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ARRIVÉE A NEVERS. — FÊTES.

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Nevers est, comme Bourges, une antique cité. Elle florissait déjà du temps de Cicéron. César, qui avait trouvé sa position, entre deux rivières, sur un point élevé, facile à défendre, y établit un dépôt de vivres et de bagages. Cette hospitalité coûta cher à Noviodunum, qui, en l’absence de César, fut attaquée et brûlée par les Gaulois. Depuis, Nevers, relevée de ses ruines, a pris une nouvelle importance; elle devint la capitale du Nivernais, lorsqu’en 1528 cette province fut érigée en duché en faveur de cette famille de Clèves dont l’origine fabuleuse est une des plus piquantes chroniques des bords du Rhin. Aujourd’hui, c’est une ville importante, à qui l’activité de son commerce et de son industrie promet un grand avenir.

Toute la nuit a été consacrée par de nombreux ouvriers à mettre la dernière main aux brillantes décorations disposées dans les principales rues de la ville, mais principalement aux abords de l’hôtel de la préfecture, situé tout à l’entrée de Nevers, et à côté de l’élégant arc de triomphe commémoratif de la bataille de Fontenoy.

Cet arc de triomphe, qui, sur de moindres dimensions, est une réminiscence heureuse de celui de la porte Saint-Denis, fut élevé en 1746, et offrait à profusion d’élégantes sculptures abattues par les iconoclastes de 1793. On remarque sur ses murs une curieuse inscription en vers faite par Voltaire pendant la courte période où il fut investi des fonctions d’historiographe du roy. Voici ces vers, intéressants à plus d’un titre, et que l’on pourrait avec plus de raison peut-être appliquer à une époque glorieuse, moins éloignée de nous:

Dans ces temps fortunés de gloire et de puissance

Où Louis, répandant les bienfaits et l’effroi,

Triomphait des Anglais aux champs de Fontenoy

Et faisait avec lui triompher la clémence,

Les peuples de Nevers, en ces jours de victoire,

Ont voulu signaler leur bonheur et sa gloire.

Puis cette autre inscription:

Étalez à jamais, auguste monument,

Le zèle et la vertu de ceux qui vous fondèrent;

Instruisez l’avenir, soyez vainqueur du temps,

Ainsi que le grand nom dont leurs mains vous ornèrent.

Cet arc de triomphe, l’unique monument moderne de l’antique Noviodunum, a été choisi comme le point central duquel convergent les décorations remarquables des abords de la préfecture. Un aigle doré de dimensions colossales, et qui, ce soir, sera brillamment illuminé par d’innombrables becs de gaz, en forme le couronnement. Aux deux côtés de la porte centrale sont disposés, avec art des trophées militaires et des emblèmes guerriers surmontés par des armures du quatorzième siècle, entourées de fleurs les plus variées. Tout cet ensemble est du plus magnifique effet et se marie heureusement avec les drapeaux et oriflammes aux couleurs nationales.

En regard de la préfecture s’élèvent, sur huit rangs de gradins, les tribunes réservées où prendront place le Prince Napoléon, les ministres et les hauts fonctionnaires qui l’accompagnent, ainsi que les autorités civiles et militaires, et les notabilités du département invitées à la fête. C’est devant ces tribunes richement ornées que défilera le cortége.

Dès le matin, l’animation la plus grande régnait sur les places et dans les rues de la ville. Peu à peu une population immense, venue de tous les points de la Nièvre et du Cher pour contempler les traits du chef de l’État et le saluer sur son passage, se massait dans les lieux du parcours, ne laissant aucun vide; occupant les trottoirs, les tribunes, les fenêtres, les greniers et même les toits.

Pendant ce temps, les gardes nationales, les corps de pompiers, les diverses corporations, les ouvriers des principales usines du département, prenaient les positions qui leur avaient été assignées.

A midi, M. Alexis Frébault, maire de la ville, ses adjoints, le conseil municipal, le conseil général et un nombreux cortége de hauts fonctionnaires, en calèche découverte, sont partis de l’hôtel de ville pour se rendre à l’hôtel de la préfecture; un détachement de gendarmerie ouvrait la marche. A une heure, le cortége, précédé de M. Petit de Lafosse, préfet de la Nièvre, s’est dirigé vers la gare du chemin de fer, située au bas de la ville, à travers le flot des populations.

