Читать книгу Mémoires sur la cour de Louis Napoléon et sur la Hollande - Athanase Garnier-Audiger - Страница 6
ОглавлениеCHAPITRE III.
Le roi demande le renvoi de Hollande des troupes françaises. — L’empereur y consent. — Augmentation de l’armée hollandaise. — Mouvement des troupes prussiennes. — Le roi à l’armée. — — Craintes du roi sur le rôle qu’il y jouera. — Ordre de Napoléon à Louis de s’emparer du Hanovre. — Le roi refuse et quitte l’armée.
LE roi, affecté de la situation déplorable des finances et voulant réduire les dépenses de l’État, sollicita de la France le renvoi de ses troupes, ainsi que la diminution des armemens maritimes; sa sollicitude à cet égard était si vive, si pressante, qu’en écrivant directement à l’empereur, il lui déclara avec énergie «qu’il
» abdiquerait sur-le-champ, si le gouvernement
» français ne s’acquittait point vis-à-vis de la
» Hollande, et si les troupes françaises restaient
» davantage à la solde du pays.»
Napoléon, quoiqu’il dût être étonné de cette dignité énergique, accorda néanmoins ce que lui demandait son frère; mais cette condescendance, qu’il n’eût pas eue dans une autre circonstance, ne fut due qu’à la nécessité où il était d’augmenter l’armée française en Allemagne, pour s’opposer aux dispositions hostiles du roi de Prusse.
Après ce succès, Louis s’occupa du soin important d’augmenter son armée de terre: ce qu’il venait d’exiger de la France, et ce qu’il n’avait obtenu que contre le gré de l’empereur, l’obligeait à se mettre sur ses gardes; car la Hollande avait, pour ainsi dire, rompu en visière avec la France; et, dans cet état de choses, Louis sentit la nécessité d’ajouter à ses forces militaires, afin de pouvoir, dans toute hypothèse, se suffire à lui-même.
Les troupes prussiennes, s’agitant sur les frontières de la Hollande, et la France gardant le silence sur ces mouvemens, le roi prit de promptes mesures pour se mettre sur une défensive imposante; car, dans sa position avec la France, il n’avait point de secours à en attendre.
Le roi divisa son armée en deux corps: l’un de quinze mille hommes, dont il se réserva le commandement, et qui dut être dirigé sur Wesel; l’autre, commandé par le général Michaud, devait se mettre en station au camp de Zeist. Louis se disposait à partir, lorsqu’il reçut des dépêches de l’empereur qui le confirmèrent dans la crainte que ses troupes ne fussent point réunies en corps d’armée particulière. Cette disposition l’affligea beaucoup, et porta une sorte de découragement dans le corps de ses officiers.
Quoi qu’il en soit, le roi, accompagné du général Michaud, se rendit à Wesel, et de là à Cassel, où tout lui prouva que l’intention de l’empereur était qu’à l’armée le roi de Hollande ne fût considéré que comme prince français.
A dater de ce moment, le système d’oppression de Napoléon, à l’égard de la Hollande, se déroula complétement aux yeux du roi, et c’est dès-lors que Louis, abjurant toute condescendance envers son frère, prit la ferme résolution de ne plus agir désormais que comme roi de Hollande, et dans toute la plénitude des devoirs que lui imposait ce titre. En revenant, il bloqua les places fortes de Hameln et Nieubourg, où étaient les troupes prussiennes; Rintelm fut occupé par le général Dandels. Un officier d’ordonnance apporta au roi un ordre de l’empereur lui enjoignant d’aller prendre possession du Hanôvre. Le roi, offensé de cet ordre, répondit à l’empereur qu’il retournait à sa résidence, donna ensuite le commandement de toutes ses troupes au général Dumonceau, et rentra dans sa capitale avec la conviction que Napoléon ne l’avait placé sur le trône de Hollande que comme un préfet français.