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POINT DE MILIEU.
ОглавлениеLe Communisme avec la Paix, la Fraternité et le bonheur de tous ; ou le despotisme avec la guerre, l’oppression et la misère de l’immense majorité; ce sont les deux uniques issues de la situation actuelle, les deux fameuses alternatives que Napoléon nous prophétisait, en nous assurant que dans cinquante ans toute l’Europe sera RÉPUBLICAINE ou COSAQUE. Il ne nous reste point d’autre choix. Voici comment le citoyen Billault le prouve (journal la Presse, du3juillet):
«Mais, me dit-on, pour être élu, je ne suis pas assez blanc aux yeux des uns, pas assez rouge aux yeux des autres. Je comprends bien ce que cela veut dire: entre les deux tendances extrêmes et exclusives qui se disputent le succès, il n’y a point de place en ce moment.»
Voici aussi ce qu’en dit avec beaucoup de raison et de conviction un journal monarchien, l’UNION, qui est pourtant excessivement intéressé à ne pas reconnaître cette toute puissante virtualité du Communisme, qui entraîne irrésistiblement toute l’Humanité à se constituer en une seule Famille de Frères:
«Nous le demandons à l’histoire et à la raison, aux faits acquis et au bon sens de tous, quel a été chez nous, depuis plus d’un demi-siècle, l’office des milieux révolutionnaires? En est-il un seul, dites-nous, qui ait sérieusement etd’une façon permanente, réalisé son rêve insensé trouvé ce point d’arrêt, ce tempéramment chimérique, véritable pierre philosophale de l’alchimie révolutionnaire? 93, avec sa sinistre logique, passa rapidement sur la tête des modérateurs, et la fit tomber en passant; l’orage de février dispersa à son tour d’autres modérateurs, et le parti vaincu, broyé du National, n’a pu même sauver ses débris au fond de l’urne du13mai.
Ainsi disparaîtront tous les milieux révolutionnaires; ainsi seront emportés tour à tour ces sophistes du moyen-terme, ces visionnaires du point d’arrêt, pareils à l’imprudent enfant de la ballade, qui, effrayé d’avoir déchaîné le torrent, cherchait naïvement à lui faire une digue de ses petites mains.
Cela dit, nous irons plus loin. Qu’on suppose un moment l’arrivée au pouvoir du parti montagnard. Certes, la chose est grave, la perspective assez menaçante: aussi ne faisons-nous qu’une supposition. Eh bien! dans l’hypothèse de cet avènement, le même phénomène se produit aussitôt. M. Ledru-Rollin et son parti politique passent rapidement à l’état de milieu révolutionnaire. De faction débordante, ils deviennent pouvoir débordé; d’oppresseurs de la veille, opprimés du lendemain. Ils sont menacés, ébranlés, emportés a leur tour par cette inflexible logique, qui crie, elle aussi, à la Révolution, ce que la voix du ciel répétait au maudit de Dieu: Marche incessamment, marche encore, marche, marche!
La Montagne n’est déjà plus l’expression avancée de la Révolution. Derrière son horizon apparaissent au monde des horizons plus lointains, mais qui, chaque jour, à chaque heure, se rapprochent de nous. Le Socialisme,–nous pouvons le nommer,–le Socialisme est le légataire tout prêt à recueillir la succession révolutionnaire du parti montagnard.
Mais encore qu’est-ce donc que le Socialisme? Qu’est-ce donc que la triple école de MM. Proudlion, Considérant et Pierre Leroux? Mon Dieu, rien de plus simple, et pour tout dire sur celte école à trois chaires, nous croyons pouvoir affirmer qu’elle est l’introduction au Communisme PUR du citoyen CABET.
Si donc nous poursuivons l’hypothèse posée, si nous admettons au pouvoir les chefs Socialistes, nous les voyons à leur tour devenir milieu révolutionnaire, comme l’aura été M. Ledru Rollin, comme l’auront été le parti du National et lesauires chercheurs doctrinaires du point d’arrêt en révolution.
Ainsi, le Communisme apparaît comme conséquence rigoureuse, infaillible, au fond de cet abîme qui s’est ouvert sous nos pas. C’est le terme dernier de la Révolution.»
Nous reconnaissons aussi que le Communisme est une conséquence rigoureuse, infaillible, de toutes les améliorations et de tous les progrès sociaux.
Et comme l’Humanité ne peut pas vivre sans progrès; la preuve en est que l’Europe, de cosaque qu’elle était naguère tout entière, devient irrésistiblement démocrate et socialiste; il en résulte que toutes les Nations marchent fatalement à la réalisation du Communisme, qui est le dernier terme de toutes les Révolutions.
Remarquons qu’à ce développement de l’opinion du journal légitimiste il ne manque qu’une seule conclusion, c’est que son système, comme barbare, oppressif, retrograde et matérialiste par excellence, est inévitablement destiné à périr, à tout jamais; tandis que le Communisme seul, réalisant la Fraternité avec toutes ses conséquences, accomplira la destinée de toute l’Humanité, et se perpétuera avec son bonheur impérissable, qui lui est déjà promis depuis tant de siècles par le Fondateur du Christianisme.