A deux heures et demie, des salves d’artillerie et les cloches de toutes les églises annoncent l’approche du convoi présidentiel. Un murmure prolongé de satisfaction se fait entendre. A trois heures moins le quart, les cris de: Vive Napoléon! annoncent que le convoi présidentiel est entré dans la gare.

Le Prince est reçu par le préfet et les membres du conseil municipal de la ville, ayant à leur tête M. Alexis Frébault, maire de Nevers.

M. Alexis Frébault s’est adressé au Prince en ces termes:

«MONSEIGNEUR,

«Je n’ai point de discours à faire pour exprimer la reconnaissance et la respectueuse sympathie de la ville que j’administre. Vous allez entendre les populations qui se pressent à votre arrivée vous répéter bien haut, et avec la concision de l’éloquence du cœur, ce que vous ont déjà dit 75,000 suffrages sur 76,000 votants: que si, parmi nous, quelques hommes, un instant égarés, ont cru devoir chercher dans le désordre l’amélioration de leur sort, tous comprennent qu’ils ne peuvent l’attendre que de Votre Altesse Impériale et de la consécration définitive de votre gouvernement protecteur.»

Le Prince a répondu:

«MONSIEUR LE MAIRE,

«Mon voyage a pour but de me mettre en rapport avec les

«populations, de connaître leurs besoins et leurs vœux, de

«répandre les idées d’ordre et de conciliation, et d’étudier

«les moyens de réparer tous les maux de la France. Je sais

«quels efforts vous faites pour m’aider dans cette tâche patriotique;

«et je ne viens pas seulement pour vous encourager,

«mais aussi pour remercier les fonctionnaires de leur

«concours dévoué, et les populations de leur empressement

«à suivre la bonne impulsion que vous leur donnez.»

Le préfet a présenté au Prince MM. Manuel, sénateur; le baron Charles Dupin, sénateur et président du conseil général du département; le conseil général; le baron Petiet et Octave Le Pelletier d’Aunay, députés au Corps législatif; le général Octave de Ravel, commandant le département; les ingénieurs en chef des ponts et chaussées, MM. de Boucaumont; MM. les sous-préfets des arrondissements de Clamecy, de Cosne et de Château-Chinon; les membres des tribunaux, des chambres d’agriculture, de la Société hippique; M. de Montigny, savant agriculteur, et d’autres notabilités du département.

En sortant de la gare, le Prince est monté dans la calèche de M. le préfet, ayant à ses côtés M. le ministre de la guerre, M. Petit de Lafosse et M. Alexis Frébault, maire de la ville; et le cortége s’est dirigé vers la cathédrale dans l’ordre suivant:

Un peloton de gendarmerie en grande tenue ouvrait la marche.

La voiture du Prince-Président; celles de M. le ministre de la police générale, des adjoints, du conseil municipal, du conseil général, des sénateurs, des députés, des hauts fonctionnaires, des sous-préfets du département et des maires. Les aides de camp et les officiers d’ordonnance du Prince étaient à cheval autour de la voiture de S. A. I. Un peloton de cuirassiers fermait la marche, et des soldats de cette arme marchaient en file sur chacun des flancs. Les gardes nationales et les pompiers de la ville et des arrondissements, les anciens militaires de l’Empire; les corporations des ouvriers de l’Etat, des forges, des mines; les agriculteurs, étaient sur tout ce trajet, bannières en tête, avec les inscriptions suivantes:

Nous le portons dans notre cœur. Vive l’Empereur!

Vive Louis-Napoléon III!

Vive le sauveur de la France!

Comptez sur notre dévouement!

Notre amour est à lui!

Les laboureurs à Louis-Napoléon

Les ouvriers au Prince-Président!

Un grand nombre de paysans avaient leurs chapeaux entourés de banderoles en papier blanc sur lesquelles était imprimé en grosses lettres:

Vive l’Empereur!

Les drapeaux, les insignes qui ornaient les maisons portaient en général la même inscription sur toile blanche.

Ces inscriptions très-significatives donnent la mesure des sentiments qui animent ces braves gens, et de leurs acclamations, de la vivacité desquelles aucune expression ne saurait vous donner l’idée. Littéralement, la traversée du Prince dans la ville n’a été qu’une ovation continue. Les dames qui garnissaient les fenêtres des maisons, dont la plupart étaient ornées de guirlandes et de fleurs, répondaient aux acclamations de ces masses populaires.

