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SIXIÈME JOURNÉE.

Table des matières

RENTRÉE A PARIS.

Paris, 25 juillet.

Ce matin, à dix heures et demie, S. A. Impériale quittait Lunéville. Comme la veille, la multitude remplissait les abords de la gare des cris mille fois répétés de: Vive Napoléon! Vive l’Empereur!

Le convoi était déjà loin que ces cris arrivaient encore jusqu’à lui.

Le trajet de Lunéville à Paris s’est fait au milieu de ce concours toujours empressé des populations, qui ne peuveut se lasser d’acclamer le chef de l’État.

Le prince était attendu à Paris à six heures.

A quatre heures, les troupes quittaient leurs quartiers respectifs, et se disposaient à prendre les positions qui leur avaient été assignées par le général commandant en chef l’armée de Paris.

Les régiments de la première division avaient la droite à l’embarcadère du chemin de fer;

La deuxième division, la droite à la Porte-Saint-Martin;

La troisième division, à la Madeleine.

La garde républicaine à cheval formait la haie dans la cour de l’embarcadère. La garde républicaine à pied soutenait le flanc de gauche faisant face à cet édifice. La gendarmerie à pied occupait la rue de Strasbourg et les deux côtés de la rue de Chabrol. Puis étaient échelonnés sur deux haies continues, et se prolongeant du faubourg Saint-Denis jusqu’auprès du palais de Saint-Cloud, les régiments dont suit la nomenclature:

Le 1er du génie;

Les 6e, 19e, 28e, 35e, 37, 43e 44e, 51e, 56e, 58e de ligne;

Les 3e, 6e, 19e et 20e léger et les bataillons de chasseurs de Vincennes, tous en tenue de campagne. La musique de chaque régiment exécute, par intervalles, les fanfares choisies de son répertoire.

Trois batteries d’artillerie attelées occupaient la place de la Concorde.

Chaque régiment était commandé par son colonel, les troupes n’étant pas massées par division, et leurs généraux de division et de brigade devant former état-major à la suite du Prince.

Toutes les troupes, ainsi rangées en haie, étaient sous le commandement du général Carrelet, commandant la première division, du général Courant, commandant la place, du général Hubert, commandant l’artillerie, et du général Sallereau, commandant le génie.

A cinq heures, le général Magnan, commandant en chef l’armée de Paris, les généraux de division Carrelet, Renault, Levasseur, Korte, le chef d’état-major général Cornemuse. les généraux de brigade de Cotte, Courant, Ripert, d’Alphonse, Marulaz, Repond, Hubert, étaient en grand uniforme à l’embarcadère.

A six heures moins le quart est arrivé M. de Maupas, ministre de la police générale, portant le grand-cordon de Pie IX. Après s’être assuré, de concert avec M. le préfet de police, que toutes les dispositions d’ordre et de sûreté avaient été prises, après avoir parcouru les abords de l’édifice, le ministre est entré dans l’intérieur de la gare, où il a également constaté que toutes les mesures qu’il avait prescrites avaient été accomplies.

Bientôt sont arrivés MM. les ministres d’Etat, de la justice, de l’instruction publique et des cultes, de l’intérieur, de la marine et des colonies. M. de Persigny portait le grand-cordon de Saint-Lazare et de Saint-Maurice de Sardaigne. Tous les ministres étaient en grand uniforme. M. Baroche, vice-président du conseil d’État, les présidents de section de ce conseil, le général d’Hautpoul, grand référendaire du sénat, M. Berger, préfet de la Seine; M. Henri Chevreau, secrétaire général du ministère de l’intérieur, tous en uniforme des grandes cérémonies, sont arrivés successivement dans les salons de la gare.

Monseigneur l’archevêque de Paris, accompagné de son vicaire général, était l’un des premiers dans le salon: le vénérable prélat a été entouré par les ministres et par les hauts dignitaires de l’État.

M. de Royer, en habit de ville, et plusieurs autres magistrats, M. Latour-du-Moulin, directeur de la presse, de l’imprimerie et de la librairie, plusieurs secrétaires généraux de ministères, en uniforme, sont venus se mêler au cortège de réception.

Un officier d’état-major de la milice royale anglaise, M. John Sullivan, en uniforme, était au milieu des nombreux officiers supérieurs venus à la rencontre du Prince. MM. le général Vaudrey, le général Piat, en costume de sénateurs, et tous les officiers de la maison du Prince, étaient à la gare.

On a appris qu’une dépêche télégraphique annonçait un retard dans l’arrivée de S. A. I. On a su que Louis-Napoléon avait été retardé sur plusieurs points et notamment à Châlons-sur-Marne où il avait dû mettre pied à terre pour se rendre aux vœux de la population.

A six heures et demie, le canon des Invalides s’est fait entendre, le bourdon de Notre-Dame a mêle ses accents sonores aux éclats solennels du canon, qui a annoncé, par une salve de cent un coups, l’approche du train Impérial.

A sept heures un quart, un sifflement a retenti; c’était l’arrivée du convoi. Une délicieuse musique s’est fait entendre, et les troupes ont porté les armes.

Les ministres, les généraux, le général Magnan en tête, monseigneur l’archevêque, se sont approchés du wagon d’honneur d’où le Prince est descendu au milieu des acclamations les plus chaleureuses.

Il a pris la main de chacun de ces hommes d’Etat qui se pressaient pour le féliciter de cet excellent voyage et de son heureux retour.

Le Prince-Président a remercié le chef de l’Église de Paris d’être venu si loin. Monseigneur Sibour a répondu par quelques paroles pleines de l’onction qui le distingue.

