Читать книгу Paris sous Louis XIV : monuments et vues - Auguste Maquet - Страница 10

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La façade principale de la cathédrale se compose de trois portails appelés: portail du milieu, portail de sainte Anne, à droite, et portail de laVierge, à gauche. Vers le midi, s’ouvre une quatrième porte dans l’aile droite de la Croisée, une autre dans l’aile gauche, et une autre, la porte Rouge, qui donne accès dans les bas côtés du chœur. En tout six portes d’une richesse un peu touffue d’ornementation sculpturale. Les trois portails principaux sont consacrés à l’histoire de la Vierge, patronne du monument. On y arrivait primitivement par treize degrés que les exhaussements successifs du sol de la Cité ont fait disparaître. Au-dessus de ces trois grands portiques est la galerie dite des Rois, parce qu’elle offrait les statues des Rois bienfaiteurs de l’Église: vingt-huit figures de pierre, intéressantes sculptures du treizième siècle représentant par ordre de date vingt-huit rois, de Childebert I^er à Philippe-Auguste.

Au-dessus de la galerie des Rois, celle de la Vierge; nommée ainsi à cause de la statue qui décorait le balustre du milieu. Et au-dessus de la grande rose, est la galerie des colonnes, travail merveilleux, un chef-d’œuvre d’audace et de délicatesse. Superposée à la galerie des colonnes règne la galerie des tours qui relie les deux tours et embrasse chacune d’elles.

Ces deux tours terminent la façade dont elles complètent l’ensemble et l’ornement sans égal. Elles sont carrées, d’une symétrie et d’une ordonnance irréprochables. Leur hauteur est de 204 pieds, on compte 380 degrés pour arriver du bas des tours aux plates-formes.

LA BASILIQUE DE NOTRE-DAME. VUE DU COTÉ DE LA TOURNELLE.

Elles renfermaient, au temps dont nous faisons l’histoire, tout un matériel de sonnerie unique au monde. Dans la tour de gauche il y avait sept cloches, et six dans le petit clocher sur la Croisée. Dans la tour, côté de l’archevêché, deux grosses cloches dont la plus forte, donnée, en 1400, par Jean de Montaigu, qui la nomma Jacqueline du nom de sa femme. Cette Jacqueline populaire s’étant trouvée dissonante, fut refondue en 1661 et baptisée par Louis XIV et la reine Marie-Thérèse, sa femme, qui la nommèrent Emmanuel-Louise-Thérèse. C’était donc, dans Notre-Dame, un total de quinze cloches estimées, dit un historien, pour leur sonnerie harmonieuse. Il ne reste aujourd’hui à la cathédrale que cette cloche appelée le bourdon, chef-d’œuvre de l’art campanaire, qui pèse 32 milliers, son battant 976 livres.

Notre-Dame, perfectionnée au siècle de Louis IX, époque si remarquable par le mouvement puissant qui se manifesta dans les arts, les sciences et les institutions, cette magnifique cathédrale est un des plus beaux édifices du moyen âge. Elle prend de son ordonnance largement solide, de ses lignes fièrement horizontales une physionomie toute particulière. Elle respire la force, elle pénètre les cœurs du sentiment de sa majesté. C’est un monument unique en son genre. Aussi les Parisiens sont-ils fiers, et légitimement, de posséder cette merveille, et pardonnera-t-on à l’auteur de cette histoire, qui est Parisien, de n’avoir consacré à la description de Notre-Dame qu’un nombre de pages en disproportion avec la grandeur du sujet. Mais tant de choses nous restent à passer en revue dans ce Paris sous Louis XIV! C’est toujours bien commencer que mettre Dieu dans son exorde, et pareil hommage doit porter bonheur. Les Romains idolâtres disaient dans Lutèce même: ab Jove principium, Horace écrivait pour Auguste: «Si tu es maître sur la terre, c’est parce que tu te confesses inférieur aux Dieux.» Et il ajoutait: «Les Dieux trop négligés ont bien fait du mal à notre patrie en deuil.» Méditons cette morale d’un païen et, après la maison de Dieu, abordons le palais des Rois.