Le cortége est arrivé à quatre heures à la cathédrale par la rue du Doyenné. La voiture du Prince s’est arrêtée devant la porte d’honneur et a suivi la rue du Cloître-Saint-Cyr pour faire le tour de l’église, dont le bourdon mêlait ses accents sonores aux détonations réitérées de l’artillerie.

La cathédrale, sans avoir les proportions et le style grandiose de celle de Bourges, n’est pas indigne d’être remarquée. Le chœur étincelle par la fraîcheur, la vivacité et la variété des couleurs des vitraux qui l’éclairent.

A la porte principale se tenait monseigneur Dufêtre, évêque de Nevers, assisté d’un nombre considérable d’ecclésiastiques de tout rang qui avaient tenu à honneur de répondre à l’appel du digne prélat. Le cortége ayant été signalé, le tambour a battu aux champs, les troupes ont présenté les armes; et les maires du département, qui précédaient la voiture présidentielle, ont seuls été admis jusqu’aux abords de la métropole.

Le Prince, étant descendu de voiture, a monté les marches du portail; puis a pris l’eau bénite, que lui offrait le prélat, qui lui a adressé d’une voix pénétrante et remplie d’onction, les paroles suivantes:

«PRINCE,

«L’évêque de Nevers et son clergé viennent déposer à vos pieds l’hommage de leur respect, de leur reconnaissance et de leur dévouement. Ils saluent dans Votre Altesse le glorieux élu du peuple et l’instrument visible de la Providence dans ses desseins miséricordieux sur notre patrie.

«Ils adressent à Dieu de vives supplications, afin qu’il continue de veiller sur votre auguste personne et qu’il vous rende digne de plus en plus de la haute mission qu’il vous a confiée pour le bonheur de la France et pour le salut de la société.»

Le Prince a répondu:

«MONSEIGNEUR,

«Je suis très-sensible aux sentiments que vous venez de

«m’exprimer; c’est à l’aide des prières des prélats qui vous

«ressemblent que j’espère asseoir sur des bases de plus en

«plus solides la prospérité de la France et la gloire de la

«religion.»

Le Prince est ensuite entré dans l’enceinte, suivi du cortége et accompagné des acclamations enthousiastes de la foule, que la sainteté du lieu pouvait à peine comprimer; et le clergé a entonné le Domine, salvum fac Ludovicum Napoleonem.

Après cette solennité religieuse, le cortége s’est remis en marche en parcourant les rues Saint-Martin, du Commerce et des Ardilliers, dont toutes les maisons étaient ornées de drapeaux. d’écussons aux chiffres du Prince, de devises et d’emblèmes. Partout acclamations unanimes et passionnées.

Dans la rue des Ardilliers, à la hauteur de l’imprimerie du Journal de la Nièvre, un des ouvriers de l’établissement avait disposé une couronne magnifique; elle était suspendue au milieu de la rue par un ruban. Avec une habileté vraiment rare, il est parvenu à la faire descendre précisément sur la tête du Prince, au moment où il passait. Cet incident a provoqué une nouvelle explosion de vivats et de cris de: Vive l’Empereur! Un temps d’arrêt s’en est suivi: en un clin d’œil la voiture a été littéralement encombrée de bouquets et de couronnes de fleurs, au point qu’il a fallu les faire enlever par les gens de service, pour permettre au Prince d’en descendre.

Après avoir débouché de la porte de Paris, merveilleusement décorée pour la fête, Son Altesse est allée se placer dans la tribune qui lui avait été préparée en face de la préfecture, et d’où elle a assisté au défilé des gardes nationales et des populations.

