mais c’est assez... Ami, vois ce Célibataire

Que deux lustres rendroient presque sexagénaire:

La vieillesse, qui fuit à pas précipités

D’un plaisir fatigant les excès répétés,

Arrive;&, se pressant dans fa marche inégale,

Déjà la fièvre atteint la goutte fa rivale,

Entraînant après elle un cortége de maux

Que renforcent encor deux Médecins rivaux;

En vain on lui prodigue un secours mercenaire,

Dont on veut le succès bien moins que le salaire;

En vain ses héritiers, rangés autour de lui,

La joie au fond du cœur, chargent leur front d’ennui;

Il fait quel intérêt les attache à fa fuite.

Sous la faulx de la Mort vois son cœur qui palpite,

Et vois-les à l’envi se pencher fur son lit:

A travers la douleur dont leur front s’obscurcit,

Par le degré des maux où leur oncle est en proie,

Tu pourras mesurer leur tristesse ou leur joie.

Déjà dans leurs désirs son bien est partagé.

Il expire: on l’oublie,&l’Hymen est vengé.

Qu’importe la vieillesse au sage LISIMANDRE?

Il lui reste deux fils, l’épouse la plus tendre;

Il a fait son bonheur, en les rendant heureux;

Il retrouve les foins qu’il a versés fur eux.

Des fils de les enfans la troupe caressante,

L’entourant quelquefois, d’une voix innocente,

Essaye auprès de lui leurs jeunes sentimens;

Il entend de leur voix les doux bégayemens;

Il rend grâces alors aux nœuds de l’Hyménée.

Que les Parques long-temps filent fa destinée,

Les plaisirs qu’il n’a plus, il les perd fans regrets;

Toujours pour lui la vie a de nouveaux attraits:

il aime, il est aimé…. Les yeux mouillés de larmes.

Je t’ai vu de son fort lui vanter tous les charmes.

Ah! quand pourra briller pour toi ce jour heureux

Où ton cœur sentira qu’un Mortel vertueux,

S’il tend au vrai bonheur, a besoin d’être utile;

Où d’une vie oisive trop long-temps stérile,

Ton ame, réveillée à l’aspect de tes fils,

Regrettera les jours perdus pour ton pays?

Dût même alors le fort tromper ton espérance,

Un Dieu juste en ton cœur mettra ta récompense:

Par un honteux remords loin d’être combattu,

Tu rentreras paisible au sein de ta vertu;

Et toujours trop heureux le Mortel qui peut dire:

Soumis à la Nature, elle feule m’inspire;

Père, Epoux, Citoyen, en paix je puis mourir;

J’ai connu mes devoirs,&j’ai su les remplir.

Par M. Maison-Neuve.

Encyclopédie poétique, ou Recueil complet de chef-d'oeuvres de poésie sur tous les sujets possibles. T. 10

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