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XII

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Enfin l’affaire de M. Micawber ayant été appelée et sa réclamation entendue, sa mise en liberté fut ordonnée en vertu de la loi sur les débiteurs insolvables.

M. Micawber retourna en prison après l’arrêt, parce qu il y avait des frais de justice à régler et des formalités à remplir avant son élargissement.

« Puis-je vous demander, madame, dis-je à mistress Micawber, ce que vous comptez faire maintenant que M. Micawber s’est tiré de ses embarras et qu’il est en liberté ? Avez-vous pris un parti?

— Ma famille, dit mistress Micawber, qui prononçait toujours ces deux mots d’un air majestueux, sans que j’aie jamais pu découvrir à qui elle les appliquait, ma famille est d’avis que M. Micawber ferait bien de quitter Londres, et de chercher à appliquer ses facultés en province. M. Micawber a de grandes facultés, monsieur Copperfield. Ma famille est d’avis qu’avec un peu de protection on pourrait tirer parti d’un homme comme lui dans l’administration des douanes, à Plymouth par exemple. On regarde comme indispensable qu’il se trouve sur les lieux.

— Pour être tout prêt? suggérai-je.

— Précisément, répondit mistress Micawber, pour être tout prêt, dans le cas où une bonne chance se présenterait.

— Irez-vous aussi à Plymouth, madame?»

Elle se mit à pleurer en me répondant:

« Je n’abandonnerai jamais M. Micawber. Il a eu tort certainement de me cacher ses embarras au premier abord. Je ne nie pas qu’il soit très imprévoyant. Je ne nie pas qu’il m’ait trompée sur ses ressources et sur ses dettes, continua-t-elle en regardant fixement la muraille, mais je n’abandonnerai jamais M. Micawber.»

Ainsi donc, M. et Mrs. Micawber allaient quitter Londres avec leur famille, et une séparation entre nous était imminente. Ce fut en retournant chez moi, ce soir-là, et pendant la nuit sans sommeil que je passai ensuite, que je conçus pour la première fois, je ne sais comment, une pensée qui devint bientôt une détermination arrêtée.

En attendant leur départ, M. et Mrs. Micawber prirent un petit appartement pour la semaine dans la maison que j’habitais. Je passai toutes mes soirées avec M. et Mrs. Micawber pendant le temps qui nous restait encore, et notre amitié, je crois, augmentait à mesure que le moment de notre séparation approchait. Le dimanche, ils m’invitèrent à dîner; on nous servit un morceau de porc frais à la sauce piquante et un pudding. J’avais acheté la veille au soir un cheval de bois pommelé pour l’offrir au petit Wilkins Micawber, et une poupée pour la petite Emma. Je donnai aussi un shilling à l’orpheline, qui perdait sa place.

« Mon cher ami, dit M. Micawber, je suis plus âgé que vous et j’ai quelque expérience de la vie, et de... En un mot, des embarras de toute espèce, pour parler d’une manière générale. Pour le moment, et jusqu’à ce qu’il m’arrive une bonne chance, que j’attends tous les jours, je n’ai pas autre chose à faire que de vous offrir mes conseils. Cependant mes avis valent la peine d’être écoutés, surtout... en un mot, parce que je ne les ai jamais suivis moi-même. Mon avis, le voici: Ne remettez jamais au lendemain ce que vous pouvez faire aujourd’hui. La temporisation est un vol fait à la vie. Prenez l’occasion aux cheveux. Voici mon second conseil. Revenu annuel: vingt livres sterling; dépense annuelle: dix-neuf livres sterling dix-neuf shillings et six pence; résultat: bonheur. —Revenu annuel: vingt livres sterling; dépense annuelle: vingt livres six pence; résultat: misère. La fleur est flétrie, la feuille tombe, le dieu du jour disparaît, et... en un mot, vous êtes à jamais enfoncé, comme moi!»

Et pour rendre son exemple plus frappant, M. Micawber but un verre de punch avec un air de profonde satisfaction, et se mit à siffler un petit air de chasse.

Un matin, après avoir conduit mes amis à la diligence de Plymouth, j’allai commencer ma journée chez Murdstone et Grinby.

Mais j’avais décidé de ne pas continuer à mener une vie si pénible. Mon intention était de m’enfuir, d’aller, n’importe comment, trouver à la campagne la seule parente que j’eusse au monde, et raconter mon histoire à miss Betsy.

Je ne savais pas même où demeurait miss Betsy. J’écrivis une longue lettre à Peggotty, et je lui demandai d’une manière incidente si elle se rappelait l’adresse de ma tante. J’avais, lui disais-je dans ma lettre, entendu parler d’une vieille dame qui demeurait dans un endroit que je citai au hasard, et j’étais curieux de savoir si ce ne serait pas elle. Dans le courant de la lettre, je disais à Peggotty que j’avais particulièrement besoin d’une demi-guinée;si elle pouvait me la prêter, je lui serais très obligé, me réservant de lui dire plus tard, en lui rendant cette petite somme, ce qui m’avait forcé à la lui emprunter.

La réponse de Peggotty arriva bientôt, pleine comme toutes les autres, du dévouement le plus tendre. Elle m’envoyait une demi-guinée. Je me figure qu’elle avait eu bien de la peine à faire sortir cette demi-guinée du coffre de M. Barkis; car, comme elle le disait elle-même, M. Barkis était «un peu serré ». Elle me faisait savoir que miss Betsy demeurait près de Douvres, mais elle ne savait si c’était à Douvres même, à Sandgate, à Hythe, ou à Folkstone. En réponse à mes questions, un ouvrier du magasin me dit que ces petites villes se touchaient presque. Sur ce renseignement, qui me parut suffisant, je pris le parti de m’en aller à la fin de la semaine.

J’étais une très honnête petite créature, et je ne voulais pas souiller la réputation que je laissais chez Murdstone et Grinby. Je me croyais donc obligé de rester jusqu’au samedi soir, et comme j’avais reçu d’avance en entrant les gages d’une semaine, j’avais décidé de ne pas me présenter au bureau à l’heure de la paye, pour toucher mon salaire; c’était dans ce dessein que j’avais emprunté la demi-guinée, afin de pouvoir faire face aux dépenses du voyage. En conséquence, le samedi soir, quand nous fûmes tous réunis dans le magasin pour attendre la paye, Fipp le charretier, qui passait toujours le premier, entra dans le bureau. Je donnai alors une poignée de main à Mick Walker, en le priant, lorsque mon tour serait venu, de dire à M. Quinion que j’étais allé porter ma malle chez Fipp, mon nouveau propriétaire. Je dis adieu à Fécule de pomme de terre, et je partis.

Mon bagage était resté à mon ancien logement, de l’autre côté de l’eau. J’avais préparé pour ma malle une adresse écrite sur le dos d’une des cartes d’expédition que nous clouions sur nos caisses. « Monsieur David, bureau restant, aux messageries; Douvres.» J’avais cette carte dans ma poche, et je comptais la fixer sur ma malle dès que je l’aurais retirée de la maison. Chemin faisant, je regardais autour de moi pour voir si je ne trouverais pas quelqu’un qui pût m’aider à porter mon bagage au bureau de la diligence.

J’avisai, pour mon malheur, un grand escogriffe qui avait un âne et une petite charrette, et je lui demandai s’il pourrait se charger de porter ma malle au bureau de la diligence de Douvres. Il accepta le marché ; mais, après m’avoir arraché de force ma demi-guinée, il partit au triple galop de son âne, emportant ma malle.

David Copperfield

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