Je vous ai parlé hier du défilé qui a eu lieu à Bourges; c’est le même enthousiasme, ce sont les mêmes acclamations. Les physionomies et les costumes seuls sont changés. Ce ne sont plus seulement des populations agricoles: l’industrie a ici sa large part. Après les gardes nationales et les troupes, on voit arriver la population pittoresque des mariniers, des flotteurs, des pêcheurs, de tous ces enfants de la Loire et de l’Allier, avec les instruments caractéristiques de leur profession. Les ouvriers de nombreuses usines des environs se distinguent aussi dans cette foule qui passe rapidement. On voit les mineurs de la machine avec leurs blouses sévères et leurs pioches ornées de rubans; les verriers de la Charbonnerie, portant, au bout de longs bâtons, d’énormes bouteilles sur lesquelles on lit: Vive l’Empereur! Les porcelainiers, les émailleurs, les peintres, les forgerons, etc., chacun a son signe distinctif et ses devises. Les agriculteurs de Château-Chinon portent des gerbes et des trophées de verdure. Dans les rangs, on remarque de vieux uniformes du temps de l’Empire, de vieilles croix gagnées à Austerlitz, à Wagram, à Montmirail, à Champaubert. Défroque héroïque qu’on ne voit pas sans être ému jusqu’au fond du cœur!

Chaque arrondissement avait fourni son contingent:

L’arrondissement de Cosne, ayant en tête son sous-préfet, M. de Gigord, soixante-deux députations d’ouvriers des forges, de mineurs, d’agriculteurs et d’ouvriers, de professions différentes;

L’arrondissement de Clamecy, sous la conduite de M. Marlière, sous-préfet: une députation de quarante flotteurs qui ont demandé à venir à leurs frais. Ils portent le chapeau marin avec la cocarde tricolore à la boutonnière, et une ceinture rouge, insigne de leur profession, le drapeau à l’aigle avec cette devise:

«Les flotteurs de Clamecy au Prince Louis-Napoléon, sauveur de la France,» et, d’un autre côté : Vive l’Empereur! et une couronne Impériale.

L’arrondissement de Château-Chinon, ayant en tête M. Breynat, son sous-préfet, a fourni deux cohortes de pompiers, bien équipées, l’une de cette ville et l’autre de Châtillon. La ville de Moulins-Engilbert a envoyé une députation de pompiers et d’agriculteurs, avec bannières, ces derniers, conduits par M. Jaubert, qui a fondé, il y a dix ans, une fête en l’honneur de l’Empereur.

Ce défilé a duré près de deux heures; et c’était un spectacle saisissant que de voir ces cultivateurs, ces ouvriers, couverts encore de la poussière de la route, heureux et fiers de voir le neveu de l’Empereur et d’entendre les acclamations enthousiastes dont ils faisaient retentir les airs.

De là, le Prince est entré à la préfecture.

Il a donné le bras à madame Petit de Lafosse, qui l’a accompagné dans le salon d’honneur, où l’attendaient les autorités et les officiers de la garnison, composée du 8e cuirassiers et d’un bataillon du 15e de ligne.

S. A. I. a passé dans tous les rangs. Elle a donné la croix de la Légion d’honneur à MM. l’abbé Sergent, recteur de l’Académie; Perrier, maire de Château-Chinon; Ferdinand Dechamps, maire de Varennes-lez-Nevers; Gauthey, commissaire de police à Cosne; marquis de Saint-Phal, maire de Saint-Benoist-d’Azy.

Ont été également nommés membres de la Légion d’honneur, à l’occasion du passage du Prince, M. de Toytot, vice-président du tribunal civil de Nevers; et Bourlard, gendarme de la brigade de Saint-Pierre.

M. le baron Charles Dupin, en présentant au Prince le conseil général dont il est le président, a rappelé le vœu récemment émis par ses membres, sur la stabilité du gouvernement; et il a ajouté, que la population entière venait aujourd’hui sanctionner ce vœu d’une manière éclatante. Le Prince, après avoir remercié le conseil de la manifestation de ses sentiments, a terminé par ces paroles:

«Lorsqu’il s’agit de l’intérêt général, je m’efforce toujours

«de devancer l’opinion publique, mais je la suis lorsqu’il

«s’agit d’un intérêt qui peut sembler personnel.»

M. le baron Charles Dupin a remis en même temps au Président un Mémoire sur les vœux et besoins du département de la Nièvre.

Toutes les communes ont fait remettre au Prince des adresses significatives. Nous citons celle du conseil municipal de Clamecy, cette ville si vivement affectée par les excès du socialisme

«PRINCE,

«La ville de Clamecy, plus que toute autre localité, connaît les maux de la guerre civile que vous venez d’éteindre, aux acclamations de la nation française et pour la paix de l’Europe entière.

