Читать книгу Système de fraternité - Etienne Cabet - Страница 16

Armes de nos adversaires.

Оглавление

Table des matières

Il n’y a qu’une vérité et une justice au monde, qui déterminent et règlent la vraie vie de l’Humanité. Tout ce que les Peuples supportent de contraire à ces deux régulateurs éternels, n’appartient point à leur vie et doit immanquablement disparaître, malgré tous les artifices du mensonge, de la ruse, de la corruption et de la violence.

Nous ne voulons nous appuyer que sur la Fraternité, qui est la suprême expression sociale de la vérité et de la justice. Par cette raison nous participons à la vie impérissable de l’Humanité, et nous sommes sûrs que tous ces fantômes de puissance et de grandeur, qui s’élèvent contre la réalisation de la Fraternité et qui cherchent à nous anéantir, disparaîtront à jamais devant la manifestation majestueuse de notre République fraternelle.

Celui qui est dans la vérité et la justice, quand même il se dirait notre adversaire, marche dans noire voie, avec nous, ou vient inévitablement à nous.

Nos adversaires de bonne foi, égarés par l’ignorance ou par la calomnie, comme l’expérience journalière le prouve, tout en nous combattant font des progrès dans la connaissance de la vérité et de la justice, se perfectionnent, se convertissent eux-mêmes et viennent fraterniser avec nous.

Deux camps sont impossibles dans la vie normale de l’Humanité; car elle est une dans son origine et dans sa destinée. L’union et l’unité sont le critérium infaillible de la vérité et de la justice de tout système social. Notre système de fraternité appelle tous les hommes de bonne volonté, les concilie, les relie, les stimule, et les réunit en une seule famille.

Il n’y a parmi nous ni sectes, ni castes, ni classes; nous sommes tous également libres et frères, tous également Souverains pour réaliser notre République fraternelle.

lisait de là que tout homme de cœur, fût-il notre plus cruel persécuteur, s’il est, comme Paul l’Apôtre, de bonne foi et de bonne volonté, se convertit bientôt comme lui, rend homm-ge à la Vérité et, au péril même de sa vie, vient s’unir à la grande Famille de ses frères. Aussi croyons-nous qu’il est de notre devoir d’être in Ijilgens, patien-et pleins de-compassion envers les hommes de bonne foi et de boune volonté, qui peuvent quelquefois s’égarer jusqu’à nous combattre et nous persécuter. Nous ne cessons de les plaindre et de les aimer comme nos propres frères malades et malheureux; et la Vérité éternelle, plus puissante que toutes les erreurs, tous les préjugés et toutes les manœuvres du tnoude, leur vient bientôt en aide et les amène sur la voie du salut, où nous nous rencontrons avec joie et bonheur.

Mais les hommes pour qui la Vérité et la Justice éternelles ne sont rien, qui ne veulent point de Fraternité eu pratique et qui s’en moquent en principe; qui n’ont d’autre conscience que celle de leurs intérêts factices et de leurs passions dépravées; qui n’admettent d’autre règle sociale que les dispositions impies et sacriléges des dominateurs et des exploiteurs, peuvent-ils jamais venir à nous par la Vérité et la Justice, qu’ils n’avaient point, qu’ils ne cherchent jamais, qu’ils ne veulent point pratiquer, et qu’ils trouvent en opposition avec to’etes leurs habitudes et toute leur vie?

Oh! ces hommes là sont nos adversaires incorrigibles, nos ennemis implacables. Ils ne peuvent même rester indijtérens envers nous; car notre existence seule est une critique pour eux et une condamnation. Depuis des siècles, depuis le Communiste crucifié sur le Golgotha jusqu’aujourd’hui, ils se conduisent toujours envers nous comme nos calomniateurs et nos assassins.

En effet peuvent-ils jamais nous combattre par la Vérité et la Justice éternelles, qu’ils ne connaissent point eux-mêmes, dont ils ne se soucient nullement, et qu’ils regardent toujours, à cause de leurs vices et de leur dépravation, comme un danger imminent, qui les menace sans cesse de les dépouiller de tous les privilèges uniques sur lesquels sont basés leur grandeur, leur autorité, leur domination et leur exploitation? Et quelles autres armes peuvent-ils nous opposer ou trouver à leur disposition, si ce n’est le mensonge, la calomnie, la corruption, et la violence? Demandez leur quels sont les mobiles et les liens de toutes les sociétés civiles et politiques actuelles, et quels sont les moyens de leurs gouvernemens, et ils ne manqueront pas de vous répondre eux-mêmes qu’il n’y en a point d’autres, et que c’est une illusion, une utopie et une chimère que d’espérer pouvoir jamais s’en passer. Otez aux sociétés actuelles et à leurs gouvernemens tous les moyens que le mensonge, la calomnie, la ruse, la corruption et la violence mettent a leur disposition, et ils ne pourront pas subsister même pendant vingt-quatre heures. Tant la Vérité et la Justice leur sont dangereuses et les tuent vite!...

