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FRATERNITÉ.

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Adoptons, pratiquons, proclamons, propageons le principe chrétien de la Fraternité, tirons-en toutes les conséquences, cl nous arriverons à l’organisation sociale la plus parfaite, et la plus capable de réaliser complètement le salut et le bonheur de l’Humanité.

CABET.

Comme il n’y a au monde qu’un seul Dieu et qu’une seule Vérité, de même il n’y a qu’un seul principe générateur de toute Justice, de toute Science sociale, de toute Morale et de toute Religion; c’est la FRATERNITÉ.

En dehors de la Fraternité, la Justice, la Science sociale, la Morale et la Religion ne sont que des préjugés, des erreurs, des mensonges et des iniquités traduites en paroles ou en actions.

Cherchez quel était le principe de ces Philosophes, dont les préceptes, la science et l’exemple ont imprimé la plus forte impulsion au progrès de l’Humanité, et vous reconnaîtrez avec étonnement que tous, sans exception, ne pouvaient trouver un autre point d’appui que la Fraternité, de mieux en mieux sentie, de mieux en mieux définie et mise en pratique.

Depuis l’antique précepte de la Philosophie chinoise: ne fais pas à autrui, etc.; fais aux autres, etc.;–depuis le précepte de Moïse: aime ton Dieu de toute ton âme.... et ton prochain comme toi-même; –jusqu’au CRUCIFIÉ que les Pharisiens, non moins habiles que nos honnêtes et modérés, ont su faire, passer, aux yeux du Peuple trompé, pour un plus grand scélérat que l’assassin Barabas; tous les Réformateurs ont uniquement prêché la Fraternité, sous diverses formes, et n’ont cherché que sa réalisation plus ou moins complète.

Jésus-Christ n’a-t-il pas prêché la Fraternité, quand il répétait a ses disciples: Je vous donne un NOUVEAU commandement: aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Personne ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. C’est par là qu’on reconnaîtra que vous êtes mes Disciples, quand vous vous aimerez les uns les autres?

N’est-ce pas prêcher la Fraternité que d’enseigner: Si vous n aimez pas votre Frère que vous voyez, comment pouvez-vous aimer Dieu que vous ne voyez pas? Celui qui n’aime point, demeure dans la mort. Si nous nous entre aimons, Dieu demeure véritablement en nous, et noire amour pour lui est parfait?

Notre divin. Législateur ne voulait-il pas introduire dans l’ordre politique et dans la vie sociale une réforme radicale, basée sur la Fraternité, quand il recommandait instamment à ses Fidèles de chercher AVANT TOUT une organisation sociale où Dieu seul serait l’unique Roi, Seigneur, Maître et Père de tous les Hommes?

Ne nous a t-il pas fait connaître, ce Prince de l’Avenir, que la réalisation de la Fraternité était d’une importance beaucoup plus grande pour l’Humanité que tous les progrès des Sciences et de l’Industrie, et toutes les conquêtes de la Politique, quand il nous enseignait, que la Fraternité, appliquée à toutes les relations sociales, réaliserait le Règne de Dieu sur la terre, qui comblerait les hommes de tous les biens, et leur amènerait inévitablement un bonheur que l’œil n’a jamais vu, que l’oreille n’a jamais entendu, et que la pensée humaine n’a jamais conçu?

Ce grand Prophète du salut impérissable de l’Humanité, ne nous a-t-il pas montré de la manière la plus évidente, que la Fraternité doit être notre unique règle sociale, quand il voulait, même aux dépens de sa vie, amener tous les Peuples à ne former qu’une seule Famille de Frères, dont les chefs de tous degrés ne seraient que des serviteurs, sans autres privilèges que ceux qui seraient accordés aux plus petits et aux plus faibles?

Le principe trinaire de notre République: Liberté, Égalité........ n’est qu’une amplification du principe unitaire: la Fraternité. C’est tout simplement l’affirmation de cette vérité que la Fraternité sans Liberté et sans Egalité est inconcevable, et qu’elle se manifeste inévitablement, entre ceux qui la pratiquent, par la Liberté de tous, sans aucun privilége pour personne. En effet, de véritables Frères ne songent même point à mettre en question leur Liberté ou leur Égalité mutuelle: ils s’aiment, ils s’entraident, ils se dévouent les uns aux autres jusqu’à la mort.

Les termes de Liberté et d’Égalité sont essentiellement négatifs: on s’en sert pour protester contre l’oppression, et l’exploitation de l’homme par l’homme. Si vous admettez le contraire, vous êtes obligé de reconnaître qu’ils ne sont affirmatifs que dans la bouche d’un esclave, révolté contre son maître.

Ces deux prétendus principes sont essentiellement individualistes, égoïstes: ils n’impliquent ni le dévoûment, ni l’amour, qui sont de leur nature les plus énergiques mobiles de la sociabilité, et qui se traduisent toujours par le sacrifice volontaire et spontané de notre Liberté, de nos plaisirs, de notre vie même, pour le salut et le bonheur de nos Frères.