«La foi qu’elle a en vous la porte à vous exprimer le vœu, comme l’a déjà fait la généralité des conseils généraux et d’arrondissement, de voir donner, Monseigneur, avec le titre d’Empereur à votre pouvoir, le caractère de stabilité qui résulte nécessairement de la forme héréditaire, la seule, en définitive, qui puisse convenir à la grandeur de vos vues pour l’avenir et le bonheur du peuple français.»

Après la réception, le Prince s’est rendu à pied à l’hospice, au milieu d’une foule qui le pressait de toutes parts et le couvrait de bénédictions. 11 a d’abord visité la chapelle, puis il a parcouru toutes les salles, adressant à plusieurs malades des paroles pleines de bienveillance et d’encouragement. Il n’a quitté l’établissement qu’après y avoir laissé les marques de sa munificence et de son inépuisable charité.

Dès son arrivée le Prince avait annoncé qu’il faisait grâce à vingt-quatre condamnés politiques. Depuis, le nombre s’est élevé à trente et un.

A sept heures, grand dîner, où le Prince a réuni les hauts fonctionnaires et quelques notabilités du pays, parmi lesquels nous avons remarqué MM. le préfet, le général comte de Ravel, l’évêque, le maire de la ville, le duc de Mortemart, le premier président de la cour d’appel de Bourges, le baron Charles Dupin, Manuel, Petiet et Le Pelletier d’Aulnay, députés; le président du tribunal civil, M. Boin, procureur de la république à Nevers. — Le Prince avait à sa droite M. le général duc de Mortemart et à sa gauche M. Frébault, maire de Nevers. M. le préfet avait eu l’heureuse idée de faire mettre, à la table qu’occupait le Prince-Président, un couvert marqué aux armes Impériales et dont l’Empereur se servait à Sainte-Hélène. S. A. I. s’est montrée sensible à cette attention.

La musique du 15e de ligne, placée sur le magnifique bassin du parc de la préfecture, avait commencé à jouer pendant le dîner, lorsque le Prince, s’apercevant qu’une pluie fine tombait, dit à un de ses aides de camp de faire rentrer les musiciens.

Tout le bassin et le parc resplendissaient des mille feux de l’illumination à giorno.

Le bal a commencé à neuf heures et demie. Le Prince l’a ouvert en dansant avec madame la baronne Petit de Lafosse.

M. le préfet dansait avec madame la marquise d’Espeuilles.

M. le ministre de la guerre dansait avec madame de Coynard, fille du préfet.

Le ministre de la police dansait avec madame Cassard, femme du commandant de la garde nationale.

Le général comte de Goyon, aide de camp du Prince, avec mademoiselle Famechon, fille du directeur des contributions indirectes.

Le général comte de Ravel, avec madame de Mieulle, femme du receveur général.

Le maire de Nevers, avec mademoiselle de Ravel, fille du général.

M. Le Pelletier d’Aulnay, député, avec madame Alais, femme du colonel du 15e de ligne.

Pendant le bal, un feu d’artifice, dont la pluie a contrarié l’effet, a été tiré sur les bateaux de la Loire; des jeux et des danses ont eu lieu sur la belle place du parc.

M. le maire avait pris des mesures sages et prudentes pour éviter les inconvénients de l’immense affluence attirée à Nevers par la présence du Prince, et pour assurer aux nombreux étrangers qui accourent de toutes parts une hospitalité convenable. Un avis, récemment adressé par lui aux hôteliers, logeurs, cabaretiers et autres habitants qui ont des chambres à louer ou à prêter, a produit le meilleur effet; et chacun a trouvé à se caser convenablement dans cette ville, dont, pour quelques jours, la population est plus que triplée. A voir ces maisons presque toutes décorées de drapeaux. de bannières, de guirlandes, de tentures; ces fenêtres ouvertes et peuplées de figures souriantes; cet air de confiance et de sécurité qui semble circuler dans les rues, au milieu de l’enthousiasme et de la joie, — on croirait difficilement que ce département, travaillé, il y a quelques mois à peine, par les plus mauvaises passions, avait été le théâtre de déplorables excès, que la justice militaire a dû réprimer avec vigueur. Il a suffi de quelques mois d’un gouvernement ferme et intelligent pour rendre à ces contrées le calme et la sécurité qui les fuyaient.

Voyage de Sa Majesté Napoléon III, empereur des Français

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