Quand les gouvernemens eux-mêmes des sociétés actuelles ne peuvent s’appuyer que sur le mensonge, la ruse, la calomnie, la corruption et la violence; les dominateurs et les exploiteurs de toutes sortes, peuvent-ils s’appuyer sur autre chose, ou défendre leurs intérêts égoïstes avec d’autres armes?

Ne voyons-nous pas toujours et partout les habiletés elles grandeurs politiques ne s’élever, ne se maintenir et ne régner sur les immenses majorités des Nations, que par ces moyens-là? Otez-leurces leviers et vous les réduisez à leur néant, où laissés à eux-mêmes, selon la mesure évangélique, des premiers ils deviendront bientôt les derniers, sans prouver même dans leur conscience la douce consolation de mériter d’être traités par les autres en frères.

SPces’gens habiles voulaient essayer de nous combattre avec les armes loyales de la vérité et de la justice, loin de nous nuire, ils ne pourraient que dévoiler leurs erreurs à notre égard; ils nous aideraient, sans le savoir même, à faire triompher notre cause; ils seraient obligés d’entrer dans la voie de la réalisation de la Fraternité; et il ne leur resteraitqu’un seul moyen pour nous confondreet nous vaincre, ce serait de nous surpasser en tout et de réaliser la République fraternelle mieux et plus tôt que nous.

O vous, puissans par le mensonge, vous puissans par la ruse, vous puissans par la calomnie, vous puissans par la corruption, vous puissans par les privilèges et vous puissans par la violence, pourquoi ne cherchez-vous pas à devenir puissans par la vérité, par la justice, et par votre dévouaient à la réalisation de la Fraternité?

Vous tous, dominateurs et exploiteurs des ignorons, des faibles, des crédules et des pauvres, ne seriez-vous pas mille fois plus heureux, dans une Société organisée selon la vérité, la justice et la fraternité, que vous ne l’êtes actuellement dans une société organisée selon le mensonge, la rose, la calomnie, le privilège, la corruption et la violence? Par toutes vos manœuvres et par toutes vos cruautés les plus atroces, pendant tant de siècles, qu’est-ce que vous avez gagné? Votre situation d’aujourd’hui est-elle plus assurée que celle avant le martyre de Jésus et de ses disciples et imitateurs? Toute votre Impiété et tous vos efforts ont-ils pu produire autre chose que la misère et des souffrances affreuses et inutiles de tant de générations? Pendant tant de siècles de travail constant et persévérant, qu’ont-elles produit, votre sagesse et votre habilité? Où sont aujourd’hui vos sages et vos habiles?... Eles-vous sûrs au moins de votre lendemain?... Quand les rois et le pape lui-même ne le sont point, combien moins, ô insensés pouvez-vous l’être vous-mêmes?.....

Quand même vous réussiriez à nous exterminer tous jusqu’au dernier, les générations futures reviendraient immanquablement a la charge, contre votre injustice, votre orgueil, votre domination et votre exploitation, comme nous revenons aujourd’hui après les Chrétiens primitifs; car il faut que la volonté de Dieu se fasse, et que les destinées de l’Humanité s’accomplissent!.... Pourquoi ce travail, ces peines et ces malheurs inutiles?.... Vous est-il si difficile de fraterniser avec vos semblables? Nous ne vous demandons pas autre chose. Nous ne cherchons pas même à vous imposer notre Fraternité; nous voulons seulement ne plus être opprimés, ni dominés, ni exploités: nous voulons seulement jouir d’une liberté complète de pouvoir réaliser le Règne de Dieu entre nous-mêmes.

Tous les malheurs de l’Humanité viennent uniquement de votre aveuglement, de votre dureté et de votre refus opiniâtre de fraterniser avec ceux que vous dédaignez, repoussez, exploitez, dominez et opprimez, et que vous empêchez de toutes vos forces de fraterniser entre eux.