Tous ces systèmes prétendus sociaux, exclusivement basés sur une de ces deux aspirations favorites des esclaves, ne cessent cependant d’être prônés depuis des siècles par les Républicains non-socialistes. Il n’est donc point étonnant, que tous les efforts, toutes les conquêtes et tous les sacrifices, de ces payens de nos jours, aboutissent toujours aux déceptions amères; parce qu’ils n’entrent pas franchement dans la réalisation de la Fraternité: leurs systèmes sont bâtards, stériles, toujours individualistes et marchands. C’est pourquoi toutes leurs élucubrations, mêmes celles qui ont l’apparence de la science, aux yeux de vrais Chrétiens, hommes pénétrés du principe de la Fraternité, passent toujours pour des doctrines des Pharisiens, des escobarderies plus ou moins savantes.

Il est des gens, graves et fraternels en apparence, qui, par leur calcul égoïste, réduisent tout au culte de leur personnalité. Ces gens prétendent que la Fraternité n’est point un principe, mais un fait, résultat d’un principe métaphysique supérieur, qui nous enseigne pourquoi nous sommes Frères et comment nous devons pratiquer la Fraternité... Pauvres gens! Ce sont des doctrinaires, qui ne vivent que par leur doctrine et pour leur doctrine!... Si vous examinez bien leur vie et leur prétendu principe, qu’ils disent supérieur à la Fraternié, vous trouverez facilement qu’ils ne cherchent, ne reconnaissent, n’aiment et ne prêchent que leur personnalité,–qu’ils se croient au-dessus des autres,–qu’ils n’ont point de Frères,–et que s’ils en cherchent, c’est uniquement pour se faire valoir, pour être admirés, prônés pour leur Doctrine.

Du moment que vous ne venez à moi qu’avec votre doctrine et pour votre doctrine, que vous ne voulez de moi qu’autant que j’accepte votre doctrine, vous cherchez à devenir mon exploiteur. Vous ne venez point vous unir à moi comme Frère, mais vous vous attachez à moi comme Procuste. Vous cherchez à faire de moi une image et une ressemblance de vous-même; vous voulez me confisquer au profit de voire individualité; vous ne reconnaissez rien au-dessus de vous; vous n’êtes qu’un orgueilleux, un impie, un athée! Et quand vous me parlez de Dieu, de Religion et d’Amour, vous ne le faites que pour trouver un véhicule à votre petite doctrine. Vous faites du jésuitisme à votre manière. La vraie Fraternité n’a après Dieu, notre Père commun, d’autre cause, d’autre condition qu’elle-même: elle ne dépend d’aucun système, d’aucune doctrine. Elle est tout à la fois principe, moyen et but: prétendre le contraire, c’est nier et anéantir la Fraternité elle-même.

Toute l’histoire de l’Humanité nous prouve que les doctrines et les systèmes, loin de produire la Fraternité et la Religion, en reliant tous les hommes en une seule Famille de Frères, n’ont jamais servi qu’à les désunir, à les diviser en sectes, à susciter dos hérésies et les plus violens déchiremens.

C’est pourquoi Jésus-Christ n’a point cherché à formuler un système ou une doctrine, n’a rien même écrit à ce sujet, et il a concentré toute sa science et tous ses préceptes, dans un seul commandement, la Fraternité évangélique, qui, sans la Solidarité et la Communauté n’est qu’un mensonge et une jonglerie.

Ainsi, prétendre qu’une doctrine ou un système peut produire la Fraternité, c’est soutenir qu’on ne peut aimer, si on ne comprend, si on n’accepte tel ou tel dogme, ou si on ne s’élève à la hauteur de telle ou telle théologie; c’est soutenir que les plus savans sont les plus dévoués au Peuple; c’est soutenir enfin qu’on ne peut vivre qu’après s’être pénétré de certaines conceptions à la mode.

Vouloir, savoir et pouvoir sont sans doute les trois conditions de tout acte humain complet; mais le vouloir ou l’amour en est le générateur principal, sans lequel l’homme ne peut jamais acquérir le savoir ni le pouvoir.

En vérité, en vérité, les Chrétiens d’aujourd’hui, bien qu’ils n’aient rien de commun avec le Fondateur du Vrai Christianisme et ses Apôtres, bien qu’ils soient disposés à haïr, à calomnier, à persécuter, à exterminer même les Apôtres et les Réalisateurs de la Fraternité, sont encore moins égarés, touchant les vrais principes de la VIE so-CIALE, que de prétendus Socialistes qui n’admettent rien au-delà de leur doctrine, qui réduisent tout leur système à la LIBERTÉ, OU l’ÉGALITÉ seule; car les Chrétiens n’enseignent jamais que leur Dieu ne soit que Liberté ou Égalité; mais ils soutiennent envers et contre tous leurs adversaires, que leur DIEU, PÈRE de tous les Hommes, c’est l’AMOUR, qui ne peut avoir de principe supérieur à lui, et qui se révèle et se manifeste parmi les Hommes sous la forme de la FRATERNITÉ.

Attachons-nous donc à ce principe divin comme à un rocher contre lequel les flots les plus impétueux de l’individualisme vont se briser! Attachons-nous à ce principe générateur, d’autant plus qu’il est encore méconnu, même par ceux qui en devraient être les plus ardens Apôtres! Ne cherchons plus en vain et n’espérons rien en dehors de la Réalisation de la Fraternité, qui nous amènera le Règne de Dieu sur la Terre, avec tous les biens nécessaires au bonheur de l’Humanité par surcroît!

Système de fraternité

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