Avant de quitter la gare, Louis-Napoléon a remercié MM. Edward et Hallopeau, chefs de l’exploitation, de leurs bons soins, ainsi que MM. les administrateurs, de toute leur sollicitude. Il a laissé une somme importante à distribuer aux hommes qui ont conduit le train.

Puis, traversant une double haie de hauts fonctionnais, tous couverts de broderies étincelantes, il est sorti par un petit salon artistement orné. Les cris de vive Napoléon! ont éclaté de nouveau; la gendarmerie n’a poussé qu’un cri unanime, celui de: Vive l’Empereur!

En montant en voiture, les dames des halles centrales, accompagnées de l’inspecteur général des marchés, lui ont offert un bouquet qu’il a gracieusement accepté.

Le cortége s’est mis en marche aux bruits des musiques militaires dans l’ordre suivant:

Deux guides le pistolet au poing;

Les escadrons de la même arme, précédés de leur musique;

Le 1er régiment de lanciers, toutes ces troupes sous les ordres du général Partonneaux, marchant en tête avec son aide de camp.

Le Prince était en calèche découverte à quatre chevaux conduits à la Daumont par des jockeys à la livrée Impériale; M. le ministre de la guerre était à la droite du Prince, MM. les généraux Roguet et Canrobert en face, M. le général Magnan, à cheval, était à la portière de droite, M. le général Carrelet à celle de gauche.

Les généraux de division et de brigade de l’armée de Paris, à cheval, au nombre de quinze, suivaient immédiatement la voiture du Prince

Les voitures des ministres venaient ensuite.

Monseigneur l’archevêque occupait la seconde voiture avec MM. les ministres de l’instruction publique et des cultes et de la justice.

Les voitures des autres dignitaires, toutes découvertes, suivaient successivement.

L’officier d’état-major anglais avait un des premiers rangs dans le cortége.

Le 7e lanciers fermait la marche.

La voiture du Prince a marché au pas, au milieu des témoignages éclatants de l’enthousiasme des troupes et du peuple qui se pressait derrière elle.

Le parcours des boulevards a été une ovation continue. On se ferait difficilement une idée de la foule qui les encombrait.

Le clergé de la Madeleine, croix en tête, a reçu le Prince au passage devant l’église, et M. l’abbé Deguerry l’a félicité.

Enfin, reprenant sa marche, le cortége a suivi la rue Royale, la place de la Concorde et la grande avenue des Champs-Élysées.

Le Prince se rend directement à Saint-Cloud.

Les rues, les maisons, les fenêtres étaient partout encombrées de spectateurs et d’élégantes toilettes. Les cris de vive Napoléon! et parfois vive l’Empereur! se sont fait entendre de tous côtés; partout on lisait sur les visages l’expression de la joie et de la confiance. Les cris de vive Napoléon! se sont prolongés jusqu’à Saint-Cloud, où le Prince est arrivé à huit heures et demie.

La ville était illuminée; la population rurale se pressait sur le passage et faisait retentir l’air de ses acclamations.

Ainsi s’est terminée cette grande solennité industrielle. Le Prince-Président rentre dans Paris, emportant la certitude que ces riches départements ont conçu pour son gouvernement cette affection profonde qu’obtiennent toujours les grands courages et les grands services. Le bruit des fêtes s’éteint, mais il en restera dans les populations un souvenir qui ne s’effacera pas. Ces inaugurations ne sont pas des cérémonies stériles; elles laissent à leur suite l’activité, le mouvement et la vie que portent avec elles ces voies nouvelles qui nous ont coûté de grands sacrifices, mais qui nous promettent de larges compensations.

Dans quelques jours le chemin de fer de Strasbourg sera livré au public dans toute son étendue. Qui peut prévoir les relations industrielles et commerciales que cette grande ligne va faire naître! Quelles richesses ne va-t-elle pas créer dans ces contrées, si intelligentes et si laborieuses déjà ! La France nous semble grandie et fortifiée. Elle étend dès aujourd’hui, à sa volonté, sa main puissante sur le Rhin et sur toutes les forteresses qui défendent ses frontières de l’Allemagne. Strasbourg, la sentinelle lointaine, n’a qu’à pousser un cri pour que Paris l’entende. Le télégraphe électrique et le chemin de fer en font un faubourg de la capitale. Une foule de villes importantes, Forbach, Metz, Sarrebourg, Lunéville, Nancy, Toul, Commercy, Bar-le-Duc, Vitry-le-Français, Châlon, Epernay, Château-Thierry, Meaux, sont liées entre elles par une voie de communication prompte et facile. Six départements, la Seine, Seine-et-Marne, la Marne, la Meuse, la Meurthe, la Moselle et le Bas-Rhin, si différents, il y a quelques années, de productions et de mœurs, se tiennent par la main.

La France se trouve dès cette heure en communication avec la grande artère des bords du Rhin et le vaste réseau des chemins de fer d’Autriche. C’est là une véritable révolution, révolution féconde en résultats, révolution pacifique qui nous assure des prospérités nouvelles, et qui est un gage de plus pour la paix du monde.

Avant peu de temps, d’autres fêtes de la même nature seront célébrées. Le chemin de fer de Bordeaux s’achève avec une incroyable activité, la grande ligne de Paris à Marseille est couverte de travailleurs, les lignes du Centre et de l’Ouest s’allongent chaque jour, celles de Cherbourg et de Bordeaux à Cette sont entreprises.

En quelques mois, le gouvernement de Louis-Napoléon a commencé et achevé l’exécution d’immenses travaux que la France rêvait et devant lesquels elle semblait reculer. Voilà des œuvres! voilà des titres que n’oubliera pas la reconnaissance des populations!

Voyage de Sa Majesté Napoléon III, empereur des Français

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