Ne savez vous point que toute domination, tout privilége et toute exploitation de l’homme par l’homme sont irrévocablement destinés à pértr, et que nulle puissance et nulle sagesse ne pourront empêcher leur destruction complète?...

Vous et nous, venons plaider notre cause devant Dieu et l’Humanité! venons exposer ce que nous sommes et ce que nous voulons; que le jugement de Dieu prononce entre nous et vous, et qu’il décide de notre sort!

Nous avons pour témoins et compagnons Abel, Socrpte, Jésus et tous leurs Imitateurs; vous êtes escortés par Caïn, par tous les princes et leurs serviteurs, et par tous les juges et les bourreaux des martyrs. Nous sommes pauvres, et, comme le Fils de l’Homme, nous n’avons souvent où reposer notre tête; vous possédez, au contraire, tout avec le pouvoir. Nous n’héritons que des peines, des privations, de l’abnégation, du dévoûment et du martyre; vous gardez tous les droits et tous les privilèges pour vous, usant et abusant de tout ce dont nous sommes dépouillés. Nous n’avons d’autre prétention que la réalisation de la Fraternité avec toutes ses conséquences, pour le Salut social et éternel de tous, même de vous; vous voulez, au contraire, perpétuer l’esclavage, la misère de tous les Peuples avec vos privilèges et votre domination. Nous vous invitons avec instance à fraterniser avec nous et, selon lepreeepte évangéiique, nous vous offrons tout avec notre vie; vous nous insultez, outragez, calomniez, et vous profitez du moindre prétexte pour nous persécuter et nous anéantir même. Nous condamnons toutes sortes de violences et demandons l’abolition de la peine de mort, d’abord pour vous et puis pour les autres moins coupables que vous; vous nous imposez, au contraire, voire autorité par la violence et la terreur, vous faites alliance éternelle avec la MORT et vous cherchez a perpétuer à jamais son règne sur la terre. Nous sommes doux et pacifiques, comme notre Maître qui nous commande du Golgotha, et nous n’avons d’autres armes que la Vérité, la Justice et la Fraternité; vous êtes partout, au contraire, tous seuls armés, insolans, arrogans, menaçans et oppresseurs, eu vous attribuant les honneurs de bienfaiteurs et de sauveurs des Nations!... O impies!...

Vous vous troublez, ô frères égarés et malheureux!... Le jugement de Dieu s’annonce donc pour vous comme de la terreur! .. Vous parraissez être surpris comme un voleur en flagrant délit! Au milieu de toute l’Humanité, vous et les vôtres, vous êtes les seuls armés du glaive, vous vous êtes entourés de bastilles, vous proclamez partout que vous avez pour vous l’immense majorité, et pourtant vous tremblez! C’est parce que vous n’avez point pour vous la vérité et la justice, et que vous méconnaissez et blasphémez la Fraternité; c’est que vous n’avez d’autre science que le mensonge, ni d’autre connaissance que la ruse et la corruption, ni d’autre espoir, droit, raison et soutien que votre glaive que vous suspendez sur nos têtes. O malheureux!... Ne savez-vous pas que cette attitude, que vous cherchez à rendre de plus en plus menaçante, vous condamne, et donne le témoignage évangélique que vous êtes destinés tous à périr par le glaive?

Mais tranquillisez-vous, ô Frères égarés, il ne s’agit pas encore du Jugement dernier, du terrible jugement de Dieu! Ce n’est qu’un appel à votre conscience et à votre Iraternilé!...

Qui de vous ou de nous fait la Volonté de Dieu et accomplit les destinées de l’Humanité? Pourquoi donc nous attaquer avec tant de déloyauté, tant de perfidie et tant de violence? Que ne nous indiquez-vous pas plutôt quelque chose de mieux et de plus parfait que la réal sation de l’Evangile qui est notre vœu? Pourquoi ne faites-vous vous-mêmes rien de mieux ni de plus efficace pour détruire à jamais l’ignorance et la misère, et pour réaliser la Fraternité universelle, avec le bonheur de toute l’Humanité?

Mais vous n’êtes pas encore dans la Vérité et la Justice, et vous ne voulez pas de Fraternité ni pour vous ni pour les autres: voilà pourquoi vous êtes forcément réduits au rôle ignoble de menteurs, de calomniateurs, de persécuteurs et de cruels oppresseurs!...

Système de fraternité

Подняться наверх