Читать книгу Voyage de Sa Majesté Napoléon III, empereur des Français - F. Carrel Laurent - Страница 26

ROUTE DE PARIS A BOURGES.

Оглавление

Table des matières

Bientôt le convoi laisse derrière lui cette fameuse tour de Montlhéry, qui, du temps de Boileau et même de nos jours, semblait suivre si longtemps les yeux du voyageur qui la fuyait, et qui glisse si vite à l’horizon, maintenant que nous sommes emportés par la vapeur dans ce tourbillon d’un convoi qui égale la rapidité des vents. On aperçoit le vieux donjon romain qui domine Étampes de ses murs éventrés, autour desquels vole sans cesse une nuée d’oiseaux de proie, comme autour d’une ruche sombre.

La station d’Étampes était splendidement décorée. Le préfet de Seine-et-Oise, M. le comte de Saint-Marceau, M. Lassus, sous-préfet de l’arrondissement, le maire, les adjoints, le conseil municipal et de nombreuses députations du conseil général et des communes rurales, ainsi que le clergé, attendaient le Prince, qui est descendu un instant. La foule était immense autour de la station, et l’air retentissait des cris de: Vive Napoléon! Vive l’Empereur! Plusieurs vieux soldats, souvenirs vivants de la gloire impériale, étaient venus présenter leurs hommages au neveu de l’Empereur. Accueillis avec bonté par S. A. I., ils ont emporté des marques de sa munificence.

Le convoi franchit les plaines de la Beauce, et partout on voit les habitants des campagnes accourir et saluer son rapide passage.

A la gare d’Orléans, le convoi s’arrête quelques minutes, et, sans descendre du wagon, le Prince reçoit les hommages du clergé et des autorités. La population toute entière était sortie de la ville et entourait la gare, faisant entendre les cris les plus enthousiastes.

Orléans disparaît, ainsi que les tours légères de sa cathédrale avec leurs couronnes qu’on dirait ciselées à jour par la main des fées. On traverse, en courant toujours, les vastes plaines de la Sologne, ces déserts de sable que le Prince-Président a entrepris de rendre à la culture et à la fertilité !

Cette terre humide, triste et désolée, s’étend pendant près de vingt lieues, depuis la campagne d’Orléans jusqu’au sol verdoyant et fertile des vallées de l’Yèvre et du Cher. Au milieu de cet espace, le chemin de fer rencontre et cotoie successivement les trois petites capitales du centre de la Sologne: la Ferté-Saint-Aubin, Lamotte-Beuvron (où le dévouement du Prince a apporté tant d’espérances pour la Sologne, qui lui rend de si légitimes sympathies) et Salbris. Enfin, on pénètre tout à fait dans le Berry, à Vierzon, point de bifurcation de la ligne du Centre sur Bourges et Nevers, vers le sud-est d’une part, et sur Châteauroux, vers le sud-ouest, d’autre part.

La ville de Vierzon, destinée indubitablement à une grande prospérité, est assise près du confluent des rivières du Cher et de l’Yèvre, au milieu d’une fraîche végétation, à l’extrémité méridionale de la forêt qui porte son nom. C’est l’une des petites villes les plus animées et les mieux bâties de la province.

Son sol produit presque toutes les choses nécessaires à la vie. C’est la meilleure hôtellerie que l’on rencontre entre Orléans et Bourges. Aussi les beaux esprits du lieu ont-ils célébré naguère ses bonnes qualités dans l’inscription fort engageante qui suit, écrite sur l’une des portes de la ville:

Vïrzio villa virens, alliundè pauca requirens.

Silvis ornata, vinetis, pratis decorata.

Vierzon possède la belle manufacturé de porcelaine dirigée avec tant de succès et de bienveillance pour la classe ouvrière par MM. Petry et Pepin-Lehalleur.

A deux kilomètres de la ville se trouve le magnifique établissement des forges de Vierzon-Village, l’un des plus considérables de la France, qui produit le fer excellent et renommé auquel les fers de Suède et de Catalogne sont seuls capables de faire concurrence en Europe.

M. Pastoureau, préfet du Cher; le général duc de Mortemart, commandant la dix-neuvième division militaire et président du conseil général; M. Bourdaloue, secrétaire général de la préfecture; M. le général de Noue, commandant la subdivision; M. le général d’artillerie Borme et le colonel de gendarmerie, étaient venus recevoir S. A. I. à Vierzon. Le train Impérial est arrivé à cinq heures et ne s’est arrêté que quelques minutes. M. le préfet a présenté le maire, les adjoints, le conseil municipal, ainsi que tous les fonctionnaires du canton. Pendant ce court moment d’arrêt, les cris de: Vive Napoléon! n’ont cessé de retentir. Des dames élégantes, qui avaient trouvé place dans la gare, mêlaient leurs acclamations à celles des spectateurs et de la foule immense, pressée sur les amphithéâtres naturels qui entourent le chemin de fer.

La vapeur emporte le cortége à travers les plaines fertiles du Berry, toutes couvertes de pampres jaunissant, et peuplées de villages qui élèvent, çà et là, les clochers pittoresques de leurs églises à travers de grands ombrages.

La nuit qui approche laisse apercevoir au loin, sur la gauche, la petite ville de Mehun. toute remplie des souvenirs de Charles VII. Là se dressent encore, sur les bords de l’Yèvre, les ruines du château bâti par le roi de Bourges. C’est dans ce château qu’il reçut, à plusieurs reprises, Jeanne d’Arc, la pucelle d’Orléans; c’est là qu’il lui conféra les lettres de noblesse qu’elle avait si bien gagnées; c’est au sommet de ces tours dévastées que s’allumaient les signaux d’amour qui allaient troubler le cœur de la belle Agnès Sorel dans les mystérieuses retraites du château du Bois-Sir-Amé, situé à quelques lieues du côté du midi; c’est dans ce lieu que Charles VII fut atteint de la sombre folie qui le conduisit au tombeau; c’est aussi de là qu’est parti le char funèbre qui porta sa dépouille mortelle à Saint-Denis.

Bientôt, à droite, se dessinent les contours du canal du Berry, bordés de leurs peupliers élancés, et le château de Marmagne, qui s’enfuit rapidement sous l’horizon.

Pendant le trajet, à travers les bruits des machines et des wagons, le vent apporte le son des cloches des villages, toutes mises à la volée. A chaque station, l’air retentit des cris de: Vive l’Empereur! poussés par une foule innombrable accourue pour entrevoir les traits de Louis-Napoléon.

Partout les stations sont décorées de guirlandes et de banderoles, et s’éclairent des feux d’une illumination contre lesquels luttent les dernières lueurs du jour qui s’éteint.

A six heures, les freins se serrent, la locomotive siffle, le cortége touche à la gare de Bourges.

Voyage de Sa Majesté Napoléon III, empereur des Français

Подняться наверх