Читать книгу Beaumont : Haute-Savoie : 1814-1940 - Félix Croset - Страница 19

La chorale de Beaumont

Оглавление

Table des matières

En 1886, des jeunes gens de Beaumont se groupent «dans le but de fonder une chorale afin de développer cette œuvre de progrès et de moralisation...» . Un règlement est établi le 31 janvier. Il ne fallait pas badiner avec!

La société prendra le nom de “Union Chorale de Beaumont”. (...)

Art. 16 – Pendant les leçons, on se tiendra debout et nu-tête, en signe de respect pour la leçon. (...)

Art. 18 – L’usage du tabac est formellement interdit pendant les répétitions. (...)

Art. 20 – Pour fonder une bonne société de chant, il faut bien faire observer chaque faute, soit dans le langage, soit dans la prononciation; donc personne ne doit se fâcher d’une remarque personnelle, et personne ne devra en rire, en avançant des termes choquants, tout cela ne pouvant que nuire à la société. (...)

Art. 21 – Il est moralement défendu, pendant tout le temps d’existence de la société, à tout membre de la chorale de se faire entendre seul, en public, pour tout morceau appris en chœur, afin de maintenir l’harmonie...

L’Union chorale de Beaumont sera officialisée par arrêté préfectoral en date du 15 mars 1886. Le président est Pierre Tapponnier. La société compte vingt-trois membres.

Un local est nécessaire pour permettre, en toute quiétude, réunions et répétitions. On pense à une salle de classe. Une autorisation est demandée pour utiliser la classe de l’école de garçons. Le 2 mars 1886, l’inspecteur primaire refuse catégoriquement, sauf éventuellement pour un concert. Suite à ce refus, la salle de mairie est mise à disposition pour les répétitions et les réunions.

En 1888, la chorale reçoit la somme de 100 F du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, à titre d’encouragement.

Son activité se manifeste par une fête annuelle et des soirées récréatives. Nous en citerons quelques-unes, ainsi que deux promenades, dont le compte-rendu nous montre l’immense plaisir procuré aux participants par de simples sorties. On ne craignait pas la marche à pied pour rejoindre Cruseilles lors d’une promenade à Thônes!

Pour les soirées récréatives, l’inspecteur primaire autorise l’utilisation d’une salle de l’école, sous réserve «de lavage à grande eau de la salle dès le lendemain».

Le dimanche 26 février 1905, la soirée a connu un vif succès. Chœurs, chants, monologues se sont succédé et ont été très applaudis. On termine la fête par une audition de «morceaux de phonographe» .

La même année, le 14 mai, a lieu la fête annuelle, avec concours de tir à la carabine ; de nombreux prix sont distribués. C’est vers 18 heures qu’a lieu un concert très apprécié de la chorale. La fête se poursuit par un bal animé par l’orchestre de la fanfare du Châble.

Promenade de la chorale en juin 1905

Dimanche 18 juin, la Société chorale de Beaumont faisait sa promenade annuelle, dont le but était les gorges du Fier et Thônes.

A 1 heure du matin, malgré un temps sombre et pluvieux, nos choristes se mettaient en route pour Cruseilles, d’où le grand breack de M. C. Brand devait les conduire à Chavanod.

Les nuages menaçants qui assombrissaient le ciel finirent par se dissiper, et c’est par un soleil radieux que nous descendîmes visiter les gorges. Le spectacle était merveilleux et impressionnant. Le torrent, considérablement grossi par les trombes de la veille, roulait abondamment une eau boueuse qui s’engouffrait en tourbillonnant dans cet étroit passage pratiqué dans le roc.

Ravis de notre excursion, nous rentrâmes à Annecy. Après avoir visité à la hâte la ville, les promenades, le quai, admiré le lac et le splendide panorama des montagnes qui l’entourent, nous prîmes, à 10 h 40, le tramway qui devait nous conduire à Thônes. Nous arrivâmes au milieu d’une ville en fête: l’amicale des Douanes y célébrait son 25e anniversaire. Mais, pressés par un appétit qu’avaient suffisamment aiguisé la marche, la promenade et l’air vif du matin, nous abandonnâmes bien vite les réjouissances pour aller savourer et faire honneur au menu succulent et varié du repas copieux que nous avait préparé M. I. Thévenet, de l’Hôtel du Commerce. Qu’il reçoive ici le témoignage de notre satisfaction et nos sincères remerciements.

Après avoir visité la coquette ville de Thônes, nous rentrâmes à Annecy à 7 heures du soir et de là à Cruseilles et, enfin, à Beaumont, à 2 heures du matin, où chacun fut heureux d’aller se reposer après une journée si bien remplie et si agréablement employée.

Un choriste


La chorale de Beaumont célébrait, dimanche dernier, sa fête annuelle

Les chanteurs avaient choisi comme but l’hospitalier chalet de la Thuile où un bon dîner les attendait, car pour être chanteur on n’en est pas moins homme. D’ailleurs à cette réjouissance l’art n’a rien perdu: des chœurs exécutés avant et après le repas – après aussi correctement qu’avant – ont montré aux nombreux visiteurs et pensionnaires que les voix montagnardes, outre la vigueur, connaissent aussi la nuance et l’ensemble.

L’assistance a été enchantée de cette aubaine musicale, peu ordinaire à l’altitude de la Thuile et c’est un des auditeurs, charmé de la rencontre, qui tient par ces lignes à adresser aux chanteurs un cordial merci.

Le Cultivateur Savoyard, 30 août 1906.

La chorale de 1912.


En 1910, 23 choristes suivent les répétitions qui ont lieu cinq mois par an, deux fois par semaine. Quelquefois, la chorale donnait un concert au Châble à l’occasion de la vogue. Par réciprocité, la fanfare du Châble participait à la fête annuelle de la chorale. Bien évidemment, toute activité a cessé pendant la Guerre de 1914-1918.

Comme auparavant, l’activité de la société va reprendre en 1921, mais elle supporte mal l’absence d’un local indépendant. Au cours de sa séance du 11 juin 1922, le conseil municipal reconnaît la nécessité d’une salle de réunions et conférences publiques au chef-lieu. La possibilité de la construire à la place d’un des préaux de l’école est envisagée.

Des années s’écouleront avant qu’un projet prenne corps. Entre temps, la Société chorale, de même que les habitants de la section de Beaumont, réclament, parfois avec insistance, une salle. Elle devra attendre 1934 avant d’obtenir un local adéquat, alors que la commune construit la salle des fêtes de Beaumont.

Le 9 juin 1935 a eu lieu une fête champêtre très réussie. La fanfare du Châble a donné un concert très applaudi l’après-midi. Le soir, un bal très animé a clôturé la fête.

Hélas, la Deuxième Guerre mondiale sonnera le glas de l’Union chorale de Beaumont.

Nous terminerons en citant les noms de présidents et directeurs connus.


Le dimanche de la vogue, tant à Beaumont qu’au Châble, était l’occasion d’inviter dans la plupart des familles les proches parents. A Beaumont, ce jour-là, on confectionnait des rissoles aux poires appelées «blossons». On nous rapporte que, dans quelques-unes de ces délicieuses pâtisseries, les poires étaient remplacées par... du coton hydrophile! On riait quand un convive extirpait de sa dentition les brins d’ouate!

Beaumont : Haute-Savoie : 1814-1940

Подняться наверх