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ROUTE DE NEVERS A MOULINS.

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Moulins, 16 septembre 1852 (minuit).

Jusqu’à Nevers, le voyage s’est fait avec rapidité : nous avions la voie de fer. Mais à Nevers, elle s’arrête, et, dans le reste du voyage, elle s’interrompra plus d’une fois.

Ce n’est plus la vapeur toute-puissante qui emporte le Prince et le cortège qui le suit sur les rails des chemins de fer. Les distances s’allongent. En vain les chevaux de poste, pressés par les postillons, se couvrent d’écume et font voler les voitures sur le macadam des routes. Ce n’est plus la rapidité féerique des locomotives: c’est cependant, à un plus haut degré, l’image du mouvement et de la vie.

Le galop des chevaux; le claquement des fouets des postillons, revêtus de leur costume d’ordonnance, le chapeau orné de rubans qui flottent sous le vent; cette file de voitures qui font jaillir sous leurs roues la boue piétinée de la route; ces excitations du geste et de la voix; les courriers qui précèdent les équipages et annoncent, couverts de sueur, leur arrivée: tout cela a une animation pittoresque qui n’existe pas sur les voies ferrées.

A chaque village que l’on traverse, la foule curieuse regarde passer rapidement les voitures, et jette à travers ce tourbillon qu’emportent les chevaux des cris d’enthousiasme et de joie. On relaye successivement à Magny, à Saint-Pierre-le-Moutier, à Saint-Imbert et à Villeneuve-sur-Allier.

La pluie fine et pénétrante qui tombe n’a pas arrêté les populations. A Magny-Cours, on relaye sous un arc de triomphe au milieu des cris de: Vive l’Empereur!

A Saint-Pierre-le-Moutier, d’immenses préparatifs avaient été faits. La place d’Armes, où se fait le relai, était sablée, pavoisée et ornée d’un arc de triomphe. Les rues et les places étaient décorées de drapeaux, de guirlandes de feuillage et de fleurs. Des fêtes étaient annoncées pour toute la journée. La réception faite à S. A. I. a été pleine d’entrain.

Le maire, accompagné de son conseil municipal et suivi par un corps d’ouvriers du chemin de fer, qui se composait de six cents hommes, ayant à leur tête MM. les ingénieurs chargés de la direction des travaux, attendait le Prince. Quand la voiture s’est arrêtée au milieu d’une foule considérable, les cris de: Vive Napoléon! vive l’Empereur! ont retenti avec une continuité et une persistance inouïes. S. A. I., sur la présentation du préfet, a remis la croix de la Légion d’honneur à M. Verdier, directeur de la poste aux lettres de cette ville.

Le Prince, accompagné de M. le maire de Saint-Pierre, s’est arrêté à un kilomètre de la ville, où une colonne avait été élevée en souvenir du déjeuner que l’empereur Napoléon avait accepté, en 1815, de la ville de Saint-Pierre.

Sur cette colonne, on lisait ces mots adressés par l’Empereur au grand maréchal du palais:

«Bertrand, prenez bonne note de cette ville, et remarquez bien que j’y suis aimé.»

A onze heures et demie, on était à Saint-Imbert, où M. le comte Eugène Guyot, préfet de l’Allier, le général Faucheux, commandant ce département, MM. le baron de Veauce et Desmaroux, députés au Corps législatif, sont venus recevoir le Prince avec un détachement de gendarmerie.

A Villeneuve, un souvenir impérial, souvenir resté dans le cœur de tous les Français, arrête un instant Louis-Napoléon. C’est là que, succombant sous les efforts de l’Europe coalisée, l’Empereur fit ses adieux aux fidèles soldats de la garde qui ne pouvaient l’accompagner plus loin, alors que, pour la première fois, il quittait la France où il devait rentrer bientôt triomphalement pour la quitter encore.

M. le général comte Guyot, père du préfet actuel de l’Allier, qui vient recevoir le neveu de l’Empereur à son arrivée dans le département, faisait partie de la compagnie des bravés de la vieille garde qui accompagnèrent l’empereur Napoléon jusqu’à Villeneuve.

Il y a encore dans ce bourg des hommes qui ont gardé le souvenir de cette touchante séparation, de cette dernière entrevue d’un grand homme avec les soldats qu’il avait si souvent conduits à la victoire, et qui versèrent des larmes en voyant s’éloigner le héros du pays dont il avait porté si haut les destinées. Ils étaient venus là, avec cette population empressée, saluer le neveu de l’Empereur, et leur âme a dû ressentir une touchante émotion en revoyant sur les voitures ces mêmes chiffres que leurs regards avaient autrefois suivis avec douleur et regret quand l’Empereur se dirigeait vers la terre d’exil.

Le maire, à la tête du conseil municipal, le juge de paix du canton, plusieurs fonctionnaires et plusieurs grands propriétaires, parmi lesquels nous avons remarqué M. le comte des Roys. ancien pair de France sous la monarchie de Juillet et propriétaire à Trévol, ont reçu le Prince sous un arc de triomphe dressé à l’entrée du bourg et surmonté de la devise en lettres d’or: Vive l’Empereur! vive Napoléon III!

Dans une courte allocution, le maire, M. Louniou, a retracé le souvenir impérial que conserve Villeneuve, en exprimant le vœu que le titre d’empereur et roi fût rendu à Louis-Napoléon, dans l’intérêt de la France.

Les cris de: Vive l’Empereur! sont partis unanimement de ces masses de paysans accourus de tous les villages voisins.

De Villeneuve à Moulins, il n’y a que quelques lieues, elles ont été promptement franchies.

Voyage de Sa Majesté Napoléon III, empereur des Français

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