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Conclusion

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Depuis ce jour, mon petit maître Jacques sembla m’aimer plus encore. Moi, de mon côté, je fis mon possible pour me rendre utile et agréable, non seulement à lui, mais à toutes les personnes de la maison. Je n’eus pas à me repentir des efforts que j’avais faits pour me corriger, car tout le monde s’attacha à moi de plus en plus. Je continuai à veiller sur les enfants, à les préserver de plusieurs accidents, à les protéger contre les hommes et les animaux méchants.

Auguste venait souvent à la maison; jamais il n’oubliait de me faire sa visite, comme il l’avait promis, et chaque fois il m’apportait une petite friandise: tantôt une pomme, une poire, tantôt du pain et du sel que j’aimais particulièrement, ou bien une poignée de laitues ou quelques carottes; jamais enfin il n’oubliait de me donner ce qu’il savait être de mon goût. Ce qui prouve combien je m’étais trompé sur la bonté de son coeur, que je jugeais méchant parce que le pauvre garçon avait été quelquefois sot et vaniteux.

Ce qui me donna la pensée d’écrire mes Mémoires, ce fut une suite de conversations entre Henri et ses cousins et cousines. Henri soutenait toujours que je ne comprenais pas ce que je faisais, ni pourquoi je le faisais. Ses cousines, et Jacques surtout, prenaient le parti de mon intelligence et de ma volonté de bien faire. Je profitai d’un hiver fort rude, qui ne me permettait guère de rester dehors, pour composer et écrire quelques événements importants de ma vie. Ils vous amuseront peut-être, mes jeunes amis, et, en tout cas, ils vous feront comprendre que, si vous voulez être bien servis, il faut bien traiter vos serviteurs; que ceux que vous croyez les plus bêtes ne le sont pas autant qu’ils le paraissent; qu’un âne a, tout comme les autres, un coeur pour aimer ses maîtres et pour souffrir de leurs mauvais traitements, une volonté pour se venger ou pour témoigner son affection; qu’il peut, grâce à ses maîtres, être heureux ou malheureux, être un ami ou un ennemi, tout pauvre âne qu’il est. Je vis heureux, je suis aimé de tout le monde, soigné comme un ami par mon petit maître Jacques; je commence à devenir vieux, mais les ânes vivent longtemps, et, tant que je pourrai marcher et me soutenir, je mettrai mes forces et mon intelligence au service de mes maîtres.

FIN

Les Oeuvres Complètes de la Comtesse de Ségur

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