Читать книгу Mémoires sur la cour de Louis Napoléon et sur la Hollande - Athanase Garnier-Audiger - Страница 4
CHAPITRE PREMIER.
ОглавлениеSituation de la Hollande pendant la république Batave. — Création du titre de grand pensionnaire. — Vains efforts du grand pensionnaire pour le maintien de la république. — La Hollande constituée en royaume. — Le prince Louis Bonaparte désigné pour être roi de Hollande.
DÈS que la Hollande cessa d’être assez forte pour se défendre contre les prétentions du dehors, et que des discordes intérieures eurent rompu le faisceau de l’union, elle a constamment porté le joug de la domination: l’Angleterre et la France l’ont alternativement asservie.
Sous le règne de Louis XVI, dès les premières agitations révolutionnaires en France, les Patriotes hollandais commencèrent à s’agiter; et, encouragés par un parti considérable, ils se montrèrent ouvertement impatiens de s’affranchir du Stathoudérat; mais les Prussiens, commandés par le prince de Brunswick, en entrant en Hollande, détruisirent toutes leurs prétentions, et le Stathouder triompha.
En 1795, après la retraite des Prussiens, les Patriotes triomphèrent à leur tour; et le prince d’Orange, en s’échappant de la Hollande, fut chercher un asile en Angleterre.
A cette époque la Hollande, obligée de réclamer l’appui de la France et abandonnée de tous ses alliés, se constitua en république Batave, et l’armée française occupa son territoire.
L’autorité législative résidait dans une assemblée représentative, et le pouvoir exécutif dans un directoire. La Hollande, par un traité onéreux, abandonna à la France plusieurs de ses provinces méridionales, s’engagea à une alliance, et lui compta deux cents millions de francs: à ce prix elle eut l’espoir de conserver l’intégrité de son territoire.
Cette nouvelle république n’était pas celle qui, jadis à l’ombre de la liberté, avait vu fleurir un pays qui rassemblait dans son sein des richesses immenses; et, dès l’année 1801, le nouveau gouvernement fit d’importans changemens à sa constitution. La Hollande fut divisée en huit provinces, et la représentation nationale réduite de beaucoup. Quoi qu’il en soit, la république n’obtenait pas plus de stabilité, et chaque jour l’Angleterre diminuait ses forces maritimes. Ses colonies dévastées, son commerce étonnamment appauvri, et la paix d’Amiens, qui lui enlevait encole l’île de Ceylan, tout semblait se réunir pour préparer sa ruine.
Tous ces événemens, qui surgissaient autour de la république, firent éprouver à la banque d’Amsterdam une des plus violentes secousses, qui, en répendant partout l’épouvante, restreignit encore davantage les opérations commerciales.
Mais par sa sagesse, sa patience et son économie, la république serait parvenue à triompher des malheurs dont elle était entourée, si, en 1803, la France ne l’eût point engagée avec elle dans une nouvelle guerre contre l’Angleterre: Surinam et le Cap-de-bonne-Espérance lui furent ravis par cette puissance, dont les vaisseaux faisaient le blocus de toutes les côtes de la Hollande. Tout espoir de salut s’évanouit en voyant tarir entièrement les sources de son industrie.
Sans renverser leur constitution, les Hollandais, en 1804, lui firent subir de graves modifications. En 1805, Schimmelpenninck, sous le titre de grand pensionnaire de la république, fut revêtu du pouvoir exécutif; et, appréciant comme il le devait l’honneur qu’il recevait, il promit de s’en rendre digne.
Mais les vues du chef du gouvernement Hollandais étaient en opposition avec le système de Napoléon. Le grand pensionnaire favorisa le commerce de son pays avec l’Angleterre; et les spéculations de ses administrés étaient d’autant plus brillantes, que les produits des fabriques anglaises étaient alors prohibés dans presque toute l’Europe. L’empereur des Français trouva dans cette opération, dans ces rapports d’intérêts avec l’ennemi juré de la France, et dans la cécité dont venait d’être atteint Schimmelpenninck, le prétexte d’opérer en Hollande le changement politique qu’il méditait depuis long-temps. Il érigea donc la république batave en monarchie, et lui donna pour souverain le prince Louis Bonaparte, l’un de ses frères.